Briser la glace : Relier la culture autochtone et le sport par le biais du hockey sonore 

En partenariat avec Hockey sonore Canada 

Le mois de juin marque le Mois national de l’histoire autochtone — une occasion de souligner la force, la résilience et les contributions des Premières Nations, des Inuits et des Métis. C’est aussi un moment propice pour réfléchir aux défis qui persistent, notamment dans le domaine du sport, où les jeunes autochtones, en particulier ceux en situation de handicap, continuent de faire face à des obstacles systémiques. Pourtant, au cœur de ces enjeux, émergent des récits inspirants. Comme ceux de Meghan Mahon et Cassandra Ruttle, deux athlètes autochtones qui mettent leur expérience au service des jeunes autochtones aveugles ou malvoyants, les encourageant à découvrir le hockey sonore et à s’y reconnaître. 

Du nord de l’Ontario aux équipes nationales 

Meghan Mahon, athlète métisse originaire du nord de l’Ontario, est une figure de proue de l’équipe canadienne féminine de goalball et une vétérante du hockey sonore. Sa passion pour le sport s’est éveillée très tôt, mais c’est plus récemment qu’elle a tissé un lien plus profond avec son identité métisse — notamment grâce à son rôle de mentore auprès d’athlètes plus jeunes, comme Cassandra Ruttle. 

« En grandissant, je n’étais pas aussi connectée ouvertement à ma culture métisse. On savait qu’on était Métis, mais comme on vivait dans le nord de l’Ontario, on suivait naturellement plusieurs modes de vie autochtones — comme vivre sur et avec la terre, explique Mme Mahon. En déménageant dans l’Ouest, j’ai voulu en apprendre davantage sur ma culture, et j’ai développé des liens avec d’autres femmes et jeunes impliqués dans le sport. Quand ma relation de mentore avec Cassandra a évolué, et qu’on a découvert qu’elle était elle aussi autochtone, ça a donné une autre dimension à notre lien. » 

Ce legs partagé et cette relation de mentorat sont devenus pour elles une source de force unique. 

« Il y a une différence d’âge entre nous, on partage une belle relation mentore-mentorée, on pratique les mêmes sports, et maintenant, il y a aussi cet aspect culturel, ajoute Mme Mahon. C’est une représentation forte du fait que peu importe le nombre d’obstacles ou de stéréotypes, une personne peut transformer tout ça en moteur d’émancipation. C’est puissant de se regarder mutuellement et de réaliser qu’on le fait pour nos générations. » 

L’histoire de Mme Ruttle : Trouver son identité grâce au sport 

À seulement 17 ans, Cassandra Ruttle se démarque déjà comme un talent prometteur en hockey sonore et en goalball. Membre des Seeing Ice Dogs de Calgary, elle impressionne autant par son énergie que par sa modestie. 

« Mon père est un survivant du Sixties Scoop », confie-t-elle. Une vérité lourde qui résonne encore aujourd’hui. Le Sixties Scoop fait référence à la vague d’adoptions massives d’enfants autochtones par des familles non autochtones entre les années 1950 et 1980, souvent sans le consentement des familles biologiques. Cette pratique, tout comme les pensionnats, s’inscrivait dans des politiques d’assimilation aujourd’hui reconnues comme profondément destructrices sur le plan culturel.⁽¹⁾ 

En raison de cette rupture, son père n’a jamais pu transmettre la culture des Premières Nations à sa fille. Mais cela a changé récemment. « Depuis deux ou trois ans, on commence à reconnecter. On participe à des événements autochtones, à des pow-wows, à des cérémonies de purification. » 

À travers le sport, Mme Ruttle ne gagne pas qu’un chandail : elle récupère une part de son identité. Elle souhaite que d’autres jeunes autochtones en situation de handicap sachent que le hockey sonore est une option accessible. Mais elle reconnaît aussi les freins. « Les organisations doivent comprendre ce que ça représente d’être à l’intersection entre la cécité ou la basse vision et la culture autochtone. Dans les communautés autochtones, la perte de vision est plus fréquente — à cause de facteurs de santé, d’obstacles ou du manque d’accès aux soins. Résultat : tout un pan de la population se voit exclu d’un sport que nous aimons tous. Alors, comment faire pour amener ce sport dans les communautés, et non l’inverse? Comment l’intégrer aux programmes déjà en place? » 

Mme Ruttle se définit comme une militante, sur la glace comme à l’extérieur. Elle a participé au tout premier camp d’été de développement de Hockey sonore Canada, il y a dix ans. « J’ai tout de suite été accrochée », se rappelle-t-elle. Après des années passées à jouer dans des ligues pour voyants, elle dit avoir enfin trouvé un véritable sentiment d’appartenance. 

