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Les parents, promoteurs d’expériences sportives positives pour les jeunes 

Les parents représentent l’un des principaux agents sociaux dans l’environnement sportif des jeunes. On fait souvent appel à eux pour faciliter les éléments essentiels de la participation des jeunes au sport, tels que le soutien matériel (frais d’inscription et de déplacement, achat d’équipement, bénévolat) et émotionnel, comme l’encouragement et la rétroaction pour les athlètes (Dorsch et al., 2021 ; Harwood & Knight, 2015). Il a été démontré que les interactions sociales des parents dans l’environnement sportif et les comportements de soutien influencent la qualité des expériences sportives des jeunes athlètes et les résultats développementaux découlant de la pratique sportive (Tamminen et al., 2017). Bien que la littérature existante fournisse de bonnes informations sur le rôle des parents dans la facilitation d’expériences sportives de qualité liées à la performance, à la participation et au développement personnel, des questions subsistent quant aux raisons pour lesquelles les parents adoptent encore fréquemment des comportements négatifs lors d’événements sportifs. 

Les parents, promoteurs d’expériences sportives négatives chez les jeunes

Bien que l’on puisse supposer que les parents des sportifs cherchent à favoriser des résultats positifs pour leurs enfants, les cas où leurs comportements conduisent à des interactions négatives avec les entraîneurs, les gestionnaires de programmes, les arbitres ou les autres parents sont également fréquents. Par exemple, dans divers contextes sportifs pour les jeunes, il est courant d’observer des scènes où les parents expriment leurs opinions avec passion, souvent par des comportements perturbateurs et des échanges houleux avec les entraîneurs et les arbitres. Les médias montrent souvent ces parents comme étant erratiques ou incontrôlables, éclipsant ainsi l’essence même des précieuses leçons que le sport jeunesse vise à transmettre. Les interventions des organisations sportives pour lutter contre ces comportements négatifs ont inclus l’élaboration de codes de conduite et de formations pour les parents, mais leur succès a été quelque peu limité (p. ex., Dorsch et al., 2019 ; Christofferson & Strand, 2016 ; Reynolds, 2021). 

Sous la surface des débats animés sur la ligne de touche se cache un récit qui n’a pas encore été exploré, un récit qui plonge dans les complexités de l’implication des parents. Il s’agit d’une exploration plus profonde, au-delà de la surface, des complexités et des valeurs sous-jacentes, des pensées et des préoccupations qui influencent les comportements des parents. Cette exploration nécessite un récit nuancé reconnaissant les différents défis, rôles et objectifs qui influencent les actions et les réactions des parents.  

Souvent, les parents n’ont pas de moyens hors de l’arène publique pour parler, sans être jugés, de leurs expériences personnelles et de l’implication de leurs enfants. Il est essentiel de comprendre les motivations et les capacités uniques des parents, au-delà du simple affichage de comportements positifs ou négatifs lors des compétitions. Pour vraiment comprendre la dynamique de l’engagement des parents dans le sport jeunesse, il est essentiel de reconnaître la nature multidimensionnelle des rôles de ce groupe et de fournir des plateformes permettant une expression plus nuancée et plus authentique de leurs expériences et de leurs préoccupations. 

Les parents en tant que consommateurs de l’expérience sportive des jeunes 

Bien que les jeunes athlètes représentent les utilisateurs des programmes sportifs pour la jeunesse, les parents sont étroitement impliqués dans le processus de prise de décision lié à l’inscription de leurs enfants aux programmes. Les gestionnaires sportifs doivent saisir les éléments qui façonnent l’opinion des parents sur la qualité de la conception des programmes sportifs pour les jeunes, sur leur utilisation des services sportifs pour les jeunes et sur les effets de ces programmes sur leurs enfants.  

Il existe des preuves qui suggèrent que la décision des parents d’inscrire leurs enfants au sport peut être influencée par plusieurs variables, telles que les avantages potentiels perçus du sport, et que ces processus de prise de décision peuvent être liés aux perceptions de satisfaction et d’engagement des parents à l’égard des programmes de sport (Green & Chalip, 1998). Pour que les gestionnaires sportifs puissent concevoir et offrir des programmes de haute qualité, il serait bénéfique de mettre en place des mécanismes permettant de compiler les perceptions et les expériences des parents à l’égard des programmes sportifs de leurs enfants et de les intégrer au processus de planification et de prise de décision du programme. 

Les principales lacunes des recherches antérieures portant sur les parents et les interventions visant à améliorer le comportement des ceux-ci dans le sport jeunesse sont que les parents sont souvent considérés comme des “problèmes” plutôt que comme des ressources. Les chercheurs ont négligé les déterminants des comportements parentaux, notamment la motivation, les capacités et les possibilités de contribution des parents. Au lieu de cela, les travaux antérieurs se sont principalement concentrés sur la réduction ou la modification des comportements négatifs des parents. Il est essentiel de reconnaître que, en général, les comportements négatifs des parents dans le sport jeunesse sont le produit d’un conflit entre la perception qu’ont les parents de ce que “le sport jeunesse devrait être” et de ce que “le sport jeunesse est vraiment”. Par exemple, les parents investissent des ressources importantes en tant que consommateurs de la participation sportive de leurs enfants, mais ils n’ont souvent pas les moyens de fournir une rétroaction sur ce qu’ils pensent de leur expérience (Murata & Côté, 2022).  

Les parents sont des spectateurs qui entretiennent des liens étroits avec d’autres parents, mais ces relations sont rarement valorisées par les organismes de sport (Strydom et al., 2023). Dans d’autres cas, les parents agissent en tant qu’entraîneurs bénévoles, ce qui exige une connaissance spécialisée du sport, sans formation appropriée ni lignes directrices en matière d’entraînement (Kurtz-Favero et al., 2023). Enfin, les parents s’engagent souvent dans les activités sportives de leurs enfants en tant qu’amis qui les soutiennent, un rôle qui est rarement reconnu et compris (Hunter Smith & Côté, 2023). La complexité et les contradictions occasionnelles de ces rôles peuvent entrer en conflit avec le lien émotionnel de chaque parent qui veut ce qu’il y a de mieux pour ses enfants tout en investissant dans des activités intangibles (le sport) dans lesquelles il n’a que peu d’influence. Essentiellement, les organismes de sport doivent comprendre le caractère unique et exigeant des rôles des parents afin de mieux apprécier la participation et les contributions potentielles de ces groupes au système sportif pour les jeunes. 

Le rôle des organisations sportives 

Les organisations sportives pourraient tirer profit de la mise en place de mécanismes permettant de mieux comprendre les valeurs, les émotions et les pensées qui influencent les comportements des parents dans des contextes sportifs spécifiques. Cela implique la mise en place d’un système de communication qui permet de maintenir un dialogue ouvert sans imposer de longues tâches aux parents ni exiger d’eux une formation supplémentaire. Vous trouverez ci-dessous sept activités pratiques qui peuvent (a) favoriser de meilleures relations avec les parents, (b) permettre aux parents de mieux comprendre les objectifs d’une organisation et (c) enfin, minimiser les comportements négatifs des parents.     

