Lors de leur saison inaugurale, les Golden Knights de Las Vegas, une équipe de « marginaux » provenant des 30 autres équipes de la Ligue nationale de hockey (LNH), ont atteint la finale de la Coupe Stanley. L’une des raisons de leur succès est qu’ils n’ont pas désigné de capitaines traditionnels sur la glace. Au lieu de cela, la philosophie de l’équipe était qu’il y avait 23 capitaines. Selon l’attaquant des Golden Knights Reilly Smith (cité par le Washington Post) :
« Nous avions besoin de 23 leaders différents pour pouvoir nous rassembler et bâtir une équipe; il a fallu tout le monde pour gagner. »
Les avantages d’un solide leadership d’athlètes devraient susciter un grand intérêt de la part des entraîneurs, des athlètes et des équipes. Ces avantages font du développement du leadership pour tous les membres de l’équipe un élément sur lequel il vaut la peine de consacrer des efforts. En lisant cet article de blogue, les entraîneurs seront en mesure d’établir et d’appliquer de nombreuses façons dont les athlètes peuvent remplir un rôle de leader ainsi qu’une structure de leadership partagée. Et en fin de compte, ils pourront tirer profit des avantages du leadership des athlètes dans le fonctionnement et la réussite de l’équipe.
Leadership partagé entre athlètes
Les entraîneurs principaux sont depuis longtemps reconnus comme le fondement du leadership dans les équipes sportives. Cependant, les athlètes peuvent, et doivent, occuper des rôles de leadership pour soutenir le fonctionnement d’un groupe et obtenir le succès de l’équipe (Duguay et coll., 2016). Les athlètes eux-mêmes ont exprimé que plus de 85 % de leurs coéquipiers devraient afficher un certain type de rôle de leadership, que ces rôles soient reconnus de manière formelle ou informelle (Duguay et coll., 2016). Des études ont montré que l’amélioration du nombre et de l’efficacité du leadership athlétique dans une équipe sportive améliore la motivation, la communication, la cohésion, la clarté des rôles, la satisfaction et, en fin de compte, la performance de l’équipe (Fransen et coll., 2015; Price et Weiss, 2013). Comme les Golden Knights l’ont illustré, un moyen efficace d’accroître la dynamique et la réussite de l’équipe consiste à structurer un leadership partagé entre les coéquipiers, au lieu de désigner des chefs d’équipe officiels (Leo et coll., 2019).
Les Golden Knights ne sont pas les seuls à établir un modèle de leadership partagé et à en récolter les fruits. Au cours de la saison 2018 à 2019, les Canucks de Vancouver ont nommé 4 capitaines suppléants au lieu d’un capitaine unique (Sportsnet, 2018). Bo Horvat, Chris Tanev, Alexander Edler et Brandon Sutter ont partagé la responsabilité du leadership de l’équipe, et l’entraîneur-chef Travis Green a fait savoir que la culture et l’identité des Canucks étaient centrées sur ce modèle de leadership collectif (Sportsnet, 2018). Ce changement de structure de leadership a entraîné des progrès importants pour l’équipe, qui a non seulement décroché une place en séries éliminatoires, mais a également obtenu son plus haut total de points depuis 2015 (Trettenero, 2019). Il semble que ces avantages décrits ne sont pas des anomalies, et que l’amélioration et le partage du leadership athlétique entre les membres peuvent être la clé pour débloquer le succès de l’équipe.
Alors, qui sont ces athlètes leaders?
Duguay et coll. (2016) ont défini le leadership des athlètes comme « un athlète occupant un rôle de leader formel ou informel au sein d’une équipe qui influence un groupe de membres de l’équipe pour atteindre un objectif commun. » En ce sens, les leaders formels reçoivent le rôle qui leur est attribué de la part de l’entraîneur ou comme un résultat de la sélection de l’équipe. En revanche, les leaders informels émergent en fonction de leurs interactions et de leurs comportements avec leurs coéquipiers (Duguay et coll., 2016).
Les athlètes leaders assument différents rôles au sein d’une équipe (Fransen et coll., 2015) :
- Les leaders orientés vers les tâches : Fournissent des conseils stratégiques et prennent des décisions pour aider l’équipe à atteindre des buts objectifs (par exemple, les athlètes qui peuvent identifier un jeu pertinent dans une situation de jeu et rallier leurs coéquipiers pour exécuter le plan).
- Les leaders motivés : Encouragent leurs coéquipiers à donner le meilleur d’eux-mêmes et à s’investir pleinement pendant les matchs et les entraînements (par exemple, un athlète qui est le premier à féliciter ou à reconnaître les succès et les progrès de ses coéquipiers).
- Les leaders sociaux : Promouvoir et développer les relations et désamorcer les conflits entre coéquipiers en dehors des périodes d’entraînement ou de match (par exemple, un athlète qui entretient de bonnes relations avec tous ses coéquipiers et qui rassemble l’équipe).
- Les leaders externes : Prendre la tête de la communication avec les sources extérieures telles que la direction, les commanditaires et les médias (par exemple, les athlètes en qui les coéquipiers ont confiance pour assurer la liaison avec les entraîneurs et les arbitres).
