Concevoir des programmes riches de sens pour les jeunes Autochtones

Résumé du projet

Le principal objet de ce programme de recherche était d’aider à concevoir des programmes sportifs et récréatifs plus riches de sens et pertinents pour les jeunes Autochtones, par l’examen d’une série d’analyses multidisciplinaires et d’études de cas (surtout le programme Promotion de l’acquisition de compétences essentielles dans la jeunesse autochtone (PLAY) de Right To Play, Project George ainsi que Milo Pimatisiwin, de Moose Factory).

Études socioculturelles de la programmation des jeunes :

La plupart de ces études ont été inspirées par les travaux de spécialistes autochtones tels que Taiaiake Alfred, Leanne Simpson, Glen Coulthard et Jeff Corntassel, qui donnent des détails sur la théorie et la pratique de la résurgence autochtone. Étude n° 1 : Cette étude explore les expériences des jeunes dans le contexte du programme PLAY dans la Première Nation de la rivière Whitefish et la possibilité que ces expériences puissent favoriser l’habilitation cruciale des jeunes et la résurgence autochtone. Étude n° 2 : Cette étude présente des réflexions autoethnographiques sur le sport lié au développement, du point de vue d’un spécialiste/chercheur. Étude n° 3 : Cette étude examine le jeu autochtone la crosse, et pose des questions sur son potentiel comme outil utilisé pour décoloniser et pour habiliter de nouveau quelqu’un, lorsqu’il est compris dans le contexte du savoir autochtone. Étude n° 4 : Cette étude porte sur l’analyse du discours autocritique des spécialistes du programme PLAY, d’un point de vue postcolonial autochtone, et remet en question les façons de décoloniser des programmes. Études n° 5 et n° 6 : Au cours de ces études, on examine l’importance du lien avec le territoire dans les programmes destinés aux jeunes. L’Étude n° 7 avait pour objet de renforcer le recours aux méthodologies autochtones de recherche.

Études sur la psychologie du sport (développement positif des jeunes) :

Étude n° 8 : Cette étude permet de comprendre les expériences du jeune lors d’une activité sportive communautaire du programme PLAY. L’Étude n° 9 contient un examen des perceptions des mentors communautaires du programme. Quant à l’Étude n° 10,  elle comprend une évaluation axée sur l’utilisation et fondée sur les perceptions relatives aux réussites et aux difficultés de l’équipe PLAY.

Étude sur la gestion sportive :

Étude n° 11 : Dans cette étude, nous voyons comment un partenariat formé d’une collectivité et d’un organisme externe tente de se servir d’un programme de hockey sur glace pour produire des résultats durables en matière de développement communautaire.

Méthodes de recherche

Toutes les études reposent sur une conception qualitative; les auteurs ont puisé dans les nouvelles valeurs de réciprocité et de participation des méthodologies autochtones, et ce, dans le cadre de partenariats officiels avec les collectivités ou l’organisme, puis à l’aide de principes déontologiques officiels formulés par notre comité consultatif sur la recherche autochtone, qui a été créé spécifiquement pour ce projet. La plupart des études ont été réalisées à partir d’entrevues semi-structurées et approfondies, ainsi que par l’observation de participants dans une grande variété d’événements communautaires ou sportifs en lien avec les programmes PLAY de Right To Play, Project George ainsi que Milo Pimatisiwin de Moose Factory. Notre équipe de recherche a travaillé principalement avec les collectivités de Moose Factory, de la Première Nation de la rivière Whitefish (PNRW), de Sandy Lake, de Henvey Inlet et d’Aamjiwnaang. Nos chercheurs ont participé à approximativement 10 activités PLAY différentes d’une durée d’une semaine, avec l’équipe PLAY, des partenaires et des mentors locaux provenant de 57 collectivités participant au programme PLAY.