  1. Créer des outils qui permettent aux parents de donner régulièrement leur avis: Mettez en place des mécanismes de rétroaction réguliers, tels que des enquêtes ou des évaluations, afin de recueillir les commentaires des parents sur leurs expériences et leurs préoccupations. Utilisez cette rétroaction pour apporter des ajustements et des améliorations si nécessaire. 
  2. Introduire et faciliter les forums en ligne: Créez des forums en ligne, des groupes de médias sociaux ou des communautés virtuelles où les parents peuvent se rencontrer et partager leurs expériences, leurs défis et leurs succès. Ces plateformes peuvent favoriser le soutien par les pairs et fournir un espace où les parents peuvent apprendre les uns des autres. 
  3. Mettre en place des programmes de mentorat entre parents: Mettez en place des programmes de mentorat dans lesquels des parents expérimentés et compétents conseillent les nouveaux parents. Ce système de soutien de pair-à-pair peut s’avérer très utile pour partager des idées, des préoccupations et des bonnes pratiques. 
  4. Établir des partenariats parents-entraîneurs: Mettre en place une structure formelle pour faciliter la communication et la collaboration entre les parents et les entraîneurs. Dans le cadre de cette structure, les entraîneurs peuvent organiser des réunions régulières pour discuter des objectifs de l’équipe, des attentes et de la façon dont les parents peuvent contribuer positivement à l’expérience sportive. 
  5. Développer des ressources vidéo qui modélisent des comportements parentaux positifs: Développer et partager des ressources vidéo qui mettent en évidence des comportements parentaux positifs et démontrent des stratégies de communication efficaces. Les vidéos peuvent être un moyen puissant et attrayant de transmettre des informations et d’impliquer les parents. 
  6. Fournir un renforcement positif et une reconnaissance: Reconnaissez et célébrez les parents qui adoptent des comportements positifs et font preuve d’esprit sportif. Reconnaître et récompenser publiquement les comportements souhaitables peut motiver les autres parents à faire de même. 
  7. Proposer aux parents des ressources fondées sur des données probantes: Divers documents peuvent être fournis aux parents afin qu’ils acquièrent des connaissances précieuses sur les subtilités du sport jeunesse, en offrant des informations fondées sur des données probantes, des conseils pratiques et des stratégies efficaces pour jouer leur rôle et soutenir le parcours sportif de leurs enfants. Qu’il s’agisse d’explorer des sites web réputés, des blogues perspicaces ou des articles complets rédigés par des chercheurs, de se plonger dans des guides d’éducation parentale ancrés dans la recherche sur le sport chez les jeunes ou de bénéficier de programmes de collaboration favorisés par des partenariats entre chercheurs et praticiens, ces diverses ressources visent à doter les parents des connaissances et des outils nécessaires pour améliorer leur engagement. 

En conclusion, l’évolution du sport chez les jeunes nécessite une approche holistique qui non seulement comprend et responsabilise les parents, mais établit également des modes de communication permanents et significatifs. En reconnaissant les parents comme des contributeurs inestimables et en comprenant la dynamique complexe de leurs rôles, les organisations sportives peuvent créer un environnement dans lequel chaque parent a le sentiment de faire partie intégrante du parcours sportif de son enfant. Ce passage d’un discours centré sur les problèmes à un discours de collaboration et de compréhension est essentiel pour le développement holistique de tous les membres impliqués dans le système sportif de la jeunesse. 

Des clubs de ski universitaires de l’Université de l’Alberta au Birkebeiner canadien en passant par les Jeux olympiques, les femmes ont toujours fait partie du milieu des sports d’hiver. 

Lorsque Lyndsay Conrad s’est plongée dans ses recherches d’archives sur l’histoire du ski en Alberta au début du XXe siècle, elle s’est aperçue que les femmes étaient absentes des récits habituels, mais qu’elles sont très présentes dans des anciens annuaires de l’Université de l’Alberta datant des années 1930.  

“Nous avons constaté qu’il fallait creuser un peu plus pour trouver des données sur les femmes,” explique Mme Conrad, étudiante de premier cycle à la Faculté de kinésiologie, de sport et de loisirs. 

Aujourd’hui, Mme Conrad et ses collègues de l’équipe de recherche ‘Ski Like a Girl’ (Skier comme une fille) de l’Université de l’Alberta s’efforcent de faire en sorte que l’histoire des femmes et des filles dans le ski nordique soit rappelée et entendue. 

“Les femmes étaient des skieuses, mais aussi des dirigeantes et des développeuses de clubs de ski, de l’industrie du ski et du tourisme,” explique PearlAnn Reichwein, professeure à la Faculté de kinésiologie, de sport et de loisirs, et chef de l’équipe de recherche.

“Nous plaçons les femmes et les jeunes filles au premier plan de ces projets, explique Mme Reichwein. De cette manière, nous travaillons à remodeler l’histoire du ski et de l’Ouest canadien.”

Lyndsay Conrad agrandit des images de ski rares dans les archives du Whyte Museum of the Canadian Rockies à Banff. Crédit photo : PearlAnn Reichwein.

Dans un article récent, Mme Reichwein analyse les origines du Birkebeiner canadien, qui remontent à un jour d’hiver glacial lors de la première édition du loppet en 1985. Les femmes représentaient la moitié du comité d’organisation local, et les femmes et les filles participaient au loppet. 

Le parcours complet de 55 km représente l’histoire des légendaires birkebeiners norvégiens transportant un enfant, le prince Haakon Haakonson. Glenda Hanna, éducatrice de plein air, anciennement à la Faculté d’éducation physique et de loisirs de l’Université de l’Alberta, a été la première personne à porter son propre bébé en skiant. 

Mme Reichwein affirme que le Birkebeiner canadien a joué un rôle crucial dans la négociation du terrain pour le sport d’hiver et la gestion de la conservation, créant des répercussions plus larges pour un tourisme patrimonial durable dans la zone aujourd’hui incluse dans la biosphère de Beaver Hills, à l’est d’Edmonton. 

“Tout a commencé avec l’amour et la passion d’un moniteur de ski qui voulait que tout le monde pratique le ski de fond,” explique-t-elle. 

“Les moniteurs de ski de l’école de ski de fond de Riverside, les amis, les familles et bien d’autres personnes ont donné de leur temps pour que l’idée du Birkebeiner canadien devienne réalité.” 

Selon Mme Reichwein, le loppet – un événement de ski de fond à participation massive accompagné de repas et de célébrations – a été le vecteur de la philosophie du ‘sport pour tous’ des organisateurs fondateurs. Le loppet fêtera son 40e anniversaire l’année prochaine. 

En mettant l’accent sur le ski nordique, l’équipe de recherche Ski Like a Girl espère combler une lacune dans l’histoire du ski canadien et inspirer l’équité, l’inclusion et la diversité dans le sport et la vie active. 

Lyndsay Conrad, PearlAnn Reichwein et Charlotte Mitchell, historiennes de l’équipe de recherche Ski Like a Girl, à Lake Louise, en octobre 2023.

Un saut inégal 

Le saut à ski est au cœur des recherches de Charlotte Mitchell, étudiante en doctorat, et de sa carrière sportive de 12 ans au sein du club de ski nordique Altius de Calgary. 

Grâce à ses recherches, Mme Mitchell a découvert la riche histoire du saut à ski féminin, qui remonte à la fin des années 1800, lorsque ce sport était un événement populaire pour les spectateurs et que les femmes y participaient malgré les obstacles à la compétition. 

“Les femmes étaient encouragées à ne pas faire de saut à ski, explique Mme Mitchell. Leur corps était utilisé contre elles, pour empêcher les femmes de participer aux compétitions ou de s’entraîner dans le sport en général, et dans le saut à ski.”

Malgré ces limites, le saut à ski féminin s’est développé en tant que sport pendant plus d’un siècle, notamment grâce aux efforts de Mme Mitchell qui, alors qu’elle était adolescente, s’est jointe à une action en justice intentée contre le Comité d’organisation des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver par des sauteuses à ski d’élite pour protester contre la tenue d’une épreuve olympique réservée aux hommes. 

En utilisant des méthodes de recherche autoethnographiques, notamment l’écriture de non fictive créative, la photographie et la vidéographie, Mme Mitchell partage son histoire de plaignante et de saut à ski pour établir un lien avec des expériences d’exclusion plus larges dans le sport pour les femmes et les filles en ski nordique. 

