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Ce projet visait à comprendre le développement de la gestion de l’environnement par le biais des jeux dans les sociétés autochtones. Le Pacifique Sud présente de nombreuses similitudes avec le Canada en termes de relations entre autochtones et colons, d’histoire coloniale, de résurgence des efforts de réconciliation et d’action climatique. Les jeux traditionnels autochtones, pratiqués dans la nature, avec des outils naturels et liés spirituellement à la nature, permettent de comprendre comment les jeunes apprennent à connaître leur environnement naturel par le jeu. Cette étude a des implications pratiques pour les groupes de loisirs de plein air qui peuvent s’inspirer des jeux autochtones canadiens pour développer la gestion de l’environnement et la santé environnementale. Qu’il s’agisse des décideurs politiques qui élaborent des politiques vertes et actives, du personnel de gestion des loisirs qui établit des liens avec les communautés autochtones ou des parents qui recherchent des activités plus respectueuses de la nature ou orientées vers la nature, cette étude montre comment les jeux traditionnels peuvent faciliter la réconciliation avec les peuples autochtones, nos environnements et nos profils d’activité physique.  

Méthodes   

J’ai mené des entretiens avec des experts en jeux autochtones (notamment Harko Brown de la Nouvelle-Zélande), j’ai visité régulièrement (à six reprises) des archives complètes sur les jeux traditionnels à Brisbane, en Australie (les archives personnelles de Ken Edwards), et j’ai observé des jeux autochtones dans le Queensland, en Nouvelle-Zélande et aux Fidji. J’ai également procédé à un examen approfondi de la littérature secondaire sur l’environnementalisme par le biais de la participation à des activités physiques. L’analyse des données m’a permis de dégager des thèmes et de situer les jeux traditionnels autochtones dans le domaine en plein essor de l’écologie du sport.   

Principales conclusions   

  1. Les jeux traditionnels sont des jeux de nature. L’un des objectifs de l’étude était d’offrir une nouvelle perspective sur les jeux, c’est-à-dire de repenser ce qu’ils sont. Dans la veine des jeux de nature, nous proposons une définition de l’idée de jeux (par opposition aux sports), en situant les jeux comme des jeux de nature spécifiquement (joués dans, avec et par la nature), et nous appliquons cette logique aux jeux traditionnels du monde entier. Au cours de ce processus, il est rapidement devenu évident que jouer dans la nature était lié à l’apprentissage de la nature. En soi, ce n’est pas nouveau, mais il n’est pas courant de considérer les jeux traditionnels, autochtones ou de plein air comme le moyen de développer une relation intime avec la nature. Cette idée a des ramifications particulières pour les utilisateurs de loisirs de plein air qui se disputent une place dans l’espace de loisirs avec les organisations sportives très répandues au Canada. L’utilisation d’une logique de jeu dans la communication des avantages des loisirs de plein air pour la santé, la réconciliation et l’impact sur l’environnement pourrait être un atout précieux dans l’élaboration des politiques, des programmes et des pratiques.  
  2. L’intendance nécessite un troisième élément: la culture. Le jeu et la nature sont tous deux des éléments clés du développement de la gestion de l’environnement, mais sans un élément de culture locale, il n’y a pas grand-chose qui puisse relier l’éducation environnementale des jeunes. Par exemple, les terrains de jeux Māori (mara hupara) sont des terrains de jeux constitués de matériaux naturels (rondins, lianes, troncs d’arbres, grosses pierres, etc.), mais ce sont aussi des espaces culturels où les jeunes Māori apprennent à se déplacer dans la nature, à respecter la nature et à comprendre le lien spirituel qui unit les Māori à la nature. L’implication espérée de cette découverte est qu’il ne suffit pas de concevoir des jeux de plein air dans l’éducation environnementale des jeunes Canadiennes et Canadiens. La clé d’une gestion durable est le lien avec la culture locale, qu’il s’agisse de la vision de la nature des autochtones, des colons ou des immigrants. Cette étude offre un certain nombre de possibilités à ceux qui cherchent à mettre en place des programmes récréatifs sensibles à la culture.  
  3. Les jeux traditionnels sont essentiels dans le domaine de l’écologie du sport. La recherche de la durabilité (environnementale) dans le sport a été adoptée par les parties prenantes de la gestion du sport dans l’intention de bénéficier à l’établissement sportif. Bien qu’il existe des stratégies visant à réduire les émissions de carbone, le plus grand facteur d’accélération du changement climatique dans le secteur du sport, la grande majorité des initiatives de « durabilité » sont superficielles (par exemple, pas de papier), conformes aux protocoles standard de l’industrie (une certification LEED), ou un stratagème de marketing (pensez à l’écoblanchiment). Le domaine de l’écologie du sport, une sous-section des études sur la gestion du sport, a tendance à tourner autour de ces questions sans s’intéresser à la manière dont le secteur du sport peut amplifier l’activisme climatique. Notre argument est que le sport peut faire partie du problème, alors que les jeux de nature offrent non seulement un débouché récréatif plus « durable », mais aussi la possibilité d’inculquer une éthique environnementale cruciale chez les jeunes dès le départ.   

Points forts et limites   

Les points forts et les limites de ce projet sont liés à la perspective « extérieure » de l’étude. Elle est basée sur des recherches menées en Océanie, ce qui permet d’aborder différentes questions contextuelles liées à l’autochtonie, à l’environnementalisme et aux loisirs, mais une nouvelle perspective est parfois nécessaire pour faire face à des changements sociétaux de grande ampleur. Par conséquent, bien que le sujet de l’étude se concentre sur une partie éloignée du monde, il y a beaucoup à apprendre des problèmes et de la façon dont divers groupes les gèrent.  

Conclusions et prochaines étapes  

Dans ce contexte, l’intérêt des jeux traditionnels autochtones réside dans leur lien avec les environnements naturels. Comme l’affirme Douglas Booth, la pratique des sports et des jeux « dans la nature engendre des sensibilités relationnelles très réelles avec le monde matériel non humain » [traduction libre]. Le lien relationnel entre les jeux traditionnels autochtones, entendus au sens large, et les environnements naturels offre d’importantes possibilités inexploitées de développer la gestion de l’environnement à l’échelle mondiale. Il est important en raison de l’existence de ces jeux dans le monde entier, de l’intérêt croissant pour leur renaissance, leur préservation et leur diffusion, ainsi que de la reconnaissance et de l’honneur croissants des cultures autochtones.   

Les prochaines étapes de ce projet consistent à appliquer la théorie à la pratique en élaborant un programme de loisirs de plein air qui intègre les principes du savoir culturel local (qu’il soit autochtone ou autre), de la gestion de l’environnement et de la logique des jeux. Il s’agit d’un projet international auquel participeront des acteurs du Canada, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, du Japon, de la Suède, de la Norvège, du Royaume-Uni et de l’Irlande. L’idéologie des jeux de la nature est un impératif mondial qui implique les acteurs des loisirs de plein air dans la poursuite de l’action climatique.  

Remerciements pour le financement: Ce blogue s’appuie sur des recherches soutenues par le Conseil de recherches en sciences humaines et Sport Canada dans le cadre de l’Initiative de recherche sur la participation au sport.   

Le projet « Settler Colonial Sport Venues » (Sites sportifs coloniaux) explore l’histoire de la colonisation des lieux sportifs et le rôle qu’ont joué les sites sportifs dans la colonisation et la carcéralité. Il vise à remettre en question l’idée selon laquelle la construction d’installations sportives est toujours positive, en montrant au contraire comment ces lieux ont souvent contribué à la dépossession et à l’effacement des peuples autochtones. Pour ce blogue, nous nous concentrons sur le Stade du Commonwealth d’Edmonton. En 1971, la ville s’est vu attribuer les Jeux du Commonwealth de 1978. Le stade de 56 000 places a coûté 21 millions de dollars et a été financé par trois niveaux de gouvernement. Cette analyse historique fournit un ensemble de considérations sur la façon dont les nouvelles installations patrimoniales devraient être développées à l’avenir.  

