Cet article a été publié à l’origine sur TSN.
23 juillet 2024 – Allison Sandmeyer-Graves, Chef de la direction, Femmes et sport au Canada
Tandis que les Jeux olympiques et paralympiques de Paris arrivent à grands pas, le sport féminin brille plus que jamais sous le feu des projecteurs au Canada. Au cours des quatre dernières années, le paysage s’est transformé de manière incontestable : le sport féminin a atteint des sommets sans précédent dans notre pays.
Lors des Jeux de 2020 à Tokyo, des athlètes inspirantes comme Maggie MacNeil, Camryn Rogers, Maude Charron et Aurélie Rivard faisaient partie des figures de proue du sport féminin canadien. Et qui peut oublier comment l’équipe nationale féminine de soccer a fait battre le cœur de tous les Canadiens et Canadiennes en remportant une victoire historique lors du match de la médaille d’or?
Nos athlètes olympiques et paralympiques incarnent toute la fierté et le potentiel du Canada.
Leurs tribulations et leurs triomphes inspirent les filles et les femmes canadiennes à dépoussiérer leurs chaussures de course, à s’inscrire à des cours de natation et à se dépasser un peu plus lorsqu’elles s’entraînent le matin.
Toutefois, comme on a pu le lire dans un article récent (en anglais), « l’inspiration n’élimine pas les obstacles qui empêchent tant de jeunes de tout simplement commencer à participer ».
Et les filles font face à un nombre disproportionné d’obstacles. Dans les faits, une fille sur trois abandonne le sport à l’adolescence (par rapport à un garçon sur dix). Le faible nombre d’expériences de qualité, le coût de la participation et le manque de confiance sont, selon les principales intéressées, les principaux obstacles qui les empêchent de faire du sport.
Afin de tirer parti de l’inspiration suscitée par les Jeux olympiques, les organismes et les leaders évoluant à tous les niveaux du sport canadien doivent créer des environnements et des programmes accessibles, centrés sur les filles et conçus pour attirer et retenir des participantes issues de tous les horizons. Des investissements durables sont aussi nécessaires de la part de tous les ordres de gouvernement et des partenaires du secteur privé. La vague d’inspiration générée par les Jeux olympiques et paralympiques ne se transformera en une augmentation de la participation que si tous ces facteurs sont réunis.
Les récits et les revers de nos athlètes féminines illustrent également les obstacles auxquels les filles et les femmes sont confrontées, aussi bien ici qu’ailleurs dans le monde.
Les Jeux de 2024 à Paris devraient être la première compétition olympique à atteindre la parité de genres sur le terrain (en anglais). Cela signifie que le contingent d’athlètes qui prendra part aux épreuves cet été comptera un nombre égal de femmes et d’hommes, ce qui représente un énorme progrès par rapport à 1900, année lors de laquelle les femmes ont participé pour la première fois aux Jeux olympiques et ne représentaient que 2,2 % des athlètes (en anglais). Toutefois, la parité des genres lors des Jeux ne se résume pas aux athlètes qui s’élancent sur le terrain. Pour affirmer que les Jeux olympiques atteignent véritablement l’équité des genres, il faut considérer l’écosystème dans son ensemble, c.-à-d. l’entraînement, les rôles de soutien, le leadership et l’administration, la programmation des événements, la couverture médiatique et bien d’autres domaines encore.
Le cheminement vers l’équité des genres nécessite également la dénonciation de politiques qui portent préjudice aux filles et aux femmes, y compris l’interdiction du port du hijab dans le sport français (en anglais), qui s’applique non seulement au sport d’élite et professionnel, mais aussi au sport jeunesse (en anglais). Cette politique d’exclusion a été qualifiée de discriminatoire envers les filles et les femmes musulmanes et de contraire aux lois internationales en matière de droits de la personne par d’importants organismes de défense des droits de la personne.
Au Canada, les athlètes féminines qui évoluent au niveau élite font face à des obstacles particuliers liés au genre, y compris l’absence de politique nationale en matière de congé de maternité (en anglais), ce qui oblige beaucoup de femmes à s’efforcer de concilier la décision de fonder une famille et leur carrière d’athlète. À tous les niveaux du système sportif, des lacunes dans les politiques créent des obstacles pour les filles et les femmes et risquent de leur causer des préjudices.
Si nous croyons véritablement que le sport appartient à tout le monde, nous devons nous efforcer de protéger les progrès accomplis au cours des dernières décennies, continuer à réclamer un sport plus équitable au pays et à l’étranger et célébrer les succès rencontrés au fil du temps (en anglais).
Depuis longtemps, les Jeux olympiques et paralympiques représentent une tribune qui permet aux athlètes canadiens d’être au centre de l’attention et de recevoir des acclamations. Pour les femmes, les Jeux sont souvent la seule occasion d’être reconnues. Cette année, toutefois, les Jeux olympiques nous offrent non seulement la possibilité de célébrer les athlètes féminines, mais aussi de donner un tremplin à l’équité des genres dans le sport afin de faire place à une nouvelle ère de soutien et de visibilité qui perdurera dans le temps.
Et le moment ne pourrait être mieux choisi.
En 2024, les Canadiens ont assisté au lancement record de la Ligue professionnelle de hockey féminin (en anglais). La Super Ligue du Nord (en anglais) verra le jour l’an prochain, et l’équipe de Toronto fera son entrée dans la WNBA (en anglais) en 2026. Soyez assurés qu’avec un bassin d’amateurs de 17 millions de Canadiens qui continue de croître, le sport professionnel féminin est là pour rester. Au Canada, la situation du sport professionnel féminin ne repose pas uniquement sur la création de nouvelles ligues et équipes; elle se veut l’incarnation d’une culture qui évolue vers des investissements cohérents et concrets dans le sport pour les filles et les femmes.
Tandis que le pays a les yeux tournés vers Paris, les Jeux olympiques et paralympiques seront une fois de plus une source de fierté nationale. En créant des environnements sportifs accessibles et centrés sur les filles, en investissant à tous les niveaux du sport féminin et en défendant le droit de toutes les filles à accéder au sport, nous pourrons nous assurer que l’héritage des Jeux se perpétue bien au-delà de la cérémonie de clôture.