“Le Canada part du principe que les choses sont plus égales ici, explique Mme Mitchell. Le fait que les Jeux olympiques d’hiver se déroulent ici sans qu’il y ait d’épreuve féminine de saut à ski a été un véritable choc.”

Mme Mitchell espère que son travail incitera les communautés sportives à repousser les limites des politiques et à donner la priorité au rassemblement pour générer des changements dans le sport et la société. 

“Ce combat n’est certainement pas terminé.”

Le sport pour tous 

Les photos trouvées dans les archives de l’Université de l’Alberta et les annuaires originaux Evergreen et Gold de la bibliothèque de l’Université de l’Alberta ont aidé Mme Conrad dans ses recherches pour partager l’histoire du club de ski universitaire. 

“Dans les années 1930, le ski nordique était un loisir hivernal de plein air très vivant, et il se pratiquait dans la vallée de la rivière, explique Mme Conrad. Les clubs construisaient leurs propres cabanes et tremplins de ski, et organisaient des compétitions ainsi que des randonnées récréatives le dimanche à partir du campus.”

L’un des principes clés du club était l’éthique du ‘sport pour tous’, qui consistait à faire skier le plus grand nombre d’étudiants possible, explique Mme Conrad. 

Le travail d’archivage a mené Mme Conrad à souligner que le club de ski universitaire a également servi d’incubateur pour les premières dirigeantes du campus, en aidant les femmes à acquérir des compétences et de l’expérience en matière de leadership. 

Parmi les anciens élèves figurent Peggy O’Meara, ancienne secrétaire-trésorière d’un club de ski devenue la première femme médecin des Forces armées canadiennes, et Marjorie Bowker, première femme juge au tribunal des affaires familiales de l’Alberta. 

“Elles ont été des leaders dans le domaine du sport à l’université et sont ensuite devenues des leaders dans leur domaine,” explique Mme Conrad. 

“J’ai trouvé que c’était assez incroyable.”

Dans les paysages enneigés du Canada, où les sports d’hiver règnent en maîtres, un changement discret tente de prendre racine; un changement qui vise à renforcer les capacités des jeunes autochtones par l’entremise du monde de la planche à neige. Dirigée par le programme autochtone de Canada Snowboard, cette initiative vise non seulement à initier davantage d’athlètes autochtones à ce sport, mais aussi à favoriser un sentiment de communauté, de fierté culturelle et d’opportunité de croissance. 

« Mon objectif est d’avoir plus d’athlètes autochtones et plus de représentation autochtone, en particulier au Canada. Chez Canada Snowboard, nous nous efforçons d’être la première nation de planche à neige au monde », déclare Quinn Thomas, coordonnateur du programme sportif de Canada Snowboard, l’une des forces motrices des efforts de revitalisation du programme.   

Le parcours du programme autochtone a commencé en 2015 avec la création de l’équipe de planche à neige des Premières nations, qui a ensuite évolué pour devenir l’Indigenous Life Sport Academy (ILSA). Depuis, le programme a fait l’objet d’une refonte, motivée par un engagement passionné à accroître la représentation autochtone au sein de la communauté de la planche à neige. Canada Snowboard s’efforce d’être un chef de file mondial dans le domaine de la planche à neige et reconnaît que pour atteindre cet objectif, il faut adopter et célébrer la diversité des cultures autochtones. 

Au cœur de la mission du programme autochtone se trouve la croyance en un leadership autochtone guidant les jeunes autochtones.

Participants à l’événement “Liam & Friends” (Alexa Pepper/COC)

« Nous voulons que les leaders autochtones dirigent les jeunes autochtones. Nous voulons honorer et préserver leur façon de faire. Cela, combiné aux renseignements fournis par Canada Snowboard sur la façon de fournir du contenu, de former des athlètes et d’amener plus de gens à faire du snowboard, explique M. Thomas. Il s’agit essentiellement de former des entraîneurs autochtones afin qu’ils puissent également former des athlètes autochtones. »

Thomas, qui est métis du côté paternel, estime que cette approche collaborative met l’accent sur le respect mutuel et le partenariat, ce qui permet aux communautés autochtones de façonner le programme en fonction de leurs besoins et de leurs valeurs propres.

La structure du programme reflète le programme général d’entraînement de Canada Snowboard, en mettant l’accent sur le développement de l’entraînement communautaire. M. Thomas a élaboré un programme d’entraînement communautaire qui est actuellement à l’essai dans Le Casier de l’Association canadienne des entraîneurs (ACE) et dont l’objectif est de montrer que la planche à neige n’est pas seulement un sport de compétition, mais aussi un sport récréatif. Son objectif est de permettre aux habitants des communautés rurales d’accéder plus facilement aux ressources et aux connaissances en matière d’entraînement, et de continuer à se développer sans avoir à se déplacer. 

Le programme d’entraîneurs communautaires fait partie de la feuille de route de M. Thomas, qui s’étend sur cinq ans. L’objectif ultime? Qu’il s’agisse d’ateliers pour entraîneurs communautaires ou de cours de moniteurs de l’Association canadienne des moniteurs de snowboard (ACMS), le programme vise à doter les entraîneurs autochtones des compétences et des connaissances nécessaires pour instruire et encadrer les jeunes de leur communauté.  

En commençant par l’instruction et l’encadrement communautaire, le programme vise à créer une base solide pour que les athlètes en herbe puissent découvrir le sport à leur propre rythme, que ce soit pour le loisir ou la compétition. Il s’agit essentiellement de faire tomber les barrières et de favoriser l’inclusion dans les sports d’hiver.  

La collaboration avec des organisations telles que l’Indigenous Sport Council of Alberta a joué un rôle déterminant dans le développement de ces initiatives. En forgeant des partenariats avec des entités telles que l’Edmonton Ski Club, des efforts ont été faits pour accroître l’accès à la planche à neige, permettant  ainsi à un plus grand nombre de familles de découvrir les joies de ce sport. Bien qu’il n’en soit qu’à ses débuts, le partenariat avec l’Indigenous Sport Council of Alberta est prometteur.  

Cependant, le cheminement n’est pas sans difficultés. Selon M. Thomas, l’accessibilité reste un obstacle important, en particulier dans les régions où l’accès aux installations de planche à neige est limité ou d’un coût prohibitif.  

« Comme pour tout ce qui dépasse le stade de la leçon, il est de plus en plus difficile de se rendre sur une piste de ski, note M. Thomas. Je pense que l’industrie pousse vraiment les gens vers les stations, mais tout ce dont vous avez besoin pour faire de la planche à neige, c’est d’une colline et de la volonté de monter et descendre et de faire quelques virages. 

Clinique de snowboard de Native Youth Outdoors, 2023 (Emily Sullivan via Liam Gill Instagram)

Pour remédier à cette situation, M. Thomas étudie des solutions novatrices telles que la création de parcs de randonnée dans les centres urbains et de bibliothèques de matériel pour offrir un accès abordable à l’équipement. M. Thomas envisage également d’établir des partenariats solides avec les organismes sportifs autochtones provinciaux et territoriaux et les associations de planche à neige, ce qui constitue une autre stratégie clé pour étendre la portée du programme. En collaborant avec les organisations existantes et les dirigeants communautaires, le programme peut tirer parti de l’expertise et des ressources locales pour soutenir la participation des Autochtones à la planche à neige. 

« Nous voulons continuer à leur faire savoir que ce sport existe et que nous voulons que vous veniez faire de la planche à neige, explique M. Thomas. Grâce à ce programme d’entraînement, nous voulons donner aux communautés les outils nécessaires pour qu’elles puissent gérer elles-mêmes ce sport. » 

Liam Gill, le seul athlète masculin autochtone de l’équipe nationale de planche à neige du Canada, a également contribué à faire connaître la planche à neige aux communautés autochtones.  