Ce projet s’ancre dans l’étude de documents historiques trouvés dans les archives de la ville d’Edmonton, des collections en ligne de Bibliothèque et Archives Canada, et des Archives provinciales de l’Alberta. Ces collections ont fourni un dossier historique stratifié d’histoires dynamiques à travers lesquelles nous avons retracé l’histoire de l’emplacement du Stade du Commonwealth pour analyser comment les relations de pouvoir ont façonné son développement.  

Principales conclusions sur le Stade du Commonwealth  

Notre analyse du Stade du Commonwealth commence au début des années 1970 à Edmonton. Les promoteurs civiques et les élites économiques ont finalement réussi à mobiliser l’idée qu’un nouveau terrain de football permettrait d’atténuer le « fléau urbain » dans les communautés ouvrières avoisinantes. C’est l’un des arguments utilisés pour obtenir le financement du stade par la ville.    

La première de nos principales conclusions a consisté à retracer la manière dont les communautés ouvrières et raciales voisines du stade ont été considérées comme superflues à la fin des années 1960. Pour comprendre cette évolution du milieu du 20e siècle, il faut tenir compte du début de la colonisation dans les années 1870. Le traité n° 6 a été signé en 1876 dans un contexte de famine et de maladie pour les nations Cries. Ce traité a fonctionné comme une forme de vol de terres alors que l’idée de propriété privée des colons était imposée dans la région d’Edmonton. La colonisation a été rendue possible par des vagues successives d’extraction de ressources. Le site du stade a fait l’objet d’une exploitation privée du charbon entre les années 1880 et 1901, et un pénitencier fédéral a fonctionné sur le site entre 1906 et 1920, tirant profit du travail forcé des prisonniers.  

Cette découverte illustre un deuxième résultat clé de cette recherche. La carcéralité, ou les logiques de contrôle, de surveillance et de criminalisation, est un élément clé du fonctionnement du colonialisme de peuplement. L’incarcération des nations autochtones dans les réserves à la fin des années 1800 était un précurseur de la présence carcérale administrée par le gouvernement fédéral dans les prairies au début des années 1900. Un siècle plus tard, le Stade du Commonwealth est utilisé depuis 2020 pendant les mois d’hiver pour abriter des sans-abri dans des conditions sur-sécurisées, semblables à celles d’un entrepôt. La population sans-abri d’Edmonton est composée de manière significative et disproportionnée d’autochtones. Depuis la Grande Dépression, le site du stade a été utilisé pour le sport professionnel. En 1930, l’ancien site de la prison a été loué à la ville pour y aménager des terrains de sports récréatifs. Le stade Clarke a été construit en 1938, alors que le football professionnel masculin s’établissait à Edmonton.   

Une troisième constatation clé est la façon dont les discours sur la « participation » ont été mobilisés pour obtenir le soutien du gouvernement à la construction de stades de sport professionnel. Dans les années 1930, les promoteurs civiques à la recherche de profits se sont appuyés sur la rhétorique classiste et eugéniste du mouvement des terrains de jeux, vantant les bienfaits moraux de l’offre de loisirs publics pour garantir la quasi-gratuité de la propriété foncière. Dans les années 1970, la Fondation des Jeux du Commonwealth a suggéré que les installations des Jeux soient cédées à un usage public abordable après les Jeux. Malgré la stratégie de promotion de la « participation », rien n’indique que le Stade du Commonwealth ait jamais été aménagé pour des activités récréatives importantes. Au contraire, le principal locataire de cette installation a toujours été les Eskimos d’Edmonton (aujourd’hui les Elks d’Edmonton) de la LCF.   

Dans les années d’après-guerre, au milieu du XXe siècle, les habitants blancs de la classe moyenne ont quitté le centre d’Edmonton pour s’installer dans une banlieue en pleine expansion. Les communautés de la classe ouvrière, diversifiées sur le plan racial, sont demeurées dans les quartiers abordables du centre de la ville. Elles sont également devenues des cibles pour les urbanistes, car les partisans de la ville ont mobilisé les discours sur la rénovation urbaine dans la période précédant la décision sur le stade.   

La quatrième et dernière conclusion de ce projet est le rôle central que le débat sur la politique des stades a joué dans ce processus d’expulsion et de dépossession. De la fin des années 1950 aux années 1970, les partisans du développement des stades (principalement les représentants du sport professionnel masculin) ont cherché à dépeindre ces quartiers et leurs habitants comme dysfonctionnels et dangereux. Cette rhétorique a contribué à convaincre les habitants d’Edmonton de financer la construction du Stade du Commonwealth. Des centaines de logements sociaux ont été détruits et des ligues communautaires ont disparu dans six quartiers centraux. Le « fléau urbain » que le développement du stade était censé améliorer a simplement été exacerbé pendant que la franchise professionnelle de la LCF d’Edmonton a pu emménager dans ses nouvelles installations ultramodernes.  

L’un des points forts de ce projet est qu’il insiste pour que la recherche sur le sport prenne au sérieux son rôle (à la fois historique et actuel) dans la dépossession (en cours) sur laquelle la nation canadienne a été fondée et continue de fonctionner. Il démontre l’importance d’historiciser les développements d’infrastructures sportives en tant que projets coloniaux.  

L’une des limites de ce type de critique structurelle est qu’il est difficile d’opérationnaliser ces types d’idées dans des situations politiques, en particulier lorsque les gouvernements exigent des objectifs d’évaluation à court terme.   

Prochaines étapes  

Les histoires populaires du sport à Edmonton ont raconté une histoire de célébration. Avec ce contre-récit, nous avons mis en lumière certains des processus violents de la colonisation et des tactiques carcérales qui y sont associées dans cette histoire du site du Stade du Commonwealth. Les Elks d’Edmonton de la LCF ont été félicités pour leur acte de réconciliation en changeant le nom de leur équipe, autrefois raciste. Cependant, cette analyse nous apprend que pour déstabiliser de manière significative le développement des infrastructures sportives, il faut passer à des étapes ultérieures qui impliquent une historicisation critique et une analyse structurelle pour aller au-delà des simples changements de surface. Pour comprendre ce qui est en jeu dans les nouvelles installations sportives, il faut poser des questions qui prennent sérieusement en compte les structures du colonialisme d’implantation, du capitalisme racial, de la suprématie blanche et de l’hétéropatriarcat.  

Remerciements pour le financement: Ce blogue s’appuie sur des recherches soutenues par le Conseil de recherches en sciences humaines et Sport Canada dans le cadre de l’Initiative de recherche sur la participation au sport.   

Dans les paysages enneigés du Canada, où les sports d’hiver règnent en maîtres, un changement discret tente de prendre racine; un changement qui vise à renforcer les capacités des jeunes autochtones par l’entremise du monde de la planche à neige. Dirigée par le programme autochtone de Canada Snowboard, cette initiative vise non seulement à initier davantage d’athlètes autochtones à ce sport, mais aussi à favoriser un sentiment de communauté, de fierté culturelle et d’opportunité de croissance. 

« Mon objectif est d’avoir plus d’athlètes autochtones et plus de représentation autochtone, en particulier au Canada. Chez Canada Snowboard, nous nous efforçons d’être la première nation de planche à neige au monde », déclare Quinn Thomas, coordonnateur du programme sportif de Canada Snowboard, l’une des forces motrices des efforts de revitalisation du programme.   

