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A disabled female Canadian Para athlete after a 400M race.

Les Jeux paralympiques d’été de Tokyo 2020 sont terminés, et les Jeux paralympiques d’hiver de 2022 de Pékin et les Jeux du Commonwealth de Birmingham ne sont plus très loin. Un total de 128 athlètes paralympiques canadiens ont participé aux Jeux de Tokyo, rapportant 21 médailles. L’équipe canadienne s’est jointe à 4 275 athlètes de haute performance de 62 pays pour 12 jours de compétition dans 22 sports paralympiques.

Malgré le défi sans précédent que représentait l’organisation de ces Jeux pendant la pandémie mondiale, les Jeux paralympiques de Tokyo ont été identifiés comme un succès. Cependant, de nombreux athlètes paralympiques ont connu l’incertitude quant à leur participation aux Jeux. Comme si ces Jeux n’avaient pas été assez controversés, certains athlètes paralympiques n’étaient pas encore classés lorsqu’ils ont pris leur vol pour Tokyo.

La classification est obligatoire pour qu’un athlète puisse participer à une compétition de para-sport. La classification oriente la préparation et le développement de l’athlète et a une grande incidence sur le succès en compétition. Elle détermine quels athlètes sont éligibles pour concourir dans un sport et comment les athlètes sont regroupés pour la compétition.

Ce billet de blogue décrit le processus de classification et explique comment la pandémie de la COVID-19 a perturbé la classification pour les compétitions de para-sport. Il aborde également la manière dont la pandémie a exposé et aggravé les contraintes existantes dans le processus de classification, limitant ainsi l’accès équitable à la classification et aux compétitions para-sportives. Enfin, il met en évidence les possibilités de faire le processus de classification différemment, pendant la pandémie et post-pandémie, avec la promesse d’améliorer l’accès à la classification et de renforcer la participation au para-sport dans le monde entier.

La classification : porte à confusion, coûteuse, mais essentielle

Josh Karanja compete in the Men's 1500m - T11 Heat at the Olympic Stadium during the Rio 2016 Paralympic GamesLa classification est un système d’évaluation des athlètes utilisé pour minimiser les effets de diverses déficiences sur la performance sportive et les résultats de la compétition (Tweedy et Vanlandewijck, 2011). Elle vise à uniformiser les règles du jeu pour les athlètes de para-sport et à garantir que le succès sur le terrain de jeu résulte des compétences, de la condition physique, de l’habileté technique et de la préparation mentale de l’athlète.

Mentionnons que les athlètes sont classés non pas en fonction de leur handicap physique, mais en fonction de l’effet de ce handicap sur les performances sportives. La classification d’un athlète est spécifique à un sport, et elle détermine sa place dans ce sport et le type de compétition. Bien qu’ils soient mis en œuvre par chaque fédération sportive internationale (FI), tous les processus de classification des sports doivent être conformes au code de classification du Comité international paralympique (CIP) et être menés sous les auspices de celui-ci.

Le processus n’est pas toujours simple. Bien que les protocoles de classification varient selon les sports, un athlète doit actuellement se présenter physiquement devant une commission de classification. Cette commission est composée de classificateurs hautement qualifiés, spécialisés dans chaque sport, qui effectuent des tests physiques et techniques standardisés afin de déterminer la classification d’un athlète. Si le jury juge l’athlète admissible, il lui attribue une catégorie de classification alphanumérique propre au sport. Par exemple, en para-athlétisme, une classification T54 représente un athlète sur piste qui utilise un fauteuil roulant, qui a une fonction complète du tronc et des bras, avec une fonction des jambes modérément à fortement altérée ou qui a des jambes absentes. Les athlètes peuvent avoir besoin d’être reclassés à plusieurs reprises au cours de leur carrière.

Depuis 2014, le CIP n’autorise pas la classification des athlètes aux Jeux paralympiques ou à d’autres grands Jeux, y compris les Jeux du Commonwealth. La politique d’interdiction de classification pendant les Jeux du CIP garantit que tous les athlètes sont classés de manière appropriée avant la compétition, ce qui garantit la crédibilité de la compétition et le nombre de participants pour chaque épreuve. La classification avant la compétition permet d’éviter de dépenser les ressources nécessaires pour amener un athlète non classifié à la compétition, et la déception possible pour l’athlète et son entourage.

