Josée Daigle est à la tête du Club de judo KIMO, situé à Saint-Hilaire, au Nouveau-Brunswick. Il ne faut que quelques secondes de discussion avec elle pour comprendre que c’est son énergie qui est le moteur de ce club qu’elle a fondé en 2009 dans le sous-sol d’une ancienne école devenu un centre communautaire. 16 ans plus tard, le club compte plus de 80 membres.
Josée Daigle a participé à quelques compétitions internationales à titre d’athlète, dont les Jeux de la Francophonie de Paris, en 1994. Son intérêt pour le sport s’est maintenu après sa carrière d’athlète et c’est en février 2009 qu’un événement marquant dans sa vie la propulsera dans une nouvelle direction : une de ses très bonnes amies décède prématurément d’un cancer. Cette amie lui a fait promettre qu’elle fonderait son propre club de judo.
Et Mme Daigle a tenu promesse.
« Je voulais vivre ce moment-là et ne pas arriver à 80 ans et regretter de ne pas avoir essayé quelque chose », souligne la femme de 48 ans.
Les défis étaient toutefois nombreux pour qu’une femme démarre un club en milieu de saison dans une petite communauté du Nouveau-Brunswick. Mais si on regarde le parcours de la résidente de Lac-Baker, il est évident qu’elle avait la détermination nécessaire pour y arriver.
Enfant, elle a touché à plusieurs sports et activités qui étaient surtout pratiqués par des filles comme la gymnastique, la danse ou les groupes de majorettes.
« J’avais un côté tom boy et j’avais envie de me tirailler. Mon frère plus vieux de 4 ans a commencé à faire du judo. »
Après un cours d’initiation au judo suivi à son école primaire, elle a informé sa mère qu’elle voulait essayer.
« Non, tous les sports que tu fais, tu as tendance à lâcher », lui a dit sa mère.
« “Non, je te promets que je ne lâcherai pas. Et que tu veuilles ou pas, je vais marcher jusqu’au cours et voir ce que c’est le judo” », a répondu la fillette pleine d’énergie, qui a continué à tenir sa promesse 40 ans plus tard, comme elle l’a fait avec son amie cancéreuse. « Et je suis tombée en amour avec le judo qui a canalisé mes énergies et m’a aidée dans toutes les facettes de ma vie. »
La coiffeuse de profession a su trouver du temps pour élever deux enfants à la maison, exercer son métier et diriger son dojo où sa fille Isabelle fait maintenant partie du groupe d’entraîneurs au sein duquel les femmes sont majoritaires. La sensei qui détient une formation partielle en activité physique à l’Université de Moncton confirme que c’est grâce à l’énergie de sa famille, ses athlètes et leurs parents que tout cela a été possible.
Inspirée par l’élite canadienne
Josée Daigle suit de près l’équipe canadienne de judo, particulièrement aux Jeux olympiques. L’impact des performances canadiennes sur la scène internationale se fait sentir lorsque de nouvelles personnes se présentent au club KIMO. L’impact des athlètes féminines de l’équipe canadienne résonne plus fort, constate madame Daigle avec bonheur.
« On est en train de performer comme femmes dans un niveau de sport élevé. Ç’a toujours été un peu plus au niveau masculin, mais là, on est encore plus qu’égales. On augmente tout le temps. Je suis vraiment fière de nos femmes, ça n’a pas de bon sens ! Elles sont en train de créer un nouveau monde ! »
Que ce soit avec les Christa Deguchi, Jessica Klimkait ou Catherine Beauchemin-Pinard qui sont montées sur le podium olympique ces dernières années, les médailles vont bien au-delà du résultat sportif.
« On avait tendance à perdre nos filles après un certain âge, mais quand on a des inspirations comme elles, on dirait qu’on les garde. Je les pousse (les athlètes féminines) à aller plus loin, que ce soit vers l’arbitrage ou le coaching, car elles peuvent être une source d’inspiration pour toutes les autres jeunes femmes. C’est important que les femmes de mon club veuillent mettre plus de temps pour aider les filles à s’accepter dans ce domaine-là. C’est difficile de persévérer et je veux leur montrer que c’est réalisable. Quand j’étais plus jeune, je me suis fait toujours dire : “Les gars sont plus forts.” Maintenant, j’agousse (je taquine) en disant que les filles sont plus fortes. »
L’esprit d’équipe
À l’époque où elle était athlète, ses l’entraîneurs l’avaient encouragée à prendre le chemin pour devenir entraîneure à son tour. Aujourd’hui, elle regarde dans le rétroviseur de sa carrière d’athlète pour s’assurer que les outils qui lui manquaient à l’époque soient accessibles à ses athlètes.
« On a de beaux programmes et de belles ressources et c’est vraiment plaisant de les partager à nos athlètes, ce que j’adore énormément. L’évolution est bonne. Et ce que j’adore de mon sport, c’est qu’il n’y a pas de préjugés. Tout le monde peut participer, peu importe ta grosseur ou ta grandeur, il y a toujours quelque chose pour toi au judo. C’est tellement important que la société le sache. »
Son dernier fait marquant, c’est aux Jeux du Canada 2023, à l’Île-du-Prince-Édouard, qu’elle l’a vécu à titre d’entraîneure féminine de l’équipe néo-brunswickoise.
« Les filles, ça n’a pas pris de temps qu’elles ont été féroces, intuitives et ont fait preuve d’une belle camaraderie ensemble. Ç’a été ma plus belle année. Quand elles gagnaient, c’était comme si c’était moi qui gagnais. Nous étions toutes connectées. Et en plus, nous avons gagné une médaille de bronze (à la compétition par équipe féminine). »
Pour ajouter à cette fierté, ses protégées ont remporté le titre de l’équipe de l’année, tous sports confondus, au Gala annuel des Prix sportifs du Nouveau-Brunswick, en 2023.
« Avant le gala, je savais que l’équipe gagnerait le prix. Je suis le genre de personne qui n’est pas capable de garder un secret. Tu peux m’en dire un au salon de coiffure, mais dans la vraie vie, si c’est super bon, je veux le partager avec tout le monde. »
Comme elle le fait avec sa passion pour le judo.
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