Le parcours du programme autochtone a commencé en 2015 avec la création de l’équipe de planche à neige des Premières nations, qui a ensuite évolué pour devenir l’Indigenous Life Sport Academy (ILSA). Depuis, le programme a fait l’objet d’une refonte, motivée par un engagement passionné à accroître la représentation autochtone au sein de la communauté de la planche à neige. Canada Snowboard s’efforce d’être un chef de file mondial dans le domaine de la planche à neige et reconnaît que pour atteindre cet objectif, il faut adopter et célébrer la diversité des cultures autochtones. 

Au cœur de la mission du programme autochtone se trouve la croyance en un leadership autochtone guidant les jeunes autochtones.

Participants à l’événement “Liam & Friends” (Alexa Pepper/COC)

« Nous voulons que les leaders autochtones dirigent les jeunes autochtones. Nous voulons honorer et préserver leur façon de faire. Cela, combiné aux renseignements fournis par Canada Snowboard sur la façon de fournir du contenu, de former des athlètes et d’amener plus de gens à faire du snowboard, explique M. Thomas. Il s’agit essentiellement de former des entraîneurs autochtones afin qu’ils puissent également former des athlètes autochtones. »

Thomas, qui est métis du côté paternel, estime que cette approche collaborative met l’accent sur le respect mutuel et le partenariat, ce qui permet aux communautés autochtones de façonner le programme en fonction de leurs besoins et de leurs valeurs propres.

La structure du programme reflète le programme général d’entraînement de Canada Snowboard, en mettant l’accent sur le développement de l’entraînement communautaire. M. Thomas a élaboré un programme d’entraînement communautaire qui est actuellement à l’essai dans Le Casier de l’Association canadienne des entraîneurs (ACE) et dont l’objectif est de montrer que la planche à neige n’est pas seulement un sport de compétition, mais aussi un sport récréatif. Son objectif est de permettre aux habitants des communautés rurales d’accéder plus facilement aux ressources et aux connaissances en matière d’entraînement, et de continuer à se développer sans avoir à se déplacer. 

Le programme d’entraîneurs communautaires fait partie de la feuille de route de M. Thomas, qui s’étend sur cinq ans. L’objectif ultime? Qu’il s’agisse d’ateliers pour entraîneurs communautaires ou de cours de moniteurs de l’Association canadienne des moniteurs de snowboard (ACMS), le programme vise à doter les entraîneurs autochtones des compétences et des connaissances nécessaires pour instruire et encadrer les jeunes de leur communauté.  

En commençant par l’instruction et l’encadrement communautaire, le programme vise à créer une base solide pour que les athlètes en herbe puissent découvrir le sport à leur propre rythme, que ce soit pour le loisir ou la compétition. Il s’agit essentiellement de faire tomber les barrières et de favoriser l’inclusion dans les sports d’hiver.  

La collaboration avec des organisations telles que l’Indigenous Sport Council of Alberta a joué un rôle déterminant dans le développement de ces initiatives. En forgeant des partenariats avec des entités telles que l’Edmonton Ski Club, des efforts ont été faits pour accroître l’accès à la planche à neige, permettant  ainsi à un plus grand nombre de familles de découvrir les joies de ce sport. Bien qu’il n’en soit qu’à ses débuts, le partenariat avec l’Indigenous Sport Council of Alberta est prometteur.  

Cependant, le cheminement n’est pas sans difficultés. Selon M. Thomas, l’accessibilité reste un obstacle important, en particulier dans les régions où l’accès aux installations de planche à neige est limité ou d’un coût prohibitif.  

« Comme pour tout ce qui dépasse le stade de la leçon, il est de plus en plus difficile de se rendre sur une piste de ski, note M. Thomas. Je pense que l’industrie pousse vraiment les gens vers les stations, mais tout ce dont vous avez besoin pour faire de la planche à neige, c’est d’une colline et de la volonté de monter et descendre et de faire quelques virages. 

Clinique de snowboard de Native Youth Outdoors, 2023 (Emily Sullivan via Liam Gill Instagram)

Pour remédier à cette situation, M. Thomas étudie des solutions novatrices telles que la création de parcs de randonnée dans les centres urbains et de bibliothèques de matériel pour offrir un accès abordable à l’équipement. M. Thomas envisage également d’établir des partenariats solides avec les organismes sportifs autochtones provinciaux et territoriaux et les associations de planche à neige, ce qui constitue une autre stratégie clé pour étendre la portée du programme. En collaborant avec les organisations existantes et les dirigeants communautaires, le programme peut tirer parti de l’expertise et des ressources locales pour soutenir la participation des Autochtones à la planche à neige. 

« Nous voulons continuer à leur faire savoir que ce sport existe et que nous voulons que vous veniez faire de la planche à neige, explique M. Thomas. Grâce à ce programme d’entraînement, nous voulons donner aux communautés les outils nécessaires pour qu’elles puissent gérer elles-mêmes ce sport. » 

Liam Gill, le seul athlète masculin autochtone de l’équipe nationale de planche à neige du Canada, a également contribué à faire connaître la planche à neige aux communautés autochtones.  

« Il [Liam] fait beaucoup pour la communauté, mais il le fait seul, note M. Thomas. Lui et sa famille sont extraordinaires. »

Gill, un athlète de 20 ans qui pratique le demi-lune, est membre de la Première nation dénée Liidlii Kue dans les Territoires du Nord-Ouest. Après avoir participé aux Jeux olympiques de 2022 à Pékin, il a attiré l’attention et le soutien des communautés autochtones de tout le pays. 

Après les Jeux de 2022, M. Gill a décidé de « rendre la pareille » en aidant les jeunes autochtones à s’initier à la planche à neige. D’abord seul dans les Territoires du Nord-Ouest, puis près de Banff au Sunshine Ski Resort. En mai 2023, avec l’aide d’une subvention du Comité olympique canadien, M. Gill a pu emmener des enfants à un événement privé « Liam et ses amis ». En plus de s’amuser, l’objectif de M. Gill était de rendre la planche à neige accessible aux jeunes autochtones, indépendamment des obstacles financiers.  

« En se rendant dans les Territoires du Nord-Ouest, M. Gill a amené la planche à neige là-bas et il a montré à la communauté certaines des choses dont nous avons parlé, explique M. Thomas. Par exemple, trouver une colline et faire quelques virages. Ils ont montré qu’il était possible d’utiliser une motoneige avec un seau à l’arrière pour tirer les gens vers le haut de la colline, ou de faire de la randonnée ou de la marche et de glisser ensuite. C’est la magie de la planche à neige ».

Thomas connaît de première main les retombées de la réussite d’une personne issue d’un milieu similaire au sien. Il se souvient d’une fois où, lors d’un événement appelé « Gathering », il a été abordé par un jeune athlète après avoir salué la terre. 

« Ils ont trouvé formidable de voir quelqu’un comme moi, qui est aussi comme eux, diriger quelque chose. C’est probablement l’une des choses les plus inspirantes pour moi et c’est aussi ce qui m’aide à diriger ce programme et à continuer à chercher comment l’améliorer encore. » 

Ce n’est pas une mince affaire, mais Canada Snowboard a pris un engagement ferme. Et à mesure que cette feuille de route se déploie au cours des cinq prochaines années, son incidence est appelée à s’étendre bien au-delà des pistes, laissant une marque indélébile d’autonomisation et d’accessibilité au sein des communautés autochtones à travers le Canada. 