Cependant, à l’approche de Tokyo, la pandémie de la COVID-19 a entraîné l’annulation d’innombrables événements sportifs et la suspension des voyages internationaux, deux conditions nécessaires à la classification de nombreux athlètes. En réaction, le CIP a suspendu sa politique de longue date d’interdiction de classification pendant les Jeux et a autorisé les athlètes (dans 10 des 22 sports inscrits au programme des compétitions pour Tokyo) à être classés aux Jeux.

Classification pendant la pandémie de la COVID-19

Opening ceremony at the 2016 Paralympic Games in Rio.Les circonstances actuelles et l’avenir prévisible laissent présager un avenir sombre pour les voyages dans le monde. En fait, à l’approche de Tokyo 2020, un certain nombre de petites nations insulaires ont renoncé à participer aux Jeux en raison de préoccupations liées à la pandémie. Parmi ces inquiétudes, citons le risque de dépenser des ressources déjà limitées pour envoyer aux Jeux des para-athlètes qui ne sont pas encore classés, sans garantie que ces athlètes obtiendront la classification nécessaire pour participer.

Les administrateurs sportifs du monde entier se demandent comment organiser des événements locaux, régionaux et nationaux. Ces événements ont historiquement été des lieux de formation des classificateurs sportifs et de classification des athlètes. Dans les cercles du para-sport, il y a beaucoup de discussions et des préoccupations valables sur le fait que l’accès à la classification sera très limité dans un avenir immédiat. Cette réalité aura le plus d’incidence sur les athlètes qui ne se sont pas qualifiés pour Tokyo, qui concourent dans des sports autres que ceux qui figurent au programme de Tokyo (comme le boulingrin et le basketball en fauteuil roulant à 3 contre 3), et les athlètes des pays en développement.

Si les athlètes n’ont pas été classés à Tokyo, alors où et comment peuvent-ils le faire? Deux événements sportifs de grande envergure pour les athlètes paracyclistes auront lieu en 2022 : les Jeux paralympiques d’hiver de Pékin et les XXIIe Jeux du Commonwealth.

La pandémie mondiale a obligé le monde sportif à réfléchir de manière critique, intelligente et créative. En réponse au défi historique de la classification des athlètes et à l’état actuel de l’accès inéquitable à la classification, il est temps d’envisager comment faire la classification différemment.

Faire la classification différemment?

En 2020, la Western University s’est associée à la Fédération des Jeux du Commonwealth (FJC) pour un projet de recherche en cours dans la région des Caraïbes et des Amériques du Commonwealth. Son objectif est d’identifier les facteurs qui favorisent l’inclusion dans le para-sport et de développer un parcours de haute performance pour les para-athlètes dans la région. Les résultats préliminaires montrent que l’accès à la classification des athlètes limite actuellement à la fois la participation au para-sport et à un parcours de haute performance durable.

Étant donné l’incertitude des voyages internationaux et des événements sportifs à venir, l’accès à la classification des athlètes entrave plus que jamais la participation au para-sport. À cette fin, la Western University a lancé un projet pilote pour examiner les moyens de faire la classification différemment : de manière rigoureuse, efficace et accessible.

Le projet, qui n’en est encore qu’à ses débuts, implique des collaborations avec des classificateurs techniques et médicaux internationaux afin de développer et d’évaluer des cadres hybrides de classification, y compris des éléments de classification virtuelle. L’objectif est d’envisager des approches nécessitant moins de ressources et créant des niveaux plus élevés d’inclusion et d’accessibilité à la participation au para-sport.

Le projet pilote se concentre actuellement sur des processus alternatifs pour classer provisoirement les athlètes dans les 8 para-sports qui figurent au programme des Jeux du Commonwealth de Birmingham 2022. Des essais de classification virtuelle des athlètes sont en cours pour le tennis de table, le boulingrin et le cyclisme. Si l’athlète est admissible, les classificateurs internationaux spécifiques à chaque sport lui attribueront une classification provisoire. À la première occasion, une confirmation en personne de la classification provisoire sera effectuée. 

Classification et dépendance des ressources

La classification provisoire en tant que processus alternatif n’est pas nouvelle. Les recherches suggèrent qu’un certain nombre de sports ont utilisé une classification provisoire ponctuelle, sans processus formalisé et sans évaluation empirique rigoureuse. En raison de la pandémie, de nombreux para-athlètes ont besoin d’une classification ou de la confirmation d’une classification existante. Ce projet offre une occasion importante de considérer et d’évaluer comment le processus par lequel un athlète obtient une classification pourrait être fait différemment.