« Il [Liam] fait beaucoup pour la communauté, mais il le fait seul, note M. Thomas. Lui et sa famille sont extraordinaires. »

Gill, un athlète de 20 ans qui pratique le demi-lune, est membre de la Première nation dénée Liidlii Kue dans les Territoires du Nord-Ouest. Après avoir participé aux Jeux olympiques de 2022 à Pékin, il a attiré l’attention et le soutien des communautés autochtones de tout le pays. 

Après les Jeux de 2022, M. Gill a décidé de « rendre la pareille » en aidant les jeunes autochtones à s’initier à la planche à neige. D’abord seul dans les Territoires du Nord-Ouest, puis près de Banff au Sunshine Ski Resort. En mai 2023, avec l’aide d’une subvention du Comité olympique canadien, M. Gill a pu emmener des enfants à un événement privé « Liam et ses amis ». En plus de s’amuser, l’objectif de M. Gill était de rendre la planche à neige accessible aux jeunes autochtones, indépendamment des obstacles financiers.  

« En se rendant dans les Territoires du Nord-Ouest, M. Gill a amené la planche à neige là-bas et il a montré à la communauté certaines des choses dont nous avons parlé, explique M. Thomas. Par exemple, trouver une colline et faire quelques virages. Ils ont montré qu’il était possible d’utiliser une motoneige avec un seau à l’arrière pour tirer les gens vers le haut de la colline, ou de faire de la randonnée ou de la marche et de glisser ensuite. C’est la magie de la planche à neige ».

Thomas connaît de première main les retombées de la réussite d’une personne issue d’un milieu similaire au sien. Il se souvient d’une fois où, lors d’un événement appelé « Gathering », il a été abordé par un jeune athlète après avoir salué la terre. 

« Ils ont trouvé formidable de voir quelqu’un comme moi, qui est aussi comme eux, diriger quelque chose. C’est probablement l’une des choses les plus inspirantes pour moi et c’est aussi ce qui m’aide à diriger ce programme et à continuer à chercher comment l’améliorer encore. » 

Ce n’est pas une mince affaire, mais Canada Snowboard a pris un engagement ferme. Et à mesure que cette feuille de route se déploie au cours des cinq prochaines années, son incidence est appelée à s’étendre bien au-delà des pistes, laissant une marque indélébile d’autonomisation et d’accessibilité au sein des communautés autochtones à travers le Canada. 

Le mentorat des entraîneurs dans le sport paralympique 

À bien des égards, il est possible de comparer l’entraînement d’athlètes handicapés et à celui d’athlètes qui ne sont pas handicapés, car leur entraînement, leur dévouement et leur motivation à réussir sont les mêmes. Cependant, il existe des différences contextuelles qui rendent l’entraînement dans le cadre du sport paralympique unique. Par exemple, il est important que les entraîneurs aient une bonne compréhension de l’équipement spécialisé, des médicaments, des considérations de voyage et des contraintes d’accessibilité pour assurer un entrainement efficace (Alexander & Bloom, 2020).  

Souvent, les entraîneurs de sport paralympique doivent faire preuve de créativité pour obtenir ces informations contextuelles uniques. Parfois, il s’agit d’occasions d’apprentissage structuré, comme des cours ou des webinaires sur l’entraînement sportif, ou d’apprentissage autonome, comme la lecture de livres, le visionnement de vidéos sur YouTube ou la discussion avec des athlètes, ou encore d’apprentissage auprès de leurs pairs par l’entremise de communautés de pratique ou de mentorat (Culver et al., 2020 ; Duarte et al., 2021).  

Le mentorat des entraîneurs sportifs a fait l’objet d’une attention croissante au cours des 25 dernières années dans le but d’améliorer le développement des ces derniers (Lefebvre et al., 2020). L’une des premières études sur le mentorat des entraîneurs dans le sport paralympique a été réalisée par Fairhurst et ses collaborateurs (2017), qui ont interrogé six entraîneurs paralympiques canadiens sur leurs expériences de mentorat. Tous les entraîneurs ont indiqué que le mentorat les avait aidés à acquérir de l’information sur l’entraînement propre au sport paralympique et, ce qui est peut-être le plus important, qu’un mentorat structuré profiterait aux entraîneurs qui ont souvent un réseau plus restreint avec lequel ils peuvent communiquer et dont ils peuvent apprendre.  

Le programme de mentorat 

En 2020, l’Association des entraîneurs de l’Ontario a mis sur pied un programme de mentorat d’une durée d’un an à l’intention des entraîneurs de sports paralympiques, conçu pour fournir aux entraîneurs mentorés un réseau structuré leur permettant d’améliorer leurs pratiques d’entraînement. En tant que chercheurs dans le domaine de l’entraînement en parachutisme, nous voulions comprendre les expériences des mentorés dans le cadre du programme, y compris ce qu’ils en ont retiré, et voir comment l’améliorer à l’avenir.  

Nos entraîneurs 

Vingt-neuf entraîneurs mentorés et quinze entraîneurs mentors ont participé à ce programme. Les entraîneurs mentors étaient des leaders chevronnés dans leurs sports paralympiques respectifs, tandis que les entraîneurs mentorés avaient moins de cinq ans d’expérience en tant qu’entraîneurs dans le contexte du sport paralympique.  

Par exemple, certains mentorés n’avaient jamais entraîné dans le sport paralympique, mais souhaitaient apprendre de manière proactive. Certains entraînaient un ou deux athlètes handicapés dans leurs programmes, d’autres voulaient mettre sur pied leurs propres programmes de sport paralympique et d’autres entraînaient des équipes de sport paralympique bien établies. Les mentors et les mentorés se sont rencontrés au moins 30 minutes par mois et ont réalisé collectivement 3 missions, 3 webinaires et 3 ateliers au cours de l’année.  

Comment nous avons recueilli et analysé les données 

Nous avons organisé des groupes de discussion (Krueger, 2014) à mi-parcours du programme et des entretiens individuels (Smith & Sparkes, 2016) à la fin pour comprendre les points forts du programme, les préférences en ce qui concerne l’apprentissage des entraîneurs et les recommandations d’amélioration.  

Nous avons discuté avec les entraineurs mentorés en groupe à mi-parcours du programme et nous avons effectué des entretiens individuels avec elles et eux à la fin. Cela nous a permis de découvrir les points forts du programme, le type d’apprentissage que les entraineurs préfèrent et la manière dont nous pouvons l’améliorer. 

Nous avons utilisé une méthode appelée “l’analyse thématique réflexive” pour mieux comprendre comment les entraîneurs mentorés apprennent de leurs mentors et comment cela les rend plus confiants dans l’entraînement des sports para. L’analyse thématique réflexive est un moyen d’étudier en détail les expériences, les points de vue et les perceptions des personnes. 

Nos résultats: Expériences de mentorat des entraîneurs 

Tous les entraîneurs étaient reconnaissants d’avoir eu l’occasion de participer au programme de mentorat. Les entraîneurs mentorés ont apprécié le fait d’avoir un mentor compréhensif, compétent et sincère pour les guider dans un contexte où elles et ils n’avaient que peu ou pas d’expérience.  