Compétition de poussée à la perche pour les ‘filles’ lors des compétitions des Jeux des Dénés, Jeux d’hiver de l’Arctique 2010, Grande Prairie Alberta, mars 2010 (Photo : Michael Heine)

Imaginez à quoi ressemblerait le sport au Canada si les peuples autochtones et leurs cultures n’avaient pas été colonisés. Imaginez comment les Canadiennes et Canadiens pourraient comprendre leur identité et leur relation avec les autres si les sports et les jeux autochtones faisaient partie de leur vie quotidienne. Imaginez les valeurs et les croyances que les sports et les jeux autochtones pourraient enseigner aux Canadiennes et Canadiens d’aujourd’hui. Malheureusement, ces questions qui inversent l’histoire sont hypothétiques, car le colonialisme, et le peuplement colonialiste qui a suivi, ont causé de graves dommages aux cultures autochtones.

Korpreno Tom ou Sealing Tom utilisant un harpon (Photo : Benjamin W. Leeson)

Les 19ème et 20ème siècles ont été extrêmement difficiles pour les Premières Nations, les Métis et les Inuits du Canada. Pendant cette période, ils ont dû faire la difficile transition entre leur mode de vie ancré dans la terre vers la vie dans des réserves et des établissements qui manquaient de ressources. Ils ont dû lutter contre la maladie et la famine. Nombre d’entre eux ont vu leurs enfants être envoyés au loin dans des pensionnats, où ils recevaient une éducation médiocre. Ou encore, dans le cadre du Sixties Scoop, leurs enfants ont été arrachés à leur foyer et placés dans des familles blanches pour ne plus jamais être revus. Presque tous les autochtones ont dû faire face à la perte de leur langue, de leur culture et de leur identité, en plus de la pauvreté et d’une mauvaise santé mentale et physique, ce qui a donné lieu à un phénomène appelé “le traumatisme intergénérationnel” (également appelé traumatisme transgénérationnel ou traumatisme historique), que les peuples autochtones tentent encore de surmonter.

L’État a utilisé les sports eurocanadiens à la fois pour accélérer le processus d’assimilation des autochtones et pour le mener à bien. Les dirigeants du gouvernement et de l’Église, ainsi que les réformateurs blancs de la classe moyenne qui ont mené le développement du système sportif naissant du Canada, étaient largement convaincus que leur version du sport contribuerait à civiliser les masses et à produire une population laborieuse et patriotique. Ils pensaient que leurs sports étaient particulièrement efficaces pour socialiser les peuples autochtones dans la culture canadienne, car, dans leur imagination raciste, les peuples autochtones étaient biologiquement et ‘naturellement’ de bons athlètes qui accepteraient volontiers les nouvelles formes de sport et, ce faisant, abandonneraient volontiers leurs traditions, comme si les pratiques physiques des autochtones étaient des passe-temps et non le tissu conjonctif profond qui soutenait leurs modes de vie et leurs liens avec la terre. Le gouvernement a même officialisé ce dogme lorsqu’en 1884, il a promulgué la loi Potlatch en vertu de l’article 141 de la loi sur les Indiens, une loi fédérale qui régit (encore) toutes les questions relatives au statut des Indiens, aux bandes et aux réserves au Canada.

Le potlatch, un festin où l’on offre des cadeaux et qui était traditionnellement utilisé pour marquer diverses étapes et occasions importantes dans les tribus et les coutumes de la côte ouest, ainsi que pour célébrer la vie, a d’abord été interdit ; il constituait un élément essentiel des cultures autochtones de la côte ouest. D’autres pratiques cérémonielles, comme les danses du soleil qui étaient au cœur des cultures autochtones des prairies, ont rapidement été ajoutées à la liste. Pour combler le vide, le gouvernement a encouragé les peuples autochtones à pratiquer des sports eurocanadiens. C’est alors qu’apparaissent les “Journées sportives indiennes” dans les réserves ; elles sont généralement organisées en même temps que les fêtes nationales et les célébrations du jour du traité, afin de renforcer le lien entre sport et patriotisme. En d’autres termes, d’un point de vue étatiste, faire participer les peuples autochtones aux sports eurocanadiens était important pour la répression et le remplacement culturels.

Exercices en plein air à l’école indienne de Mission sous la direction des instructeurs provinciaux de loisirs, déc. 1945 (Photo : Jack Long)

Les peuples autochtones ont pratiqué le sport et nombre d’entre eux, en particulier les garçons et les hommes (qui ont eu plus d’occasions de jouer et de participer à des compétitions), ont réussi en dépit des obstacles difficiles à surmonter. La longue liste de noms qui composent les prix Tom Longboat, créés en 1951, est un rappel évident de leur présence constante et de leurs réalisations dans le sport canadien. En même temps, l’histoire des Prix Tom Longboat montre à quel point les choses ont changé pour les peuples autochtones dans le sport. Le gouvernement fédéral, par l’intermédiaire du ministère des Affaires indiennes, a créé les prix pour stimuler l’assimilation en récompensant les athlètes qui excellaient dans les sports eurocanadiens. Mais au début des années 1970, alors que les peuples autochtones commençaient à exercer plus largement leur autodétermination, ils ont voulu contrôler davantage les prix afin de promouvoir leurs propres messages sur l’intégration.

La lettre de mise en candidature de Doug Skead de la nation Wauzhushk Onigum (anciennement Rat Portage Band, près de Kenora, en Ontario), qui allait être nommé lauréat du Prix national 1971, en est un bon exemple. Son auteur, Peter Kelly, écrivant au nom du Grand Council Treaty No 3, l’organisation politique représentant les intérêts du Traité 3 dans le nord-ouest de l’Ontario et l’est du Manitoba, décrit Skead comme un modèle pour son peuple, non pas parce qu’il s’était acculturé comme l’espérait l’État, mais parce qu’il représentait “l’Indien qui restera toujours invaincu”, utilisant ainsi une référence sportive commune pour faire une déclaration forte sur ce que “invaincu” signifiait pour eux. Kelly a expliqué que Skead avait traversé “l’époque démoralisante des pensionnats, la dure vie de trappeur, de guide et de coupeur de bois, et les expériences destructrices de l’alcool, pour devenir le directeur de la société de sa bande et le capitaine de l’équipe de hockey qu’il avait cofondée 20 ans plus tôt.” Lorsqu’un journaliste lui a demandé quel conseil il donnerait aux jeunes, Skead, âgé de 41 ans, a répondu “s’accrocher à leur culture et parler leur langue maternelle” (cité dans Forsyth, 2020).

Le sport autochtone s’est considérablement développé depuis les années 1970. Il y a aujourd’hui plus d’événements réservés aux autochtones et plus de reconnaissance et de soutien pour le sport autochtone et la participation autochtone au sport que jamais auparavant. Les Jeux autochtones d’Amérique du Nord (JAAN) témoignent de cette croissance. Organisés pour la première fois en 1990 à Edmonton (Alberta), les JAAN ont opéré pendant de nombreuses années avec un budget serré et des difficultés administratives. S’ils ont survécu à ces premières années, c’est surtout grâce aux dirigeants autochtones qui voulaient donner à leurs jeunes l’occasion de faire l’expérience de la compétition dans un environnement respectueux de leur culture. Plus de 30 ans plus tard, les JAAN sont devenus le plus grand rassemblement multisports pour la jeunesse autochtone sur le continent, ainsi qu’un élément institutionnalisé du système sportif canadien, soutenu par les trois niveaux de gouvernement et les grandes entreprises. Comme pour tout système, il reste d’importants défis à relever, ce qui signifie que les dirigeants sportifs et gouvernementaux doivent rester attentifs aux facteurs plus larges qui façonnent le sport autochtone au Canada.

