De lutteuse à entraîneuse : Le parcours de Taylor McPherson vers son objectif de vie et la fierté autochtone 

Lorsque Taylor McPherson est montée pour la première fois sur un tapis de lutte en 7e année, elle ne rêvait ni de titres nationaux, ni de tournois internationaux, ni d’accolades en tant qu’entraîneuse. Elle répondait simplement à l’appel de son professeur de 5e année, M. Watts — un homme bâti comme un lutteur, dont les murs de classe étaient tapissés d’affiches de la WWE — et qui avait vu en elle un potentiel. 

« Il m’a regardée et m’a dit : “Taylor, quand tu seras rendue en 7e année, joins-toi à l’équipe de lutte. Je te promets que tu vas adorer ça. Tu es faite pour ça. Tu as du chien” », se souvient Mme McPherson en souriant. « Dès que j’ai mis le pied sur le tapis, je ne voulais plus en descendre. » 

Cette étincelle d’encouragement allait allumer une passion pour la vie.

Aujourd’hui, Mme McPherson est entraîneuse en chef de l’équipe féminine de lutte de l’Alberta en vue des Jeux d’été du Canada de 2025, ardente défenseure de l’inclusion des Autochtones dans le sport à titre de membre du Indigenous Sport Council of Alberta, et véritable modèle de leadership fondé sur le cœur et la détermination. Bien que le public la connaisse aussi comme la moitié de l’équipe gagnante de l’émission The Amazing Race Canada, c’est son rôle d’entraîneuse et de mentore qui définit ce qu’elle cherche à bâtir. 

De la lutteuse à l’entraîneuse : Un changement d’objectif 

Le parcours sportif de Mme McPherson est impressionnant : deux participations aux championnats du monde U23 pour Équipe Canada, plusieurs titres nationaux et de conférence, et une carrière universitaire brillante à l’Université de l’Alberta sous la direction de l’entraîneur Owen Dawkins. Mais malgré cette ascension, un changement s’est amorcé. 

Ce tournant a pris forme lorsqu’elle a été sélectionnée pour le Programme d’apprentis entraîneurs autochtones (PAEA) lors des Jeux du Canada de 2022 à Niagara. Toujours active comme athlète à l’époque, Mme McPherson souhaitait redonner à la lutte, mais ignorait comment s’y prendre. L’entraînement lui a offert une nouvelle voie. 

« L’entraîneur Dawkins m’a parlé d’un programme de mentorat pour entraîneurs mis en place par le Cercle sportif autochtone », raconte-t-elle. « C’est là que j’ai compris que je pouvais canaliser tout ce que j’aimais de la lutte dans quelque chose de porteur, comme l’entraînement. » 

Le PAEA est une initiative nationale réunissant le Cercle sportif autochtone, les organisations d’entraîneurs du pays et le Conseil des Jeux du Canada, qui vise à appuyer le développement des entraîneurs autochtones. Chaque province et territoire envoie deux apprentis entraîneurs issus des Premières Nations, des Métis ou des Inuits aux Jeux du Canada, leur offrant ainsi une expérience terrain et un précieux mentorat. 

Mme McPherson a été choisie comme l’une des apprenties entraîneuses représentant l’Alberta. Son expérience comme entraîneuse-adjointe aux Jeux de Niagara en 2022 lui a ouvert les yeux sur ce que pourrait devenir sa nouvelle vocation. 

Créer une communauté d’entraîneurs et d’athlètes 

En faisant la transition d’athlète à entraîneuse, Mme McPherson a développé une approche fondée sur les soins, la communauté et les liens culturels. Elle n’hésite pas à nommer les mentors qui ont soutenu son cheminement : M. Watts, l’entraîneur de club Cody Fairburn, qui l’a aidée à rester dans le sport lors d’une transition difficile au secondaire, et l’entraîneur Dawkins, qui continue de guider son développement. 

« On ne peut pas persévérer en lutte sans un solide système de soutien. Il faut quelqu’un dans notre coin », dit-elle. « Aujourd’hui, je peux être cette personne pour ces jeunes. » 

Mais Mme McPherson représente aussi quelque chose qu’elle n’avait jamais vu étant plus jeune : une femme autochtone visible dans un sport où elles sont peu nombreuses. « Je ne voyais pas de femmes autochtones dans la lutte quand j’étais jeune. On était presque invisibles », raconte-t-elle. 

Cette absence la motive. « La représentation, c’est crucial. Si tu n’as jamais vu quelqu’un comme toi réussir, c’est difficile de croire que tu peux y arriver. Alors j’essaie d’être visible, d’être présente, et de les voir aussi. » 

Se reconnecter à son identité grâce au sport 

Le cheminement de Mme McPherson comme entraîneuse est intimement lié à sa reconquête culturelle. En tant que femme mi’kmaq, elle n’a pas grandi en étant fortement exposée à son identité autochtone. 

« Ma mère en savait peu, alors on ne m’a pas transmis grand-chose non plus, explique-t-elle. Pour moi aussi, apprendre à rassembler ces deux facettes de mon identité dans le sport a été une grosse courbe d’apprentissage. » 

C’est au secondaire qu’un professeur d’arts l’a encouragée à explorer ses racines, sans jugement. Plus tard, à l’université, elle a étudié l’histoire autochtone et commencé à comprendre les forces systémiques qui ont marqué l’histoire de sa famille. 

« C’est là que j’ai compris qu’il fallait affirmer son identité, en être fier, et continuer à apprendre. Depuis, je reste proche de ma communauté. » 

Aujourd’hui, elle assiste à des pow-wow, participe à des cérémonies et a reçu un nom cri. 