Le mentorat a permis aux entraîneurs mentorés de bénéficier d’un développement personnalisé adapté à leurs besoins, objectifs et situations d’entraînement : 

“Je pense que j’aurais eu beaucoup de problèmes si j’avais voulu lancer [un programme de sport paralympique avant le mentorat]. Je n’aurais pas su par où commencer. Mais ce programme m’a vraiment aidée à comprendre ce que je devais faire et à obtenir les ressources nécessaires. J’ai beaucoup appris, c’est vraiment bien!” (Janet, entretien) 

L’une des principales raisons pour lesquelles les entraîneurs se sont joints à un programme de mentorat pour les entraîneurs de sports paralympiques était d’obtenir de l’information sur les handicaps spécifiques auprès d’un entraîneur de sports paralympiques plus expérimenté. Les entraîneurs ont apprécié d’en apprendre davantage sur la classification et la terminologie appropriée : 

“J’en ai appris davantage sur la classification. Je pensais que si vous vous cassiez le cou au niveau des omoplates, vous seriez paralysé à partir de celles-ci, mais ce n’est pas [nécessairement] vrai. On peut être paralysé tout en conservant une certaine mobilité des bras. Ce fut donc une courbe d’apprentissage pour moi parce que [mon mentor] saute sur sa chaise comme s’il n’y avait pas de problème.” (Mackenzie, entretien) 

“J’ai toujours pensé qu’il était important que tout le monde soit traité sur un pied d’égalité, que la personne soit handicapée ou non. Maintenant, mon mot est ‘inclusif’. Il m’a également conseillé de ne pas utiliser certains termes : nous devons donc être plus prudents dans le choix des mots.” (Erin, entretien) 

En plus des occasions d’apprentissage offertes dans le cadre du programme, comme les webinaires sur les handicaps, les entraîneurs mentorés ont estimé que leur capacité et leur confiance en soi en tant qu’entraîneur dans le sport para s’étaient améliorées grâce à leurs expériences de mentorat.  

À la fin du programme, nous avons demandé à nos mentorés de donner des conseils aux nouveaux entraîneurs mentorés en fonction de leurs expériences. Les mentorés ont suggéré aux entraîneurs de poser des questions, de s’adapter et de faire confiance à leur mentor : 

“Ne craignez pas de poser des questions. Vous êtes là pour apprendre en tant qu’entraîneur, pour améliorer votre entraînement, pour vous former. Les mentors sont là pour vous aider, pour vous appuyer, afin que vous puissiez faire progresser votre pratique d’entrainement.” (Erin, entretien) 

“Je pense qu’il faut faire preuve d’une ouverture d’esprit et ressentir l’enthousiasme et la passion de votre mentor.” (Yvonne, entretien) 

Conclusion 

À notre connaissance, notre étude était la première à explorer les expériences des entraîneurs mentorés dans le cadre d’un programme structuré de mentorat d’entraîneurs de sport para d’une durée d’un an. Nous avons constaté que les entraîneurs appréciaient la possibilité d’apprendre d’une personne plus expérimentée et mieux informée qui pouvait les guider tout au long de leur parcours d’entraîneur.  

Dans un contexte caractérisé par une petite communauté d’entraîneurs et des possibilités de réseautage limitées, il est essentiel de continuer à offrir aux entraîneurs de sports paralympiques des possibilités de réseautage en vue d’un apprentissage de haute qualité pour tous les entraîneurs.  

Pour accéder à lintégralité de larticle scientifique, cliquez ici. 

En tant que leaders du sport amateur au Canada, les organismes nationaux de sport (ONS) ont pour mission d’assurer l’équité entre les genres et d’accroître l’engagement des femmes et des filles. Les dirigeants des ONS peuvent concentrer leurs efforts sur de nouvelles politiques, initiatives ou programmes, mais leur capacité à élaborer et à mettre en œuvre avec succès ces nouvelles idées dépend de la capacité de leur organisme à le faire. Le gouvernement canadien s’étant fixé pour objectif d’atteindre l’équité entre les genres dans le sport d’ici 2035 (Gouvernement du Canada, 2021), les dirigeants sportifs doivent plus que jamais déterminer et évaluer la capacité de leurs organismes à engager les femmes et les filles dans le sport.

Cet article présente la capacité organisationnelle, fournit un cadre permettant aux ONS d’évaluer leur capacité et conclut par des recommandations pour atteindre les objectifs d’équité entre les genres.

Capacité organisationnelle

La capacité est l’aptitude d’une organisation à puiser dans toutes les ressources disponibles et à les utiliser pour atteindre ses objectifs (Hall et coll., 2003; Misener et Doherty, 2009; Patil et Doherty, 2023). Une organisation possède de multiples capacités :

Ensemble, ces cinq dimensions, qui sont interconnectées et qui ont des effets différents les unes sur les autres, peuvent être utilisées pour décrire la capacité d’une organisation à atteindre ses objectifs. Par exemple, la capacité en ressources humaines peut être influencée par la capacité d’une organisation à disposer de fonds suffisants pour embaucher, former et fidéliser son personnel. La capacité en ressources humaines peut également influencer l’aptitude d’une organisation à nouer et à entretenir des relations qui sont fondamentales pour sa capacité en matière de relations ou de réseau.

En outre, les facteurs de l’environnement externe peuvent avoir un effet sur l’une ou l’autre ou sur l’ensemble des dimensions de la capacité. Il s’agit notamment des contraintes et des facilitateurs environnementaux, de l’accès aux ressources telles que les bénévoles ou la technologie, ainsi que des activités, normes et comportements historiques d’une organisation.

Éléments essentiels de la capacité organisationnelle en matière d’égalité entre les femmes et les hommes

Il est important d’identifier les éléments au sein des dimensions de capacité qui sont critiques pour l’équité des genres. Nous avons réalisé des entrevues avec 15 membres du personnel et du conseil d’administration d’ONS impliqués dans l’élaboration ou la mise en œuvre d’initiatives d’équité entre les genres dans 3 ONS, de janvier à mars 2018.

Sur la base de ces entrevues, nous avons identifié les éléments essentiels à l’équité entre les genres dans les dimensions de la capacité organisationnelle, résumées dans le tableau 1. Certains éléments étaient communs à toutes les ONS, tandis que d’autres étaient spécifiques à une ou deux ONS. De même, certains éléments constituaient des forces et aidaient les ONS, tandis que d’autres constituaient des limites et mettaient les organisations au défi dans leurs efforts en faveur de l’équité entre les genres.

Tableau 1: Éléments de capacité essentiels pour l’égalité entre les hommes et les femmes

Volet de la capacité

Éléments critiques

Ressources humaines

  • Personnel compétent et expérimenté
  • Personnel et des dirigeants engagés
  • Personnel et bénévoles en nombre suffisant

Finances

  • Poste dédié à l’initiative
  • Commandites
  • Financement suffisant

Infrastructure et processus

  • Culture de collaboration
  • Conseil de direction
  • Communication
  • Opérations
  • Technologie, Base de données
  • Installations de qualité

Planification et développement

  • Inclusion de l’initiative dans le plan stratégique
  • Utilisation des indicateurs de rendement clés
  • Planification à long terme

Relations et réseau

  • Conseils, ressources non financières
  • Mécanisme de mise en œuvre

Ressources humaines : Un personnel et des dirigeants compétents, expérimentés et engagés sont des atouts qui ont aidé les ONS à développer et à mettre en œuvre leurs initiatives. Les ONS ont été confrontées à un manque de personnel et de bénévoles dédiés aux initiatives. Cela a limité leur capacité à aider les OPS à comprendre l’importance des initiatives et à développer du matériel éducatif lié aux initiatives.

Financier : L’existence d’une ligne budgétaire spécifique a été un point fort, car elle a permis d’affecter des fonds spécifiquement aux initiatives et à la programmation connexe. Un financement (insuffisant) et irrégulier a été une faiblesse, car il a empêché les ONS de recruter du personnel adéquat, de développer des ressources et des campagnes de marketing, et de soutenir les OPTS dans le cadre des initiatives. Un ONS a mis en place un système de paiement par utilisateur, où les participants au programme payaient une redevance pour recevoir la formation et l’éducation, et ces fonds ont permis de couvrir les coûts opérationnels du programme.