Voici deux avancées majeures, ainsi que les défis qu’elles continuent de poser, qui se sont produites au cours des 50 dernières années :

1) Renforcer le système sportif autochtone

Au Canada, il existe un système sportif autochtone qui est distinct du système sportif dominant, mais qui y est lié. Le terme “conventionnel” fait référence au système sportif traditionnel eurocanadien ou dominant au Canada, composé d’organismes sportifs nationaux, provinciaux et territoriaux et communautaires. La relation entre les deux peut être visualisée comme une ‘double hélice’. Tout comme la structure physique de l’ADN est composée de deux brins indépendants qui sont soutenus par des liens transversaux formant une forme d’échelle, le sport canadien est composé d’un système sportif autochtone et d’un système sportif dominant qui se connectent à des points pertinents, créant des possibilités pour chaque système de bénéficier l’un de l’autre et résultant en une échelle plus solide. Même si le système sportif autochtone est en place depuis plus d’un demi-siècle, il reste généralement mal connu, ce qui rend plus difficile pour les dirigeants sportifs autochtones d’obtenir les ressources dont ils ont besoin pour servir leurs peuples et leurs communautés, ainsi que de soutenir les partenaires du système sportif général dans leurs efforts pour mieux répondre aux besoins et aux intérêts des Autochtones.

Le système sportif autochtone, en tant que système distinct doté de corps administratifs, de règles et de manifestations, est apparu au début des années 1970, lorsque Condition physique et sport amateur, le précurseur de Sport Canada, cherchait à accroître le taux de participation des Canadiennes et Canadiens ‘défavorisés’ aux sports organisés et a identifié les autochtones comme un groupe nécessitant une attention particulière. C’est ainsi qu’est né le Programme d’activités sportives et récréatives pour les Autochtones, créé pour accroître les possibilités de sport et de loisirs pour les Autochtones dans les réserves et en dehors de celles-ci. De 1972 à 1981, le programme a prospéré grâce aux organisateurs autochtones qui, dans tout le pays, ont coordonné des activités locales, régionales et nationales dans le cadre d’un large éventail de manifestations visant à résoudre des problèmes communautaires urgents découlant du colonialisme, telles que les taux alarmants de suicide, la toxicomanie, les taux élevés d’abandon scolaire et la violence au sein des familles. Bien que le programme ait prospéré, il a été interrompu en mars 1981 lorsque le gouvernement fédéral a modifié ses priorités, passant de la participation de masse au développement du sport d’élite.

L’accent étant désormais mis sur les résultats compétitifs, les examinateurs du Programme de sport et de loisirs autochtones ont conclu que la gamme d’activités encouragées par les organisateurs autochtones comme les activités ‘culturelles’ par opposition aux sports organisés, dépassait la portée des initiatives que le financement était censé soutenir et que les programmes élaborés par les organisateurs autochtones ne produiraient pas les résultats de haute performance souhaités par le gouvernement fédéral. Cependant, à cette époque, des organisations sportives autochtones ont été créées dans chaque province et territoire, avec pour mandat de développer des activités dans leur région. Ces organismes sont les précurseurs des organismes provinciaux et territoriaux de sport autochtone (OPSA) qui constituent aujourd’hui les membres du Cercle sportif autochtone (CSA), la voix nationale du sport autochtone au Canada.

Aujourd’hui, le déséquilibre des pouvoirs et l’accès inégal aux ressources, aux connaissances et aux capacités entre le système sportif autochtone et le système sportif conventionnel ont été partiellement corrigés en ce sens que les OPSA et le CSA bénéficient d’un soutien plus cohérent qu’auparavant. Pour renforcer le système sportif autochtone, les gouvernements et les autres bailleurs de fonds devront adapter la façon dont ils soutiennent le sport autochtone en proposant des accords pluriannuels afin de mettre fin au cycle annuel d’incertitude, et favoriser la collaboration entre les administrations publiques, comme le sport, l’éducation et la santé, pour qu’un plus grand nombre de peuples autochtones puissent utiliser le sport pour s’attaquer aux enjeux critiques auxquels ils sont confrontés.

2) Revitaliser les sports traditionnels autochtones

Tom Longboat (1887-1949), coureur canadien, à côté de trophées, le 22 avril 1907. Longboat était l’un des meilleurs marathoniens du monde pendant la décennie qui a précédé la Première Guerre mondiale (Photo : Charles A. Aylett, Bibliothèque et Archives Canada, C-014090.)

Avant l’arrivée des Européens, les peuples autochtones avaient leurs propres sports et jeux. Leurs activités, enracinées dans leur mode de vie, leur spiritualité et leur vision de l’univers, étaient parfaitement adaptées à la vie sur la terre. Il est difficile de dire combien de sports et de jeux autochtones existaient avant l’arrivée des Européens. Chaque nation, communauté et famille autochtone devait avoir ses propres pratiques, dont certaines étaient partagées entre les groupes et les régions, alors qu’ils voyageaient d’un endroit à l’autre, rencontrant, saluant, négociant et s’engageant dans des compétitions et des cérémonies avec d’autres peuples autochtones.

Les statistiques linguistiques actuelles donnent une indication de la diversité des pratiques culturelles physiques autochtones. Sur la base des données de l’enquête de 2021, Statistique Canada a indiqué que plus de 70 langues autochtones sont encore parlées au Canada, bien que ce nombre diminue à un rythme inquiétant, avec 4,5 % de moins de personnes autochtones déclarant pouvoir tenir une conversation dans une langue autochtone et 7,1 % de moins de personnes autochtones déclarant qu’une langue autochtone est la première langue qu’elles ont apprise à la maison (en baisse par rapport aux données de 2016). Ces statistiques sont d’autant plus inquiétantes que l’UNESCO a estimé en 2010 que toutes les langues autochtones du Canada étaient en danger, ce qui a incité le gouvernement fédéral à créer la Loi sur les langues autochtones en 2019 pour les préserver, les promouvoir et les revitaliser. Le nombre de langues encore utilisées aujourd’hui est important, car il indique le nombre de nations autochtones différentes encore présentes et leur détermination à maintenir leur langue en vie. Chaque nation aurait également pratiqué sa propre collection de sports et de jeux, ce qui signifie que la culture physique autochtone avant la colonisation, tout comme les langues autochtones, aurait été extrêmement riche et variée.

Bien que le colonialisme ait fait disparaître une grande partie de la culture physique autochtone, certains éléments de cette culture sont encore visibles aujourd’hui. Le jeu de crosse des Haudenosaunee (Mohawk) en est un exemple. Si la plupart des non Haudenosaunee connaissent la version compétitive, le jeu dont le Montréalais William George Beers s’est approprié dans la seconde moitié des années 1800 (et qu’il a ensuite interdit aux ligues), peu de gens savent que les formes traditionnelles de crosse sont encore pratiquées pour des raisons cérémonielles au niveau de la communauté. Pour les Haudenosaunee, la crosse n’a jamais été un simple sport.

Les jeux des Inuits et des Dénés du Grand Nord en sont un autre exemple. Ils s’inquiétaient de voir leurs jeunes perdre leur sens de l’identité, qui était enraciné dans la terre. Comme ils ne dépendaient plus de la terre pour assurer leur subsistance, ils ont transformé leurs sports et leurs jeux en compétitions modernes pour rappeler à leurs jeunes qui ils sont et leur inculquer la fierté de leur culture. Les Jeux inuits et dénés, qui font désormais partie des Jeux d’hiver de l’Arctique, sont un élément institutionnalisé du système sportif canadien.

