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Difficile, de nos jours, de visiter une grande ville canadienne sans y apercevoir une publicité de paris sportifs. Vous avez peut-être noté une tendance similaire à la télé : des athlètes ou des célébrités nous disent non seulement quelle plateforme utiliser, mais aussi avec quelle facilité on peut maintenant parier sur des matchs de sports et de ligues de toutes sortes. Vous trouvez que leur apparition s’est faite du jour au lendemain? C’est pratiquement le cas!

Le projet de loi C-218 – Loi modifiant le Code criminel (paris sportifs) a été adopté il y a moins de deux ans, permettant ainsi aux gouvernements provinciaux et territoriaux d’encadrer les paris sur un seul événement sportif, de protéger les consommateurs et d’exploiter le potentiel économique de ce secteur.

Les sociétés de paris n’ont pas tardé à apparaître, au grand bonheur de la population canadienne, à en croire les statistiques. Selon Jeux en ligne Ontario, les paris ont totalisé 13,9 milliards de dollars au T4 de 2022 et 35,5 milliards de dollars pour l’année, et les recettes, 1,4 milliard de dollars (les montants combinent paris sportifs et jeux de casino). Pour ces mêmes périodes, on a recensé respectivement 1,01 et 1,65 million de comptes de joueurs actifs. À titre de comparaison, la population ontarienne frise les 15 millions.

Les sociétés de paris et les plateformes de jeux en ligne ont de quoi se réjouir : plus d’un million d’Ontariens effectuent des paris, et les recettes sont élevées. Mais cette hausse signifie également un risque accru de manipulation de compétitions et autres atteintes à l’intégrité du sport. Plusieurs services d’intégrité du sport surveillent les paris en ligne pour détecter les anomalies et les « matchs suspects ». Pourquoi est-ce important? Et bien, un match « suspect » signifie qu’il y a irrégularité dans les paris et donc un potentiel de manipulation du match ou de l’un de ses éléments. Autrement dit, une personne impliquée dans le match (ou la course, ou l’épreuve) a contrevenu aux règles du jeu pour en influer l’issue. Il pourrait s’agir d’un athlète, d’un membre du personnel d’encadrement ou d’un arbitre. 

En 2022, le service d’intégrité Sportradar a observé une explosion du nombre de matchs suspects. Selon son rapport annuel Betting Corruption and Match-Fixing in 2022 (La corruption liée aux paris sportifs et le trucage de matchs en 2022), basé sur les données colligées par son système de détection des fraudes, le nombre de matchs suspects a bondi de 34 % entre 2021 et 2022. En tout, 1 212 matchs suspects ont été détectés dans 12 sports, à travers 92 pays et 5 continents.

Au pays

Si la majorité des matchs suspects ont été détectés en Europe, en Asie et en Amérique du Sud, le Canada n’est pas à l’abri des manipulations de compétitions. Ici aussi, les signaux d’alarme sont bien présents.

Une enquête de 2016 a révélé que plus de 40 % des matchs de la Ligue canadienne de soccer (LCS) avaient été manipulés. Dans un contexte où les joueurs semi-professionnels reçoivent une rémunération symbolique en à-côté de leur emploi régulier, un stratagème a été mis en place pour manipuler les résultats de matchs diffusés en Asie, où foisonnent les marchés de paris non réglementés.

Selon INTERPOL, plus de 100 millions de dollars ont été pariés sur les matchs de la LCS sur une période de 3 ans, et aucune équipe n’y a échappé. Depuis, Canada Soccer (anciennement l’Association canadienne de soccer) a coupé les liens avec la LCS.

Aucune ligue, aucun match et aucune compétition n’est trop négligeable pour un truqueur : au contraire, les compétitions de petite envergure, où les salaires n’ont rien de mirobolant, sont les plus susceptibles d’être manipulées.

Projet pilote et modèle de politique sur la manipulation de compétitions

Considérant l’évolution globale de la situation (nouvelle loi, milliards en recettes, signalement de matchs suspects), le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES) considère que la manipulation de compétitions constitue une menace tangible à l’intégrité du sport et à la sécurité des athlètes. Qui plus est, si les partisans commencent à douter de la validité des résultats des matchs, leur flamme s’éteindra progressivement. Un athlète qui accepte des cadeaux et des faveurs en échange d’une défaite volontaire ou d’informations sur son équipe risque sa propre sécurité, et la rétribution promise par le truqueur si les choses ne se déroulent pas comme prévu. Aucune des deux issues n’est à l’avantage des athlètes ou du sport en général.  

En réponse à une autre menace planant sur l’intégrité du sport, le CCES administre le Programme canadien antidopage (PCA), un programme national visant à détecter et dissuader le dopage en intégrant les pratiques exemplaires internationales, notamment un vaste programme de sensibilisation. Sur la base de ce modèle, le CCES a réalisé avec le Comité olympique canadien (COC) un projet pilote de lutte contre la manipulation de compétitions visant à fournir un modèle de politique aux organismes nationaux de sport (ONS). Jusqu’ici, cinq ONS ont adopté leur propre version de la politique, qui reflète le Code du Mouvement olympique sur la prévention des manipulations des compétitions (Code du CIO).

En appui à la politique, le CCES a lancé un cours en ligne intitulé Comprendre la manipulation de compétitions, qui porte sur les notions élémentaires (qui participe, quels sont les enjeux, comment savoir si on vous fait participer à un stratagème). Le cours s’adresse à tout le monde : il a été effectué plus de 20 000 fois!

Faire un signalement

Sans méthode de signalement ou de mise en application, ce type de politique n’aura que peu d’effet : tout organisme participant au projet pilote doit posséder un mécanisme pour que les athlètes et les membres puissent signaler les manipulations. Dans cet esprit, la Ligne d’intégrité du CCES a été lancée au début de l’année 2023 pour offrir aux ONS participant au projet pilote un moyen sûr et confidentiel de signaler les cas de dopage et de manipulation. Celui-ci est géré par le service des renseignements du CCES, qui peut utiliser les signalements comme point de départ lorsqu’une enquête s’avère nécessaire.

Malgré son caractère récent, la Ligne d’intégrité (auparavant Signalez le dopage) est un outil éprouvé en matière de lutte contre le dopage. Pour l’exercice 2022, 91 renseignements ont été reçus, dont 5 ont révélé des violations des règles antidopage. Certains renseignements reçus visent également la manipulation de compétitions.

Et maintenant?

D’un point de vue international, le Canada est en mode rattrapage. Le CCES s’attache à explorer de nouvelles approches et à faire siennes les pratiques exemplaires des organismes gouvernementaux, des fédérations sportives internationales et des experts de l’intégrité du sport, qui luttent activement contre la manipulation de compétitions.

Ces organisations seront représentées en grand nombre, de même que d’autres organismes, au Symposium sur la manipulation de compétitions et les paris sportifs 2023 à Toronto les 30 et 31 mai. L’événement coprésenté par le CCES et McLaren Global Sport Solutions, en collaboration avec le COC, vise à explorer des avenues communes qui protégeront le monde du sport et profiteront au secteur du jeu, ainsi qu’à élaborer un cadre pour l’ensemble des organismes nationaux et multisports.

Suivez @EthicsinSport pour plus d’informations.


A propos de(s) l'auteur(s)

Megan Cumming est gestionnaire des communications d’entreprise au Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES). Elle a occupé de nombreuses fonctions au sein du CCES et se passionne pour le sport amateur, de la base au sport de haut niveau.


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