Infrastructure et processus : La culture de la collaboration a été un point fort, car elle a permis au personnel des ONS de travailler sur les initiatives et les programmes connexes dans le cadre d’une approche fondée sur le travail d’équipe. La communication était un autre élément important, mais aussi un défi. Les ONS ont eu des difficultés financières à faire comprendre l’intention et la pertinence des initiatives, à sensibiliser et à éduquer les parties prenantes impliquées dans la mise en œuvre. L’existence d’un conseil d’administration a été un atout, car elle a facilité l’utilisation des diverses compétences et expériences des membres du conseil pour ratifier les politiques de soutien aux initiatives. Les opérations et la technologie ont été des atouts pour rationaliser les processus tels que le parrainage et la maintenance d’une base de données de ressources pertinentes. Enfin, des installations de qualité ont été essentielles à la mise en œuvre des programmes liés aux initiatives.

Planification et développement : L’inclusion de l’initiative d’équité entre les genres dans le plan stratégique de l’ONS a été un point fort. Cela a permis aux ONS de partager leur vision d’offrir des opportunités aux femmes et aux filles dans le sport. La planification à long terme a posé problème, ce qui a été attribué au fait que les ONS ont donné la priorité, sur le plan du personnel et des ressources, à des objectifs à court terme tels que l’organisation de manifestations internationales.

Relations et réseau : Les conseils et les ressources non financières provenant d’autres organismes de sport et d’organismes multisports (OMS) ont constitué une force et ont fourni aux ONS une voie d’accès ainsi que du matériel et des outils éducatifs à l’appui de leurs initiatives en matière d’équité entre les genres. La nécessité de remodeler ou d’adapter ces supports à leurs organisations respectives a constitué un défi. Les relations avec d’autres ONS engagées dans des initiatives similaires ont été un atout et ont contribué au partage des dépenses liées aux programmes et à l’évaluation de ces derniers. Les relations avec les OPS étaient essentielles pour mettre en œuvre des initiatives à différents niveaux du sport, mais cela représentait un défi si les OPS n’avaient pas la capacité de les mettre en œuvre.

Facteurs environnementaux susceptibles d’influer sur la capacité des organisations à promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes

Le tableau 2 présente plusieurs facteurs environnementaux que nous avons identifiés lors de nos entrevues avec le personnel et les membres du conseil d’administration des ONS. Certains facteurs ont eu un impact sur une ou plusieurs dimensions des capacités. Certains facteurs étaient communs à toutes les ONS, tandis que d’autres étaient spécifiques à un ou deux ONS.

Tableau 2 : Facteurs externes

Facteur

Élément identifié

Contraintes et facteurs favorables à l’environnement

  • Système sportif canadien (priorités différentes; pressions sociales en faveur de l’égalité des genres)
  • Étendue géographique du Canada
  • Climat politique (équité entre les genres)
  • Changement climatique

Accès aux ressources

  • Possibilités d’obtenir un financement supplémentaire
  • Accès aux bénévoles

Facteurs historiques

  • Fonds propres évalués
  • Domination durable des hommes dans le sport

Contraintes et facilitateurs environnementaux : Différents aspects du système sportif canadien ont facilité et limité la poursuite de l’équité entre les genres par les ONS. Nous avons constaté que les pressions et les attentes des organismes de sport à l’égard de l’équité entre les genres constituaient une force positive qui les incitait à aborder la question de l’équité entre les genres et à inclure spécifiquement l’initiative dans leur plan stratégique. Cela a été compromis par les difficultés de travailler avec d’autres niveaux à la mise en œuvre d’initiatives sportives nationales en raison de priorités différentes aux niveaux national, provincial et communautaire du sport.

Nous avons également constaté que le climat politique au Canada (c.-à-d. les opinions et les priorités du gouvernement actuel, et en particulier l’importance qu’il accorde ou non à l’équité entre les genres) constituait une force contraignante. En effet, l’incertitude quant au maintien de l’accent sur l’égalité entre les femmes et les hommes et du financement correspondant était une préoccupation pour les ONS et leur capacité financière à maintenir leurs programmes.

En outre, la taille du pays a limité la capacité d’un ONS à communiquer efficacement l’importance de la nouvelle politique en personne à travers les provinces par le biais de réunions en face à face. Le changement climatique a été une contrainte pour un autre ONS, où les incertitudes météorologiques et climatiques ont remis en question sa capacité à planifier à long terme l’organisation d’événements destinés à soutenir l’engagement accru des femmes.

Accès aux ressources : La capacité à mettre en œuvre des initiatives en matière d’équité entre les genres a été influencée par la disponibilité de moyens permettant d’obtenir des financements supplémentaires pour ces initiatives. Plus précisément, la disponibilité limitée de fonds discrétionnaires de la part des commanditaires et des donateurs et la concurrence avec d’autres ONS pour ces ressources ont limité la capacité des ONS à planifier et à mettre en œuvre leurs initiatives en matière d’égalité entre les femmes et les hommes.

Nous avons également constaté que l’accès aux volontaires posait des problèmes aux ONS en ce qui concerne leur capacité à planifier et à faire appel à un nombre suffisant de bénévoles pour mettre en œuvre leurs initiatives en matière d’égalité entre les hommes et les femmes.

Facteurs historiques : L’engagement sous-jacent en faveur de l’équité et la responsabilité à cet égard constituaient une valeur organisationnelle fondamentale dans l’ensemble des ONS, influençant l’affectation de fonds à leurs initiatives en matière d’équité entre les hommes et les femmes et la place qu’elles occupent dans leur plan stratégique. Ces efforts ont été freinés par le nombre plus important d’hommes occupant des postes d’encadrement et d’administration. Ce déséquilibre dans les postes décisionnels clés des ONS a été identifié comme un facteur expliquant la lenteur du développement et de l’évolution vers la planification de l’équité entre les hommes et les femmes.

Recommandations à l’intention des dirigeants des ONS et des administrateurs sportifs pour faire progresser l’égalité des genres :

  1. Utiliser le processus détaillé dans cet article pour évaluer les capacités de leurs organisations. Cela peut aider les dirigeants des ONS à identifier les atouts de l’organisation, afin qu’ils puissent aborder l’investissement dans les femmes et les filles à partir d’une position de force. Cela peut également les aider à identifier les domaines qui ont besoin d’être renforcés, afin qu’ils puissent s’engager dans le renforcement des capacités pour remédier à ces limitations (Millar et Doherty, 2016).
  2. La capacité des ONS peut varier en fonction de différents aspects de l’organisation. Ce qui fonctionne pour une organisation peut ne pas fonctionner pour une autre. Les dirigeants des ONS doivent en être conscients lorsqu’ils élaborent et mettent en œuvre des initiatives.
  3. Les capacités sont multidimensionnelles, et ce ne sont donc pas seulement les personnes ou les finances qui font la différence dans la réalisation de l’équité entre les genres. Les dirigeants des ONS doivent prendre en compte les cinq dimensions de la capacité, ainsi que les facteurs externes et leur incidence potentielle sur les résultats en matière d’égalité des sexes.
  4. La valeur d’un personnel et de dirigeants compétents, bien informés et engagés est cruciale pour faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes. Il est impératif de soutenir la mise en œuvre des programmes et des politiques liés à l’égalité entre les femmes et les hommes avec du personnel et des bénévoles qui se consacrent à ces initiatives.
  5. Un poste budgétaire dédié et des idées créatives (par exemple, un système de paiement par utilisateur) peuvent garantir un engagement financier durable en faveur des initiatives d’égalité entre les femmes et les hommes.
  6. Une culture de collaboration, la communication et l’éducation sur l’importance des initiatives en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, des processus normalisés, la technologie et les installations peuvent tous faire la différence dans la mise en œuvre réussie des initiatives en matière d’égalité entre les femmes et les hommes.
  7. Les dirigeants des ONS doivent élaborer un plan à long terme et une orientation stratégique pour les initiatives afin d’assurer leur succès et leur viabilité. Ils doivent également définir des buts et des objectifs spécifiques pour les initiatives et les objectifs et utiliser des indicateurs de performance pour suivre leurs progrès.
  8. Les relations avec d’autres organisations sportives, en particulier pour la planification, le partage des coûts et l’évaluation de l’efficacité, peuvent contribuer à la réussite de la mise en œuvre d’initiatives en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. Les relations avec les OMS peuvent être bénéfiques pour l’accès au matériel éducatif et aux boîtes à outils.
  9. Les dirigeants des ONS doivent tenir compte du rôle de facteurs externes tels que le système sportif canadien, le climat politique au Canada et la prédominance persistante des hommes dans les rôles de direction, ainsi que de leur impact potentiel sur l’une ou l’autre des dimensions de la capacité.