Les jeux et sports traditionnels autochtones constituent toujours un élément essentiel de la transmission de la culture autochtone, bien qu’ils soient eux aussi en voie de disparition, peut-être même plus que les langues autochtones. Mais contrairement aux langues autochtones, il n’existe pas de statistiques permettant de savoir combien d’Autochtones pratiquent leurs sports et leurs jeux aujourd’hui, où ils ont appris à les pratiquer (à la maison, à l’école ou lors d’un rassemblement communautaire), à quelle fréquence ils jouent ou participent à des compétitions, ou pourquoi ils le font. Le manque d’informations favorise le peuplement colonialiste, qui consiste à expulser les peuples autochtones de leurs terres en effaçant leurs cultures et leurs identités. Bien que les peuples autochtones du Canada travaillent dur pour maintenir leur culture en vie, il reste encore beaucoup à faire en ce qui concerne leurs jeux et sports traditionnels.

Greg Henhawk, leader d’opinion autochtone, affirme que la littératie physique est comme une rivière : “Si vous vous rendez aujourd’hui dans une rivière et que vous vous baignez […], vous pouvez vous rendre dans la même rivière le lendemain, et vous n’êtes pas dans la même eau. Je considère la littératie physique de la même manière. […] En vieillissant, vous devez vous adapter, je me rends compte qu’en vieillissant, mon corps change.”

“Lorsque ma sœur et moi étions en compétition pour le Canada, nous avions l’impression que toute la population autochtone reposait sur nos épaules”, déclare Sharon Anne Firth, une survivante des pensionnats et de l’Indian Day School qui a participé à quatre Jeux olympiques. Sharon Anne Firth parle de la santé mentale, de son expérience en tant qu’athlète autochtone et de ce que la vérité et la réconciliation signifient pour elle dans le SIRCuit.

Dans le Nord du Canada, les possibilités de développement du sport pour les jeunes peuvent être rares et espacées. La petite taille des populations, les grandes distances entre les communautés et les ressources limitées créent des obstacles à la programmation sportive. Mais les partenariats entre différents sports offrent une occasion unique aux jeunes de profiter des avantages de la participation à plusieurs sports. Ils peuvent également augmenter le nombre de participants et limiter la charge imposée aux organisations sportives individuelles.

Trois aspects sont sur le radar de la Dre Chantale Lussier, consultante en performance mentale, lorsqu’elle pense aux approches inclusives de la santé mentale : le culturel (individualiste vs collectiviste), le relationnel (intrapersonnel vs interpersonnel) et le philosophique (laïque vs spirituel). “La santé mentale, c’est ce qui se passe entre nous, et pas seulement ce qui se passe en nous”, dit la Dre Lussier.

“Il y a des raisons pour lesquelles les personnes de race noire, les Autochtones, les personnes de couleur, les personnes ayant un handicap, les 2SLGBTQ+ et les néo-Canadiens ne choisissent pas le hockey et nous avions vraiment besoin d’entendre ces personnes afin d’informer et d’apporter des changements positifs”, a déclaré Dean Smith, président du groupe de travail sur la diversité et l’inclusion de Hockey Nouvelle-Écosse. Plus de 800 personnes ont répondu au sondage du groupe de travail sur la façon de rendre le hockey plus inclusif, équitable et diversifié. Apprenez-en davantage sur ce qu’ils avaient à dire.


Points saillants :


La première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation a eu lieu le 30 septembre 2021. Cette journée rend hommage aux survivants du système des pensionnats, à leurs familles et à leurs communautés. Peu de temps après cette journée, le SIRC a eu l’occasion de s’entretenir avec Mme Sharon Anne Firth, une survivante des pensionnats et de l’Indian Day School. Elle est aussi l’une des premières femmes autochtones gwich’in, avec sa sœur jumelle, Shirley, à participer à quatre Jeux olympiques d’hiver. Nous avons parlé à Mme Firth de la santé mentale, de son expérience en tant qu’athlète autochtone et de ce que la vérité et la réconciliation signifient pour elle. Nous avons également invité la Dre Chantale Lussier, une consultante en performance mentale très recherchée, à prendre part à cette conversation. Basé sur ces conversations, le présent article examine les considérations relatives à la santé mentale des participants sportifs autochtones et ce que ces considérations signifient pour la vérité et la réconciliation.

Une conversation avec la Dre Sharon Anne Firth (SAF)

SIRC : Racontez-moi comment vous avez commencé à faire du sport et ce que cela a apporté à votre santé mentale et physique.

Sharon Firth headshot
Le Dr Sharon Anne Firth, l’une des premières femmes autochtones gwich’in, aux côtés de sa sœur jumelle, Shirley, à participer à quatre Jeux olympiques d’hiver.

SAF : Lorsque ma sœur Shirley et moi avons été initiées au ski de fond dans le Nord, nous trouvions que c’était amusant et nous avons pu rencontrer de nouvelles personnes, même dans notre communauté. Puis c’est devenu une occasion de voyager et de voir le monde. Ma sœur et moi avons saisi l’occasion, car nous venions d’une famille de 13 personnes et nous n’aurions jamais pu voyager en dehors d’Inuvik ou des Territoires du Nord-Ouest.

Lorsque nous avons adhéré à ce sport, il nous a appris à prendre soin de nous, mentalement et physiquement. C’est un sport qui nécessite beaucoup de pratique et d’imitation. Il est important de comprendre pourquoi on le pratique, en quoi consiste l’entraînement et ce qu’il nous apporte à long terme. Quand on est en excellente condition physique, on se sent très bien. Tout est facile et amusant, et on aime ce que l’on fait. Donc, c’est un sport sain. C’est une façon saine de rester positif. Nous avions vraiment besoin de cela.

SIRC : Pourquoi dites-vous que le sport est quelque chose dont vous aviez besoin pour rester en bonne santé et rester positive?

SAF : Le pensionnat et l’Indian Day School nous ont aidés de bien des façons, mais ils nous ont aussi détruits de bien des façons. Ils ont brisé notre unité familiale. Certaines personnes ont bénéficié de l’éducation, d’autres non. Je pensais que j’étais assez solide. Je pensais que j’avais vraiment un esprit fort et sain. Mais en vieillissant, j’ai réalisé à quel point ma santé mentale était endommagée à cause des horribles, horribles, horribles coups reçus au pensionnat et à l’Indian Day School. Et il y avait des séparations entre les élèves catholiques et anglicans, et on ne pouvait pas jouer les uns avec les autres. Les non-Autochtones nous ont séparés et nous avons commencé à nous trouver des défauts les uns aux autres, alors qu’avant nous ne voyions pas ces défauts. Nous voyions simplement nos amis et notre famille se réunir. Même aujourd’hui, en tant qu’Autochtone, je pense que nous devons parfois travailler plus fort pour être acceptés. Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas pourquoi nous devons travailler si fort pour être acceptés.

SIRC : Quel effet cela fait-il d’être l’une des premières femmes autochtones gwich’in, avec votre sœur jumelle, à représenter le Canada aux Jeux olympiques d’hiver?

Un groupe de skieurs athlètes sport de ski de fondSAF : Si j’entre dans une pièce et que personne ne sait qui je suis, je fais exprès de ne pas parler de ma carrière et de mes réalisations parce que je veux voir comment on me traite. Et dès que quelqu’un dit : « Sharon est quatre fois olympienne », tout change. Les gens me regardent différemment, et ils me traitent différemment.

Mais tout le monde ne va pas aller à 4 Jeux olympiques. Tout le monde ne montera pas sur le podium. Tout le monde ne va pas se lancer dans le sport. On ne peut pas être bon dans tout. Et bien souvent, je me suis sentie déchirée parce que mes attentes en matière de réussite étaient si élevées. Lorsque ma sœur et moi étions en compétition pour le Canada, nous avions l’impression que toute la population autochtone était sur nos épaules. Les gens nous regardaient et parce que nous ne gagnions pas de médaille d’or, ils pensaient peut-être que nous n’étions pas assez bonnes.