Pour que le para-sport puisse réaliser la vision du CIP, c’est-à-dire créer un monde inclusif grâce au para-sport, les parties prenantes doivent adopter des processus plus équitables et inclusifs en matière de classification, pour la communauté mondiale du para-sport. Accéder à la classification de manière créative et différente est prometteur pour stimuler la participation au para-sport et soutenir le développement de la haute performance dans les pays grands et petits, en développement et développés, et pour améliorer l’équité dans le mouvement du para-sport.


A propos de(s) l'auteur(s)

Nancy Quinn, Ph.D., est une physiothérapeute sportive internationale agréée qui possède de nombreuses années d’expérience dans le sport de haut niveau et qui a participé à six Jeux paralympiques. Mme Quinn est titulaire d’un doctorat de la Western University et travaille comme chercheuse postdoctorale. Ses recherches portent sur l’intersection entre le handicap et le sport, où l’inclusion authentique et le changement social sont possibles. Elle est également membre du comité consultatif du Calgary Adapted Hub.

Laura Misener, Ph.D., est la directrice de l’école de kinésiologie de la Western University. Ses recherches mettent l’accent sur une approche participative, en travaillant en étroite collaboration avec les collectivités locales et les organismes de sport pour obtenir des changements sociaux positifs. Elle a siégé au sous-comité de l’incidence sociale du Comité scientifique du CIP, et elle est membre consultatif de l’Ontario Parasport Collective et membre du Réseau de recherche para du Comité paralympique canadien.

Ayham Yasein, B.Sc., est un récent diplômé en sciences de la santé de la Western University et un assistant de recherche sur un projet de recherche plus large intitulé « Faire progresser le mouvement du para-sport (Caraïbes et Amériques) ». Ses propres intérêts de recherche comprennent la relation entre les déterminants sociaux de la santé et la participation au para-sport dans la région des Caraïbes et dans d’autres pays en développement.

Dennis Osei-Nimo Annor, M.A., est un journaliste sportif avec 8 ans d’expérience de travail et de couverture d’événements sportifs majeurs à travers l’Afrique. Les intérêts de recherche de M. Osei-Nimo Annor comprennent les para-sports et les questions éthiques liées aux sports. Il est titulaire d’une maîtrise en éthique et intégrité du sport de l’Université de Swansea, au Royaume-Uni. Actuellement, M. Osei-Nimo Annor poursuit un doctorat à la Western University en se concentrant sur le développement du para-sport au Ghana.

Références

Dichter, M. (2021, September 4). Canadian resilience was on full display at Tokyo Paralympics. Tiré de https://www.cbc.ca/sports/paralympics/tokyo-paralympics-day-12-wrap-1.6165270

International Paralympic Committee (n.d.). Classification. Tiré de https://www.paralympic.org/classification

Tweedy, S. M. et Vanlandewijck, Y. C. (2011). International Paralympic Committee position

stand—background and scientific principles of classification in Paralympic sport. British Journal of Sports Medicine, 45(4), 259 à 269.

Lecture supplémentaire(s)

Birmingham 2022 (2021). Competition schedule. Tiré de https://www.birmingham2022.com/the-games/schedule

Field, S. (2018). The Future of Classification. Madrid 2019 Membership Gathering

Howe, P. D. et Jones, C. (2006) ‘Classification of Disabled Athletes: (Dis) empowering the Paralympic Practice Community. Sociology of Sport Journal. Vol. 23. 29 à 46.

Palmer, D. (2021, April 1). IPC to allow classification at Tokyo 2020 after placing rule on hold. Tiré de https://www.insidethegames.biz/articles/1106113/ipc-classification-policy-suspended.

International Paralympic Committee (2021, March 31). IPC to explore classification opportunities for 10 sports at Tokyo 2020. Tiré de  https://www.paralympic.org/news/ipc-explore-classification-opportunities-10-sports-tokyo-2020.

Schmid, K., Vézina, S. et Ebbeson, L. (2008). Disability in the Caribbean: A study of four countries; a socio-demographic analysis of the disabled. ECLAC.

Vezina, S. et Ebbeson, L. (2008). Disability in the Caribbean: A study of four countries; a socio-demographic analysis of the disabled. ECLAC. World Health Organization. (2011). World report on disability 2011. World Health Organization


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