Recommandations à l’intention de Sport Canada et des organismes multisports

  1. Les attentes des ONS pour répondre aux directives de Sport Canada et des organismes multisports qui promeuvent l’équité entre les genres devraient être tempérées par la compréhension du fait que la mise en œuvre d’initiatives d’équité entre les genres à l’appui de l’engagement des femmes et des filles dans le sport est une entreprise complexe.
  2. Une approche unique ne fonctionne pas pour les ONS (Clutterbuck et Doherty, 2019). Les capacités des ONS peuvent varier en fonction de la taille de l’organisation, du nombre d’employés et de bénévoles disponibles, des finances et d’autres facteurs. Il convient d’en tenir compte lorsque l’on demande aux ONS d’aborder la question de l’équité entre les genres.
  3. Une initiative formelle peut être mise en place pour aider les ONS à établir des relations avec d’autres ONS afin de partager les ressources de programmation.
  4. Des fonds supplémentaires devraient être mis à disposition spécifiquement pour l’équité entre les genres afin d’aider les ONS à développer du matériel éducatif et d’autres supports et à donner aux initiatives et à la programmation la priorité qu’elles méritent.

Il est important d’aborder la question de l’égalité des genres dans le sport. Les ONS canadiens doivent trouver des moyens significatifs d’engager les femmes et les filles par le biais de programmes, de politiques et d’initiatives qui contribuent à améliorer l’accès et les opportunités. Leur aptitude à le faire dépend de leurs capacités.

En utilisant le cadre présenté dans cet article, les dirigeants des ONS peuvent évaluer la capacité de leurs organisations et aborder l’élaboration et la mise en œuvre de programmes d’équité entre les genres à partir d’une position de force. Enfin, ils peuvent s’engager dans le renforcement des capacités pour s’assurer que les limites sont prises en compte, de sorte que les initiatives puissent être couronnées de succès et viables à long terme.

Championnats de natation U SPORTS 2020 au Saanich Commonwealth Place, Victoria, BC, février 2020 (Photo : U SPORTS)

Si l’on considère les 50 dernières années de sport féminin au Canada, il est étonnant de constater à quel point nous avons progressé pour assurer l’équité, la stabilité et les possibilités dans le sport. Ce n’est pas nécessairement le cas dans tous les aspects du sport, mais certainement dans beaucoup d’entre eux. 

Par exemple, il y a 50 ans, le soccer féminin était quasiment inexistant au Canada, même si l’on pouvait observer des signes d’un intérêt croissant chez les enfants et les jeunes (Hall, 2004). Des équipes de filles ont commencé à se former à la fin des années 1960, ce qui a eu pour effet immédiat d’attirer les mères qui ont par la suite développé un intérêt pour le jeu en devenant responsables d’équipes et gestionnaires de ligues. Tout au long des années 1970 et 1980, les occasions pour les filles de jouer au soccer ont continué à proliférer au Canada. 

À l’été 2023, le Canada a participé pour la huitième fois à la Coupe du monde féminine de la FIFA. Cette participation fait suite à la médaille d’or remportée par l’équipe nationale féminine canadienne aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020. En 2022, Canada Soccer a indiqué que sur 575 768 jeunes joueurs dans le pays, 38 % étaient des femmes. De nos jours, le soccer demeure le sport qui connaît la plus forte croissance chez les jeunes Canadiens (Canada Soccer, 2022).  

La croissance phénoménale du soccer féminin au Canada n’est qu’un exemple de l’évolution significative du sport féminin au cours des cinq dernières décennies. 

Il n’est pas possible de couvrir tous les aspects du sport féminin entre 1973 et 2023 dans ce court article. J’ai plutôt choisi d’examiner des thèmes qui sont importants et qui requièrent encore notre attention et notre diligence, à savoir le féminisme, le leadership, le sport professionnel et, enfin, le sport sécuritaire et inclusif. D’autres auraient pu choisir des sujets différents. 

Le féminisme et les femmes dans le sport 

Quel a été le rôle du féminisme, défini au sens large comme la croyance en la pleine égalité sociale, économique et politique des femmes, à stimuler le changement dans le sport féminin canadien au cours des 50 dernières années ? Bien que le féminisme de la deuxième vague soit apparu au Canada dans les années 1960, il n’a pas eu d’impact significatif sur le sport avant les années 1970, lorsqu’il est devenu évident que si les femmes n’agissaient pas, elles seraient régulièrement mises à l’écart.  

Membres fondateurs de l’Association canadienne pour l’avancement des femmes et du sport (ACAFS), 1981 (Photo : ACAFS, aujourd’hui appelée Association canadienne Femmes et Sport)

De plus, d’un point de vue féministe, le monde du sport était souvent considéré comme masculin, compétitif et non essentiel à l’effort général d’amélioration du statut des femmes au Canada. La situation a changé en 1981 avec la création de l’Association canadienne pour l’avancement des femmes et du sport (ACAFS), qui offre un espace féministe et sécuritaire pour aborder des sujets controversés et difficiles, comme l’homophobie dans le sport féminin. L’établissement du programme du gouvernement fédéral pour les femmes dans le domaine de la condition physique et du sport amateur a également joué un rôle important. Pour en savoir plus à ce propos, voir Demers, Greaves, Kirby, & Lay, 2014. 

Plus de 50 ans après l’entrée du féminisme de la deuxième vague dans la conscience canadienne, il y a lieu de se poser la question suivante : le féminisme est-il encore un facteur déterminant pour faire évoluer le système sportif ? 

L’ACAFS, par exemple, a changé de nom en 2020 pour devenir Femmes et Sport au Canada, et utilise le plus souvent l’expression “égalité des sexes” dans sa politique et son matériel promotionnel. Au cours des dernières années, plusieurs études parlementaires et gouvernementales ont été réalisées et ont donné lieu à des rapports concernant les femmes et les filles canadiennes dans le sport. Il s’agit notamment du rapport du gouvernement du Canada intitulé Mobilisation active : Politique concernant le sport pour les femmes et les filles (2009) et le rapport sur les femmes et les filles dans le sport du Comité permanent du patrimoine canadien (2017). 

Le rapport le plus complet, publié en 2018, est le résultat du Groupe de travail du Comité fédéral-provincial/territorial du sport (CFPTS) sur les femmes et les filles dans le sport. Il présente une série de résultats et de mesures de responsabilisation qui, si elles sont respectées, devraient aboutir à ce que “toutes les femmes et les filles sont représentées, reconnues et servies de façon égale et équitable dans tous les aspects du sport canadien” (Groupe de travail du CFPTS sur les femmes et les filles dans le sport, 2018, p. 14). 