Le sport comme vecteur de reconnexion et de réconciliation 

Le sport a longtemps été une arme à double tranchant dans les communautés autochtones. Les sports et les jeux ont toujours fait partie des communautés autochtones en tant que source de renforcement de la communauté et en tant que moyen de réaffirmer leurs liens avec la terre. Le sport a également une sombre histoire au Canada, où il a été utilisé comme outil d’assimilation. Par exemple, les pensionnats ont encouragé les élèves autochtones à participer à des activités ordinaires, telles que le hockey (référence ci-dessous).  Les structures et processus colonisateurs ont également normalisé le handicap en le considérant comme un déficit ou un problème à résoudre. Ces définitions du handicap ont été imposées aux peuples et aux communautés autochtones et ont marginalisé les perspectives autochtones (Ineese-Nash, 2015).  

Aujourd’hui encore, les jeunes autochtones en situation de handicap sont confrontés à des défis liés au coût, au transport et aux préjugés systémiques.⁽²⁾ 

Selon Mme Mahon, la réconciliation en sport doit aller bien au-delà des gestes symboliques et des reconnaissances territoriales. 

« Il y a deux choses importantes. D’abord, l’apprentissage intérieur : les organisations sportives doivent apprendre à créer des espaces culturellement sécuritaires. Ensuite, il y a la question de la portée géographique. Il ne faut pas appliquer un modèle universel. Il faut travailler avec les communautés, voir ce qui existe déjà. Être un soutien, pas un sauveur. » 

Ses propos s’inscrivent dans les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation, qui visent notamment un accès équitable au sport et aux loisirs pour les jeunes autochtones.  

Un avenir de représentation et de portée 

Mme Mahon se souvient encore de sa première participation au camp d’été de Hockey sonore Canada — un moment marquant de sa carrière. Aujourd’hui, elle rêve que d’autres jeunes autochtones en situation de handicap puissent vivre cette même expérience.  

« J’aimerais qu’on élargisse la représentation géographique. Qu’on sorte des grandes villes pour aller dans les régions rurales, qu’on encourage une diversité de participation. », dit-elle.  

Mme Ruttle renchérit. « Allons à leur rencontre. Ils ne peuvent pas toujours venir à nous. Organiser des essais dans les communautés, dans les réserves… Parfois, ils n’ont même jamais imaginé qu’ils pourraient faire un sport comme le hockey sonore. Donnons-leur cette opportunité. » 

Créer de l’espace, changer de système 

L’espace culturel autochtone peut être personnel ou collectif, enraciné dans des pratiques traditionnelles, des lieux physiques ou des communautés virtuelles. Il n’existe pas de solution universelle. C’est pourquoi les personnes autochtones en situation de handicap doivent être placées au cœur du processus de décision lorsqu’on veut éliminer les obstacles et créer des environnements sûrs. 

Hockey sonore Canada, qui célèbre les 10 ans de son camp d’été de développement, s’engage activement dans cette voie. Grâce à l’implication d’athlètes comme Mme Mahon et Mme Ruttle, l’organisation travaille de concert avec les communautés pour bâtir un sport plus inclusif. 

« Les camps de Hockey sonore Canada sont des environnements inclusifs et accessibles où les personnes aveugles ou malvoyantes peuvent être pleinement elles-mêmes, entourées de gens qui les comprennent », explique Luca DeMontis, directeur des programmes.  

« Nous voulons établir des liens durables avec les communautés autochtones partout au pays. C’est pourquoi nous comptons sur des ambassadrices comme Meghan et Cassandra. En écoutant, en apprenant et en collaborant, nous espérons sensibiliser les gens à ce sport, briser les barrières et faire en sorte que davantage de jeunes autochtones vivant avec une perte de vision puissent se voir représentés sur la glace. Tout le monde mérite d’avoir la chance de jouer — et nous sommes là pour faire en sorte que ce soit possible. » 

Pour entrer en contact avec Hockey sonore Canada, visitez le www.hockeysonorecanada.ca.

About the Author(s) / A propos de(s) l'auteur(s)

Paula Baker, M.Sc., est la rédactrice en chef du SIRC. Dans ce rôle, elle sappuie sur ses 20 ans dexpérience en tant que journaliste et ancienne physiologiste de lexercice pour apporter à nos lecteurs la recherche et les connaissances en matière de sport, ainsi que des histoires dintérêt humain.   

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