Alors, ma sœur et moi avons appris que, oui, nous représentions notre peuple. C’était un honneur et un privilège de le faire, et nous étions toujours ouvertes pour parler avec notre peuple et ne pas les mettre de côté, et rester humbles parce qu’ils nous soutiennent. Le fait d’avoir ce soutien les uns des autres, de notre famille et de nos communautés nous a aidés à réaliser notre potentiel à nos propres conditions.

SIRC : Quels ont été les défis que vous avez dû relever en tant qu’athlète? Comment ces défis jouent-ils un rôle dans la santé mentale?

SAF : Souvent, lorsque nous nous entraînions, nous n’avions pas d’argent pour acheter de la nourriture de bonne qualité. En tant qu’athlètes pauvres, il nous arrivait de ne pas manger trois repas complets par jour. Alors, faire tout cet exercice sans remplacer les calories que nous avons brûlées, c’est dommageable. Cela crée des problèmes mentaux parce que vous allez vous coucher affamé. Je ne sais pas si d’autres athlètes ont vécu ça, mais je sais que nous, oui.

Une bonne alimentation est un obstacle majeur à la santé physique et mentale des habitants du Nord, et cela peut créer un stress supplémentaire pour les athlètes. Lorsque nous avons grandi à Inuvik, tous nos fruits et légumes frais étaient envoyés par barge et nous devions manger tous ces aliments avant qu’ils ne pourrissent. C’est moins un problème aujourd’hui, mais l’insécurité alimentaire dans les communautés du Nord est toujours un gros problème. Et même dans le Sud, dans les réserves, l’eau n’est pas bonne. Et sansA Indigenous coach and her athlete talk during a competition eau potable, on meurt pour ainsi dire, parce que vous vous tournez alors vers la malbouffe et les boissons sucrées et autres choses du genre.

Un autre défi est le manque de ressources. Dans certaines communautés du Nord, les soins de santé consistent en un poste de soins infirmiers avec un seul membre du personnel. Et ce membre du personnel peut être une infirmière diplômée ou un bénévole. Ce n’est pas la même chose que dans le Sud. Je pense que les réserves sont les mêmes, mais ils n’ont pas les ressources.

SIRC : Que peuvent faire les organisations sportives pour favoriser le bien-être mental des participants autochtones?

SAF : Ma sœur m’a toujours dit : « Nous aimons la race humaine ». Alors, montrons-le. Nous ne pouvons pas tout faire nous-mêmes; nous avons besoin les uns des autres. Si quelqu’un demande de l’aide, nous ne pouvons pas lui dire de revenir demain et d’attendre de voir ce qui se passe. Donnez ce que vous pouvez maintenant, car qui sait ce que demain apportera?

Depuis le 30 septembre, première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, mon objectif est de ne faire aucune discrimination et d’accepter tout le monde. Pour moi, il est important d’être aussi positive que possible. Je ne vais pas toujours être positive, je ne vais pas toujours être heureuse parce que nous ne sommes pas des personnes parfaites. On ne peut pas attendre la perfection des gens parce que nous sommes tous imparfaits. Nous devons réapprendre et nous enseigner de nouveau ce que c’est que l’amitié, car nous voulons tous des amis.

Le sport et l’éducation vont de pair. Donc, en ce qui concerne les problèmes de santé mentale, je pense qu’il est important d’être très gentil avec nos paroles et avec la façon dont nous parlons à toutes les races, parce que le Canada est un pays multiculturel. Il est important de ne pas faire de discrimination, car nous sommes tous liés d’une manière ou d’une autre. Concentrez-vous sur ce que vous voyez de bien, pas sur les défauts. Il s’agit de garder son esprit, son cœur et ses paroles en bonne santé.

SIRC : Avez-vous une dernière pensée que vous aimeriez laisser à nos lecteurs?

Group of indigenous people putting their hands in during a discussion.SAF : Je me souviens qu’il y a quelque temps, une dame âgée m’a dit que nous devions nous épanouir là où nous sommes plantés. Nous sommes tous à la recherche de tout dans le monde d’aujourd’hui, et nous n’allons pas obtenir toutes les bonnes réponses. Et cette phrase, s’épanouir là où on est planté, est puissante parce que vous devez commencer à penser : « c’est ici que je vis, donc je dois en tirer le meilleur parti. »

Quant au mot « réconciliation », je ne sais même pas ce qu’il signifie. Avec la vérité et la réconciliation, je peux sérieusement travailler sur le côté de la vérité. Parce que nous voulons tous la vérité. Donc, si nous voulons aider, nous devons être honnêtes avec nous-mêmes, et honnêtes avec les personnes auxquelles nous avons affaire. Et parfois, c’est très effrayant. C’est très effrayant parce que vous pensez que les gens vont commencer à vous juger à ce moment précis. Mais nous devons vraiment nous concentrer sur nous-mêmes et sur ce que nous offrons à la société de manière honnête et sincère, car les gens vont faire leur propre choix, qu’il soit bon ou mauvais.

Je ne peux pas penser pour quelqu’un d’autre. Je ne veux pas donner quelque chose que je ne connais pas. Tout ce que je fais dans ce domaine, c’est parler de ma propre expérience. Cette vérité et cette réconciliation, c’est vraiment déroutant, et vous ne pouvez plus rien balayer sous le tapis, parce que certains d’entre nous n’ont pas de tapis. Je vais donc terminer sur cette note : « Nous devons nous épanouir là où nous sommes plantés ».

Réflexions de la Dre Chantale Lussier (CL)

SIRC : Comment croyez-vous que la santé mentale est généralement perçue ou conceptualisée au Canada?

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Dr Chantale Lussier, consultante en performance mentale et fondatrice et directrice générale d’Elysian Insight.

CL : Je crois que j’essaie encore de comprendre et de définir ce que signifie pour moi la santé mentale. Souvent, quand on parle de santé mentale, on fait en fait référence à la maladie mentale ou aux « malaises », et je mettrais ce terme entre guillemets. Ce que je veux dire par là, c’est que nous utilisons le plus souvent le terme « santé mentale » lorsque nous sommes en difficulté, lorsque nous ne sommes pas bien. Mais à quoi ressemble la santé mentale quand je vais bien, ou quand je suis organisée? Je veux essayer de ne pas considérer la santé mentale uniquement sous l’angle du malaise, car même si nous avons tous des difficultés, je ne pense pas que les êtres humains soient brisés. Ainsi, lorsque nous parlons de santé mentale, je suis toujours à la recherche de la résilience, de la force et de l’espoir. Qu’est-ce qui nous fait revenir à la vie? Un mot qui est vraiment important pour moi en ce moment est vitalité. Quand est-ce que je sens cette force vitale en moi? Et comment puis-je la cultiver davantage? Pour moi, c’est la santé mentale.

Je pense que dans le monde occidental, et certainement dans le sud du Canada, nous avons tendance à être une société très individualiste. Nous oublions que la santé mentale a aussi une composante collective. Est-ce que je me sens connecté? Est-ce que j’ai un sentiment d’appartenance? Est-ce que je me sens accepté? Il y a des composantes de la santé mentale qui se produisent au niveau individuel, mais je pense que nous oublions que la santé mentale a aussi une composante sociale. Lorsque nous sommes épanouis, ce n’est pas seulement sur le plan individuel, mais aussi sur le plan interpersonnel.