Résultats de la recherche

L’Étude n° 1 montre que les expériences des jeunes avec le programme PLAY de la PNRW prouvent qu’il y a un grand potentiel pour l’habilitation des jeunes et pour la résurgence autochtone. Davantage de ressources et de programmes sportifs pourraient permettre : 1) d’aider les jeunes à trouver de solides fondements identitaires; 2) de guider les jeunes sur une voie de guérison; 3) d’aborder les traumatismes, les idées suicidaires et d’autres problèmes de santé mentale; 4) de favoriser une compréhension politique de la structure historique et coloniale reproduisant des inégalités; 5) d’encourager la mobilisation en faveur de la résurgence autochtone.

L’Étude n° 2 indique que les spécialistes et les universitaires pourraient être encouragés à réfléchir de façon critique à leurs positions, lesquelles risquent de reproduire et de perpétuer des relations de pouvoir inégales.

Bien que le jeu la crosse soit présenté comme une excellente occasion de revitaliser les jeux autochtones, l’Étude n° 3 montre que le sens épistémologique du jeu pour les Nations Anishinaabe et Haudenosaunee est complexe et riche.

L’Étude n° 4 signale une réflexion croissante chez les spécialistes de PLAY. Il y a eu des discussions sur des difficultés structurelles liées au système néolibéral dans lequel le programme fonctionne; des enjeux soulevés parmi les organismes autochtones et au sein du programme ont été examinés.

Les Études n° 5 et n° 6 soulignent le besoin de centrer les programmes sur le rétablissement du lien avec le territoire, car ceci renforce un sentiment d’intégralité grâce aux réseaux de parenté, sur un ensemble d’apprentissages par des histoires et la tradition orale, et sur la reconnaissance de la contribution des femmes au bien-être de la collectivité.

Dans l’Étude n° 7, les auteurs insistent sur le fait que les méthodologies autochtones encouragent et respectent le flux des valeurs fondées sur le savoir autochtone pendant un projet, et favorisent la mobilisation à l’égard de la résurgence autochtone.

Les constatations préliminaires de l’Étude n° 8 indiquent que les activités sportives communautaires fournissent une expérience importante et riche de sens à tous les participants, notamment aux jeunes chefs, aux enfants et aux familles, car elles accordent des occasions aux participants du programme de perfectionner leurs habiletés.

L’Étude n° 9 indique que les stratégies pour la réussite des programmes sportifs communautaires dans les collectivités autochtones sont les suivantes : s’écarter du contexte universitaire; voir à ce que les participants aient une présence positive par leur créativité et leur souplesse; respecter et intégrer le patrimoine culturel adéquat; trouver des partenariats; cultiver les relations avec la collectivité. Les trois obstacles pour de tels programmes sont la diversité communautaire, les problèmes sociaux ainsi que l’épuisement professionnel des bénévoles et du personnel du programme.

L’Étude n°11 montre que le sport est crucial pour opérer un changement positif au sein d’une collectivité. Des problèmes existent dans le financement du programme, la gestion des ressources humaines et les communications; tout cela fait ressortir l’importance de la planification durable des ressources.

Limites

Même si le programme PLAY est très dynamique et change très rapidement, la recherche universitaire tend à être plutôt lente à publier des résultats. Les problèmes signalés peuvent avoir été résolus ou avoir perdu de leur pertinence au moment de l’échange des connaissances.

Les collectivités autochtones et les contextes locaux du programme sont extrêmement variés, ce qui constitue un défi pour l’analyse des résultats de recherche.

Répercussions sur les politiques

Tout en reconnaissant l’excellent travail accompli quant à la programmation axée sur les sports, il ne faut pas oublier que les peuples autochtones ont leurs propres sports, jeux, cérémonies et valeurs connexes qui doivent être respectés, non remplacés. Il existe des programmes très riches de sens pour les jeunes Autochtones, et ils pourraient servir de base pour aider les collectivités à revitaliser et à rétablir leur propre culture (Project George, Milo Pimatisiwin ou le programme de rétablissement culturel d’Akwesasne). De tels programmes sont dirigés par la collectivité, souvent politiquement engagés et motivés par le rétablissement de la culture et la résurgence autochtone. Ils ont été conçus par des membres de la collectivité, ont pris de l’ampleur grâce à des partenariats locaux, et ce n’est que plus tard que des engagements ont été pris avec des partenaires et bailleurs de fonds de l’extérieur. De tels programmes ont évolué lentement, par la création de projets riches de sens et fondés sur le territoire comportant un apprentissage nourri par la langue et la culture et offrant des occasions d’apprendre des pratiques traditionnelles telles que la chasse, le trappage, les connaissances relatives aux plantes médicinales, la pêche, l’utilisation de l’eau, les problèmes de l’environnement et les politiques sur les droits territoriaux. Les responsables des politiques doivent veiller à ce que les épistémologies autochtones se trouvent au cœur de l’élaboration des programmes.