« Toutes ces choses-là m’ont manqué pendant des années. Mais grâce au sport, tout s’est aligné. On peut être Autochtone, faire du sport, et intégrer son identité à toutes les facettes de sa pratique. Et ça, c’est vraiment beau. » 

Entraîner sous un autre angle 

Comme seule entraîneuse autochtone du club de lutte d’Edmonton, Mme McPherson est pleinement consciente de l’écart — mais aussi de l’opportunité — qui existe. La lutte ne compte pas un grand nombre d’Autochtones, et encore moins dans les rangs des entraîneurs. 

« Le coût de la certification est un énorme obstacle, affirme-t-elle. Si je n’avais pas participé au programme des apprentis entraîneurs autochtones, j’aurais dû payer des milliers de dollars de ma poche. Et on est bénévoles! Ce n’est tout simplement pas réaliste pour la majorité des gens. » 

Le programme a été sa porte d’entrée vers l’entraînement de haut niveau, et elle estime qu’il s’agit d’un outil essentiel pour promouvoir l’équité dans le sport. Mais ce n’est pas suffisant. Bien que le PAEA compense certains coûts et offre des occasions précieuses de mentorat, il ne rejoint qu’un nombre restreint d’entraîneurs chaque année. Selon elle, pour élargir la portée, l’investissement doit commencer dès la base — dans les communautés où les entraîneurs œuvrent directement auprès des jeunes. 

En vue des Jeux autochtones d’Amérique du Nord de 2027, elle envisage des ateliers, des camps itinérants et des programmes de formation pour favoriser le développement de la lutte et permettre à plus de membres des communautés d’accéder à des rôles d’entraîneurs. 

L’autonomisation plutôt que la domination 

Pour Mme McPherson, l’entraînement est une affaire de relations humaines. Elle mise sur la confiance avant les tactiques, sur l’implication active plutôt que le contrôle. Son approche rejoint celle décrite par Gurgis et coll. (2022), qui ont étudié les méthodes d’entraînement utilisées par des entraîneurs mi’kmaw, soulignant l’importance de bâtir la confiance, de reconnaître l’athlète dans sa globalité, et d’aller au-delà des simples aspects techniques. 

« Je veux être une mentore accessible, présente sur le tapis, en train de rigoler et d’apprendre à connaître les jeunes », dit-elle. « Ce n’est pas une position de supériorité, mais de proximité. Quand ils se reconnaissent en moi, ils commencent à croire qu’eux aussi peuvent réussir. » 

Elle sait que les jeunes veulent gagner, mais pour elle, l’entraînement consiste d’abord à façonner une expérience marquante. 

« Je veux que ces jeunes repartent en se disant : “Wow, tu te souviens quand on est allés aux Jeux du Canada?” Et qu’ils en parlent encore dans 30 ans. » 

À la tête de l’équipe féminine de lutte de l’Alberta pour les Jeux d’été du Canada de 2025 à St. John’s, elle met en pratique tout ce qu’elle a appris. Mais elle voit dans cet événement bien plus qu’une compétition : une occasion de bâtir une communauté et de nourrir l’identité. 

« Je veux renforcer l’esprit d’équipe, encourager les jeunes femmes à persévérer dans le sport, et créer des liens qui vont durer, affirme-t-elle. Trop souvent, les athlètes atteignent un sommet jeune — Jeux du Canada, nationaux — puis disparaissent. Mon but, ce n’est pas de gagner à tout prix. C’est de vivre l’expérience. On ne sait jamais quand aura lieu notre dernier combat. Alors chaque moment compte. Pour moi, c’est une question de fierté provinciale, et de transformer un groupe d’athlètes en véritable équipe. » 

Elle investit dans des activités de cohésion, crée un espace sécuritaire où les athlètes peuvent partager leurs histoires, et mise sur la croissance personnelle plutôt que sur les médailles. « Je leur dis : votre objectif, c’est de ressortir grandis de cette expérience. Et si c’est le cas, vous avez déjà gagné. » 

Redéfinir la réussite et l’héritage 

Dans un milieu souvent obsédé par les classements, Mme McPherson redéfinit ce qu’est le succès. Elle croit au pouvoir du sport comme vecteur de réconciliation, de guérison et d’appartenance — surtout lorsque ceux qui le dirigent comprennent les réalités nuancées des communautés autochtones. Elle souligne les obstacles financiers, culturels, et le manque de représentation. Mais selon elle, « quand on est visibles et qu’on s’affirme, on change ce qui est possible ». 

Et c’est exactement ce qu’elle fait. Elle ouvre des chemins là où il n’y en avait pas, et forme des athlètes non seulement plus solides, mais aussi plus enracinés dans leur identité. 

« Être entraîneuse, être un modèle, c’est un rôle que je prends très au sérieux, dit-elle. Surtout pour les jeunes filles, et encore plus pour les filles autochtones. » 

Alors que Mme McPherson poursuit son travail de mentore et de leader, son objectif demeure clair : créer de l’espace, bâtir des compétences et laisser la porte grande ouverte pour les autres. Pour elle, entraîner ne consiste pas à bâtir un héritage personnel. C’est faire le travail, rester connectée à la communauté, et montrer à la prochaine génération ce qui est possible — dans le sport, et bien au-delà. 

About the Author(s) / A propos de(s) l'auteur(s)

Paula Baker, M.Sc., est la rédactrice en chef du SIRC. Dans ce rôle, elle sappuie sur ses 20 ans dexpérience en tant que journaliste et ancienne physiologiste de lexercice pour apporter à nos lecteurs la recherche et les connaissances en matière de sport, ainsi que des histoires dintérêt humain.   

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