La capacité d’un athlète à gérer le stress est cruciale pour obtenir de bonnes performances en compétition. Les athlètes peuvent être confrontés à de nombreux facteurs de stress, notamment les exigences de l’entraînement, la pression exercée pour obtenir de bons résultats, accorder des points aux adversaires, et l’inconfort.
La plupart du stress que les athlètes ressentent pendant la compétition provient de facteurs de stress inattendus. En fait, les recherches montrent qu’entre 69 % et 92 % des facteurs de stress vécus par les athlètes n’avaient pas été prévus avant la compétition (Dugdale et coll., 2002; Holt et coll., 2007).
Par rapport aux facteurs de stress prévus (facteurs de stress que l’athlète a planifiés ou auxquels il s’est préparé), les facteurs de stress inattendus font que les athlètes se sentent souvent plus stressés (Dugdale et coll., 2002). Les facteurs de stress inattendus entraînent également des efforts d’adaptation moins importants et des réponses émotionnelles plus fortes (Devonport et coll., 2013). Collectivement, cette incapacité à gérer les événements inattendus entourant la compétition peut affecter négativement la performance des athlètes (Gould et coll., 1999).
Les facteurs de stress inattendus se produisent souvent et sont plus difficiles à gérer que les facteurs de stress attendus. Cependant, ils peuvent être gérés, notamment en s’y préparant. Pour aider à réduire la fréquence et l’incidence des facteurs de stress inattendus, nous décrivons et donnons des exemples de facteurs de stress inattendus courants pendant les compétitions. Nous proposons ensuite aux entraîneurs et aux praticiens quatre recommandations fondées sur les recherches pour aider les athlètes à s’attendre à ces facteurs de stress et à s’y préparer.
Qu’est-ce qu’un facteur de stress inattendu?
Un facteur de stress inattendu est un événement que les athlètes n’ont pas prévu ou anticipé (Dugdale et coll., 2002). Lorsqu’on leur demande quels sont les facteurs de stress courants mais inattendus, les athlètes citent les troubles physiques (tels qu’une blessure ou un malaise), les résultats de la compétition (tels que concéder des points) et les interactions en compétition (telles que le chahut d’un spectateur).
Ces événements, bien que non idéaux, ne sont pas rares. Au contraire, de nombreux facteurs de stress signalés par les athlètes comme étant inattendus sont à la portée des athlètes qui doivent s’y préparer. Par exemple, il est peu probable que le fait de concéder des points soit une surprise totale. Il est probable qu’un athlète ait connu un facteur de stress similaire lors de compétitions antérieures et qu’il puisse reconnaître que concéder des points est une possibilité. Cependant, les athlètes perçoivent toujours ces événements comme inattendus. Ils ont le potentiel d’affecter négativement leur capacité d’adaptation, leur stress et leurs performances.
Recommandation 1 : Reconnaître que des écarts peuvent se produire et se produiront
Les athlètes ne sont généralement pas préparés à s’écarter des normes, des attentes et des espoirs personnels liés à la compétition (Thatcher et Day, 2008). Il est essentiel d’encourager les athlètes à envisager et à se préparer à la possibilité raisonnable qu’il y ait des différences entre ce qu’ils pensent qu’il va se passer et ce qui se passe réellement. Par exemple, il peut y avoir des moments pendant la compétition où quelque chose ne va pas dans le sens de l’athlète, comme une décision défavorable de l’arbitre, des points concédés ou des erreurs. D’autre part, il peut y avoir des cas qui s’écartent des normes de la compétition, comme des changements dans le programme de l’épreuve ou un comportement inhabituel de la foule. Préparer les athlètes à la possibilité que la compétition ne se déroule pas exactement comme prévu peut réduire l’incidence de ces écarts s’ils se produisent.