SIRC : En entendant Sharon parler de certains des défis auxquels elle a été confrontée, comment pensez-vous que l’accès à des nécessités comme l’eau potable et une alimentation adéquate joue un rôle dans la santé mentale des participants sportifs autochtones?

CL : C’est très important d’entendre ce que Sharon vient de dire, car il y a beaucoup de Canadiens qui n’ont même pas accès à l’eau potable ou qui luttent contre l’insécurité alimentaire. Et que disons-nous aux athlètes et aux entraîneurs? Prenez soin de votre corps. Mangez sainement. Quand je pense à la santé mentale, nous oublions souvent que le cerveau fait partie de notre corps. Donc, comme Sharon l’a dit, si nous n’avons pas accès, par exemple, à de l’eau potable, mais que nous avons accès à des boissons gazeuses, notre glycémie peut ne pas être constante, notre niveau d’hydratation peut ne pas être bon. Peut-être que notre niveau de stress est élevé parce que nous ne savons pas ce que sera notre prochain repas. Si nous travaillons dans le domaine de la santé mentale, nous ne pouvons pas tenir pour acquis que trois repas par jour sont la norme pour tout le monde. Nous ne pouvons pas tenir pour acquis que les fruits et légumes frais sont la norme pour tout le monde. Nous devons vraiment tenir compte de ce qui se passe au niveau de la santé du cerveau, ainsi que de la santé cognitive et émotionnelle des gens.

SIRC : Quels autres éléments devons-nous prendre en compte pour soutenir la santé mentale et le bien-être des athlètes autochtones?

A female athlete in a locker room dealing with mental healthCL : La connaissance de la santé mentale est vraiment importante, et nous l’apprenons de manière formelle ou informelle. Nous apprenons des choses tous les jours grâce à la modélisation par d’autres personnes de ce qui est ou n’est pas important en matière de santé mentale. Par exemple, j’ai grandi dans une famille qui n’était pas parfaite. Il y avait des traumatismes dans ma famille et des gens qui avaient des problèmes de santé mentale. Et j’ai appris certaines choses à ce sujet. Ainsi, lorsque nous parlons des obstacles à la santé mentale, la première chose que nous devons demander est la suivante : Qu’est-ce que j’ai appris en grandissant (que ce soit dans le sport, à l’école ou dans ma famille) qui fait qu’il est acceptable ou tabou de parler de santé mentale? Y a-t-il des obstacles à la demande d’aide? Les choses que nous apprenons dans nos familles et dans notre société au sujet de la toxicomanie, des traumatismes ou du deuil restent en nous. Les expériences décrites par Sharon en matière de discrimination, de pensionnat, de rupture des systèmes familiaux et de traumatisme intergénérationnel sont autant d’expériences qui influent sur la santé mentale et le bien-être de nombreux athlètes autochtones. C’est là que nous devons être attentifs et à l’écoute des communautés que nous voulons aider.

SIRC : En quoi la lentille que nous utilisons pour aborder la santé mentale avec les participants sportifs autochtones doit-elle être différente? Qu’est-ce qui est nécessaire pour rendre les approches actuelles de la santé mentale plus inclusives?

CL : Pour moi, en tant que consultante en performance mentale, il y a trois grandes choses sur mon radar auxquelles je dois continuer à être attentive et à apprendre davantage. La première est l’idée qu’il y a des endroits et des cultures qui ont tendance à être plus individualistes, et d’autres qui ont tendance à être plus collectivistes. Le Canada en général a tendance à être considéré comme une société individualiste, et les approches canadiennes en matière de santé mentale sont souvent vues à travers une lentille individualiste. Je peux me tromper, mais je ne pense pas que beaucoup d’Autochtones se considèrent et considèrent leurs communautés de manière individualiste. Je pense que c’est là que nous échouons lorsqu’il s’agit d’aider les personnes de diverses origines et cultures au Canada. Des cultures où la famille et la structure sociale sont des éléments essentiels de l’identité, sans parler de la santé mentale. 

NWT athletes playing doubles in badmintonDeuxièmement, je pense qu’une grande partie du domaine de la psychologie a été axée sur l’élément intrapersonnel. Il s’est concentré sur l’individu, ses pensées, ses sentiments, son expérience et son identité. Par conséquent, les interventions que nous utilisons pour soutenir la santé mentale ont tendance à être également très axées sur l’individu. Ce n’est que lorsque j’ai été exposée aux systèmes de couples et de familles dans le cadre d’un cours de counseling que j’ai réalisé que la santé mentale ne devait pas être strictement axée sur l’individu. La santé mentale peut aussi être envisagée sous l’angle du couple, de l’unité familiale, de l’équipe sportive. Les équipes sportives peuvent renforcer la santé mentale parce qu’elles offrent un lieu d’appartenance, de connexion et d’acceptation. Mais elles peuvent tout aussi bien nuire à notre santé mentale si elles sont des espaces toxiques et peu sûrs. C’est donc une autre chose qui m’a traversé l’esprit : l’intra et l’inter-personnel, car en tant qu’individus, nous ne sommes pas complètement déconnectés des autres. Nous vivons dans des systèmes familiaux. Nous vivons dans des communautés. Nous jouons dans des équipes. La santé mentale, c’est ce qui se passe entre nous, pas seulement ce qui se passe en nous.

La troisième chose que j’ai remarquée, et qui fait partie de mon propre parcours en tant qu’être humain, c’est que ma formation en psychologie du sport était extrêmement séculaire. Franchement, elle n’était pas du tout multiculturelle. Comme j’ai commencé à élargir mes propres connaissances, j’ai suivi un cours de conseil en multiculturalisme. Parce que le monde est multiculturel et qu’en tant que personne travaillant dans les domaines de la santé mentale et de la performance, je dois être bien équipée pour rencontrer des personnes issues de nombreuses cultures différentes. Avec cela, bien sûr, vient la foi. Parce que la culture et la foi, selon l’endroit où nous avons grandi, peuvent ou non être significatives. Ainsi, lorsque je travaille avec un nouveau client, mon formulaire d’accueil comprend désormais des questions sur la culture et la foi. Ont-ils grandi en pratiquant une certaine foi? Et cette foi est-elle importante pour eux? Parce que pour certaines personnes, leur vie spirituelle peut être une partie intrinsèque de la façon dont elles font leur sport, et de la façon dont elles cultivent leur bien-être mental.

SIRC : Comment la vérité et la réconciliation jouent-elles un rôle dans votre travail de consultante en performance mentale?

CL : J’apprends lentement ce que nous avons fait au Canada. Sur les écoles résidentielles. De la vérité dont nous commençons à peine à parler. C’est une chose tellement importante à se rappeler. Quand les médecins prêtent serment, si je ne me trompe pas, une partie du serment du médecin est de ne pas faire de mal. Je pense que lorsqu’il s’agit de professions liées à la santé mentale, nous devons revenir à cela avant tout. Je peux avoir les meilleures intentions du monde en tant que praticien, mais comme l’a dit Sharon, je suis un être humain et je ne serai pas parfaite. Je dois écouter et apprendre avant de pouvoir intervenir. Mais cela demande du courage aux praticiens qui veulent aider, n’est-ce pas? Parce que c’est effrayant. Je peux faire des erreurs. Je veux sincèrement aider mes semblables, mais je ne suis pas parfaite. Donc, j’en reviens toujours à la question de savoir comment m’assurer avant tout que je ne fais pas de mal à un autre être humain. Comment puis-je vraiment écouter leurs histoires, leurs besoins. Parce qu’alors, j’aurai peut-être l’occasion d’apporter une aide véritable.

Écoutez les Drs Lussier et Firth discuter des considérations relatives au bien-être mental des entraîneurs dans la mini-série sur les entraîneurs de Sport North.