La diversité des rôles que les athlètes assument permet à de nombreux joueurs d’assumer un rôle de leader à un titre ou à un autre (Fransen et coll., 2015). De plus, plus il y a d’athlètes qui assument des rôles de leadership, qu’il s’agisse de rôles axés sur les tâches, la motivation, le social ou l’extérieur, plus la charge de leadership est répartie et plus l’équipe en bénéficie. Plus précisément, le fait qu’un plus grand nombre d’athlètes jouent un rôle de leader améliore l’identification et la confiance du groupe, et permet d’obtenir une cohésion à la fois orientée vers la tâche et les éléments sociaux. Ensemble, ces améliorations contribuent au fonctionnement, à la performance et au succès de l’équipe. Il est donc essentiel que la direction de l’équipe et les entraîneurs s’efforcent d’instaurer une culture de leaders multiples au sein de l’équipe. La promotion d’une structure de leadership partagé au sein du groupe est plus qu’essentielle, elle est cruciale pour la réussite organisationnelle (Leo et coll., 2019).
Créer une équipe de leaders, et non un leader d’équipe
Comprenant les nombreuses façons dont les athlètes peuvent être des leaders dans une équipe, Leo et coll. (2019) ont décrit une structure de « leadership partagé » dans laquelle il y a plusieurs leaders au sein d’une équipe. Cette structure permet de répartir les postes de leader entre les joueurs en fonction de leurs comportements et de leur alignement sur les rôles de leader. Lorsqu’il s’agit d’établir une structure de leadership partagé, il a été suggéré que le fait d’avoir 3 leaders orientés vers les tâches, 2 leaders axés sur les éléments sociaux, 2 leaders axés sur les éléments externes et plusieurs leaders de motivation était idéal pour améliorer l’efficacité de l’équipe (Leo et coll., 2019).
L’augmentation du nombre d’athlètes désignés à des rôles de leadership permet aux autres athlètes de bénéficier d’une plus grande variété de connaissances et d’expertise, de personnalités avec lesquelles se lier, et de prendre des décisions plus équilibrées et représentatives. Le fait qu’un plus grand nombre de personnes remplissent des rôles de leadership favorise une plus grande cohésion sociale et axée sur les tâches entre les membres de l’équipe. Cela se produit parce que les athlètes sont plus susceptibles de se lier à leurs représentants leaders, créant ainsi une boucle de rétroaction gagnante qui se traduit par une équipe plus performante (Leo et coll., 2019).
Sur la base de cette recherche, les recommandations pratiques pour les entraîneurs afin de donner la priorité à un modèle de leadership partagé sont les suivantes :
- Soyez conscients des nombreuses façons dont les athlètes peuvent diriger au sein d’une équipe et des rôles qu’ils impliquent (leaders axés sur les tâches, les éléments sociaux, les facteurs externes, la motivation).
- Pour favoriser de nombreux leaders au sein d’une équipe, concentrez-vous sur les efforts de développement du leadership pour un plus grand nombre d’athlètes, par exemple des ateliers de leadership sportif à l’échelle de l’équipe (Duguay et coll., 2016).
- Invoquez une structure de leadership partagé, avec des leaders désignés axés sur les tâches, les éléments sociaux, les facteurs externes, la motivation (Leo et coll., 2019).
- Donnez aux athlètes des occasions de prendre des décisions de leadership, par exemple en demandant aux athlètes de proposer des exercices et des pratiques ou de planifier des réunions d’équipe (Gould et Voelker, 2010).
Nous sommes tous dans le même bateau
Les entraîneurs sont sans aucun doute eux-mêmes des leaders et agissent comme des modèles et des mentors pour leurs athlètes. Cependant, les entraîneurs peuvent, et doivent, donner à leurs athlètes les moyens et l’autonomie nécessaires pour qu’ils deviennent également des leaders. Lors de l’examen des meilleures pratiques d’entraînement, une erreur identifiée par de nombreux entraîneurs était de ne pas laisser à leur capitaine ou aux chefs d’équipe suffisamment d’occasions de faciliter le leadership des athlètes, ce qui se traduit par des chances de réussite manquées (Gould et Voelker, 2010).
Considérez donc ceci : au début de la saison 2017-2018 de la LNH, les Golden « Misfits » de Vegas avaient une cote de 500 contre 1 pour gagner la Coupe Stanley. Et pourtant, les Golden Knights sont devenus la première franchise de l’histoire de la NHL à balayer une série d’après-saison dès sa première saison et à se rendre en finale de la Coupe Stanley (Kaplan, 2018). L’un des facteurs essentiels de différenciation concurrentielle qui a contribué au succès de cette équipe nouvellement formée pourrait être le leadership partagé et leur « état d’esprit de 23 leaders ». Compte tenu de ce qui précède, les entraîneurs devraient avoir à l’esprit de mettre en place une structure de leadership partagé et de soutenir les leaders formels et informels orientés vers les tâches, la motivation, la société et l’extérieur au sein de leur équipe. Ce faisant, ils optimiseront le fonctionnement de l’équipe et amélioreront la réussite au cours de la saison (Leo et coll., 2019). Comme Reilly Smith l’a déclaré avec justesse, pour gagner, il faut la participation de tous!