Recommandation 2 : Revenir aux éléments fondamentaux dans les compétitions à enjeux élevés
Dans une compétition à fort enjeu, comme un match de championnat, les facteurs de stress habituels sont tout aussi susceptibles de se produire. Par exemple, des points peuvent encore être concédés et les arbitres peuvent encore rendre des décisions défavorables. Bien qu’il ne soit pas possible d’anticiper et de se préparer à toutes les situations dans le sport, il peut être bénéfique pour les athlètes d’être réalistes et d’envisager les facteurs de stress possibles qui ne sont pas souhaités ou qui ne sont pas typiques de la compétition, mais qui sont tout de même suffisamment courants pour que les athlètes s’y préparent. Les entraîneurs et les praticiens peuvent aider les athlètes à reconnaître cette possibilité et les soutenir dans l’identification et la préparation à de tels facteurs de stress.
Recommandation 3 : S’engager dans une planification globale
Travailler en collaboration avec les athlètes pour anticiper les facteurs de stress peut fournir une structure et un soutien pour aider les athlètes à envisager des scénarios possibles pour les compétitions à venir. Une façon d’y parvenir est d’utiliser des scénarios de type « et si » (Bull et coll., 1996; Thatcher et Day, 2008).
Lorsqu’il travaille sur un scénario « et si », l’athlète est amené à considérer les événements qui pourraient se produire et à envisager comment il pourrait réagir à ceux-ci (Bull et coll., 1996). Les plans « et si » devraient inclure les facteurs de stress typiques de la compétition, comme les nerfs et les spectateurs, les facteurs de stress qui ne correspondent pas aux attentes et aux espoirs de l’athlète, comme le fait de concéder des points et les résultats négatifs de la compétition, et les facteurs de stress qui ne sont pas familiers ou typiques de la compétition, comme l’inconfort potentiel et les nouveaux sites. Faire un effort intentionnel pour identifier les facteurs de stress potentiels et la façon de les gérer est la clé d’une planification complète.
Recommandation 4 : Reconnaître les similitudes avec les autres
Certains athlètes ont déclaré percevoir les facteurs de stress comme inattendus, non pas parce qu’ils n’étaient pas familiers avec le facteur de stress, mais parce qu’ils ne s’attendaient pas à ce que de tels facteurs de stress se produisent lors de leur compétition (Gould et coll., 1991, cité dans Dugdale et coll., 2002). Nous devrions encourager les athlètes qui anticipent des facteurs de stress avant la compétition à reconnaître comment les autres athlètes (tels que les coéquipiers et les adversaires) sont comme eux. Cela permet de faire comprendre aux athlètes qu’ils ne sont pas à l’abri des facteurs de stress. Une façon d’y parvenir est de demander aux athlètes de dresser la liste des façons dont d’autres personnes vivent des événements similaires (Mosewich et coll., 2013, p. 519).
Les entraîneurs et les praticiens ne devraient pas encourager les athlètes à être attentifs uniquement aux facteurs de stress qu’ils ont vécus ou pourraient vivre. Ils devraient également encourager les athlètes à apprendre des facteurs de stress passés auxquels ont été confrontés leurs coéquipiers, leurs adversaires et d’autres athlètes.
À partir de maintenant : S’y attendre au lieu de se faire surprendre
Étant donné les défis associés aux facteurs de stress inattendus et la fréquence à laquelle ils se produisent, il est important pour les athlètes de s’attendre et de se préparer aux facteurs de stress pendant la compétition. Les entraîneurs et les praticiens de la psychologie du sport peuvent aider les athlètes à le faire. Les facteurs de stress inattendus ne sont pas toujours nouveaux ou difficiles à anticiper, de sorte que les athlètes ne prévoient pas la nécessité de les gérer. Il faut peut-être se pencher davantage sur l’imprévu. Des événements inattendus se produiront inévitablement dans le sport, mais les entraîneurs et les praticiens peuvent aider les athlètes à se préparer à anticiper et à surmonter les nombreux facteurs de stress auxquels ils peuvent être confrontés dans le sport.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la perception et la gestion des facteurs de stress inattendus, veuillez contacter bjsereda@ualberta.ca.