Prochaines étapes

Les résultats de cette recherche encouragent l’autocritique en matière de relations avec les Autochtones et les non-Autochtones à tous les niveaux et entre toutes les parties (responsables des politiques, organismes, universitaires). Ce processus d’introspection peut être guidé par des questions et des thèmes tels que ceux-ci :

  • En Occident, nous voyons le sport, la santé, la jeunesse ou l’éducation comme des entités autonomes, cloisonnées. Les épistémologies autochtones voient comme un tout l’équilibre réciproque, respectueux et relationnel avec soimême, les collectivités, la nature et le monde spirituel.
  • L’« expertise » occidentale dans le sport et l’activité physique peut ne pas suffire lors de la création et du perfectionnement de programmes riches de sens et durables pour les peuples autochtones.
  • Est-ce que les vues des Occidentaux et leurs façons de comprendre et de mesurer la participation aux sports reproduisent et maintiennent les relations de pouvoir inégales entre les Autochtones et les non-Autochtones?
  • Les indicateurs quantitatifs de la participation aux sports, que le secteur public et les donateurs exigent, contrastent souvent avec l’appréciation de la participation riche de sens et pertinente, qui constitue le point de vue des collectivités autochtones.
  • Les systèmes occidentaux qui reposent sur des bailleurs de fonds à la recherche de croissance et de rendement économique ne conviennent guère aux valeurs et aux façons de faire des Autochtones. Il y a souvent des conflits entre les uns et les autres, et les organismes occidentaux devraient travailler sur la façon de vraiment assumer leurs responsabilités à l’égard des collectivités autochtones.
  • Il est nécessaire d’être conscient de reproduire la dichotomie « Blanc sauveur »/« Autochtone vulnérable », qui maintient et reproduit le colonialisme bienveillant.
  • Les non-Autochtones devraient continuer de s’éduquer sur la nature coloniale des sports eurocentriques qui sont proposés aux collectivités autochtones, et s’éduquer aussi sur le rôle qu’a joué le sport et qu’il continue de jouer dans l’histoire de la colonisation des peuples autochtones au Canada.
  • Redéfinir « compétences essentielles », en fonction des épistémologies autochtones.
  • Travailler « avec » et non « pour » les peuples autochtones.
  • Financer les programmes, organismes et universitaires autochtones.
  • Utiliser des protocoles autochtones propres aux territoires.
  • Résister au panindianisme en trouvant des épistémologies tribales spécifiques, et éviter d’utiliser « Autochtone », identité homogénéisante imposée par l’État canadien.
  • Montrer de la sensibilisation à ces problèmes, questions et valeurs est crucial pour concevoir des programmes riches de sens avec les peuples autochtones. Cette façon de faire permettra probablement d’augmenter la participation au sein des collectivités, de contribuer à la réussite des programmes sportifs et d’inciter les jeunes Autochtones à y prendre part.

Principaux intervenants et avantages

  • L’ensemble des personnes et organismes des secteurs public et privé qui travaillent avec les peuples autochtones
  • Ministère des Affaires autochtones, Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits (DGSPNI)
  • Right to Play
  • Motivate Canada
  • Sport pur
  • Le sport est important
  • Forum jeunesse Feathers of Hope
  • Fondation nationale des réalisations autochtones

About the Author(s) / A propos de(s) l'auteur(s)

Alexandra Arellano, University of Ottawa.

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