Ces études et rapports fournissent une multitude d’informations utiles, notamment sur la manière de faire évoluer le sport pour les filles et les femmes. Cependant, il n’est pas évident de savoir qui s’assure que les recommandations sont suivies et appliquées. 

Les femmes dans le leadership sportif

Au-delà de la participation, les femmes ont progressé en matière de leadership au sein du secteur sportif canadien. L’impact des dirigeantes a joué un rôle essentiel dans la promotion de l’égalité des sexes dans la gouvernance du sport. 

Depuis 1961, le Canada a connu 34 ministres fédéraux responsables du sport et de l’activité physique, dont 10 femmes, et la moitié d’entre elles ont été nommées au cours des 16 dernières années. 

Les dernières statistiques sur le leadership dans les organismes de sport financés par le gouvernement fédéral au Canada sont encourageantes. Un aperçu des organismes nationaux de sport (ONS), des organismes de services multisports (OSM) et des instituts canadiens du sport (ICS), soit 90 organismes au total, a montré que les femmes représentaient 41 % des membres des conseils d’administration, 38 % siègent en tant que présidente d’un conseil d’administration et 47 % occupent un poste de PDG. Les OSM comptent le plus haut pourcentage de présidentes-directrices générales (62 %) alors que les ICS comptent le plus bas pourcentage (29 %) (Femmes et sport au Canada, 2022).  

Des statistiques similaires datant du début des années 1980 montraient que les femmes représentaient environ un tiers du secteur sportif bénévole et seulement 26 % du secteur professionnel (direction générale, direction technique, coordination de programmes et entrainement au niveau national). Il y avait plus de femmes impliquées dans les OSM au niveau professionnel (47 %), mais elles ne représentaient que 18 % du secteur bénévole (Hall & Richardson, 1982, p. 63). Par conséquent, au cours des 40 dernières années, des progrès considérables ont été réalisés, mais il reste encore du chemin à parcourir pour parvenir à l’équité entre les sexes. 

Deux femmes participant à un combat de lutte (Photo : U SPORTS)

En ce qui concerne les femmes entraîneurs, en particulier au niveau national, la situation n’est pas aussi prometteuse. Par exemple, sur les 131 entraîneurs canadiens présents aux Jeux olympiques d’été de 2020 à Tokyo, environ 18 % étaient des femmes, ce qui représente une baisse par rapport aux 20 % des Jeux olympiques d’été de Rio quatre ans plus tôt. Par ailleurs, 47 % des entraîneures paralympiques à Tokyo étaient des femmes. Il y a quarante ans, 60 % des femmes jouant dans une équipe universitaire canadienne étaient entraînées par un homme (Hall & Richardson, 1982, p. 62). Aujourd’hui encore, la plupart des entraîneurs universitaires sont des hommes, à l’exception des entraîneurs adjoints dans les équipes sportives féminines, des postes occupés majoritairement par des femmes (Finn, 2022). 

D’autres interventions sont nécessaires, comme l’Alberta Women in Sport Leadership Impact Program [Programme d’impact sur le leadership des femmes dans le sport en Alberta], en créant des possibilités équitables d’entraînement et de leadership (Culver, Kraft, Din et Cayer, 2019). Alors que les femmes continuent d’apporter des contributions exceptionnelles au secteur du sport au Canada, elles demeurent largement sous-représentées dans le domaine de l’entraînement. Toutefois, certains organismes comme l’Association canadienne des entraîneurs (ACE) s’efforcent d’aider un plus grand nombre de femmes à œuvrer dans ce domaine à tous les niveaux du sport par l’entremise de programmes de mentorat. 

Le sport professionnel féminin 

Il y a 50 ans, pour les femmes, les possibilités de décrocher un emploi rémunéré permanent et de faire carrière dans le sport étaient quasiment inexistantes. Le golf, le tennis et le patinage artistique étaient au mieux saisonniers, tandis que des sports comme le marathon, le roller derby et la course automobile offraient des possibilités limitées et semi-professionnelles. De plus, il y avait peu de possibilités pour les athlètes féminines de gagner de l’argent par le biais de parrainage et d’entreprises commerciales. En 1998, une étude parlementaire sur le sport au Canada, qui comportait une section importante sur le sport professionnel, ne mentionnait pas les femmes (Chambre des communes, 1998). En d’autres termes, le sport professionnel féminin était considéré comme sans importance.  

Bien qu’il ne soit toujours pas possible aujourd’hui pour la plupart des athlètes professionnelles canadiennes, à l’exception du tennis, du golf et peut-être du patinage artistique, de gagner leur vie exclusivement grâce à leur sport, des signes encourageants indiquent que cette situation va changer. En particulier dans les sports d’équipe comme le hockey sur glace et le soccer. 

Même si une étude récente soutient que le marché actuel du sport professionnel féminin au Canada est limité par le manque d’accès à des propriétés sportives professionnelles durables comme les ligues, les associations ou les équipes, cette situation change lentement (Femmes et sport au Canada, 2023). Par exemple, une nouvelle ligue professionnelle nord-américaine de hockey sur glace devrait voir le jour en janvier 2024, et l’on espère qu’une ligue professionnelle canadienne de soccer féminin verra le jour d’ici 2025. Canadian Tire a également annoncé une nouvelle initiative de plusieurs millions de dollars en faveur du sport féminin, réservant un minimum de 50 % de son budget de parrainage au sport féminin d’ici à 2026.  

Des événements plus médiatisés mettant en vedette des athlètes féminines professionnelles ont également contribué à l’essor du sport féminin. Par exemple, le 23 mai 2023, les équipes Chicago Sky et Minnesota Lynx de la Women’s National Basketball Association (WNBA) ont disputé le tout premier match d’exhibition de la WNBA au Canada, au Scotiabank Arena de Toronto. Ce match a fait salle comble et a suscité des discussions enthousiastes sur l’expansion de la WNBA à Toronto. 

Une semaine auparavant, également à Toronto, le sommet espnW, organisé par Canadian Tire, a rassemblé des “leaders de l’industrie, des influenceurs et des perturbateurs” du monde entier pour une session immersive d’une journée visant à repousser les limites, à susciter l’action et à provoquer le changement. Cette journée, à laquelle ont participé presque exclusivement des femmes, a été l’occasion d’une discussion et d’une réflexion intéressantes sur les progrès et les possibilités pour les femmes dans le sport, le leadership et les affaires (espnW Summit Canada, 2023). L’accent a également été mis sur le potentiel du sport d’équipe professionnel féminin au Canada. 

Bien que ces investissements soient encourageants et nécessaires, la couverture médiatique sous ses diverses formes est également essentielle au développement et à la croissance continus du sport professionnel féminin au Canada. Bien que la situation se soit améliorée au cours des 50 dernières années grâce au hockey et au soccer féminins, il existe toujours un déséquilibre important entre la couverture médiatique des sports masculins et celle des sports féminins. 

Un sport sécuritaire et inclusif 

Au début des années 1980, l’attitude à l’égard des abus sexuels dans les institutions sociales canadiennes est passée du silence à l’examen minutieux, à la réconciliation et à la punition, ce qui a encouragé les chercheurs à étudier le problème dans le sport et les journalistes à dresser le profil des cas et des incidents connus, en particulier dans le sport féminin (voir, par exemple, Kirby, Greaves et Hankivsky, 2000, et Robinson, 2002). 

Deux femmes en compétition de basket-ball en fauteuil roulant (Photo : Basket-ball en fauteuil roulant Canada)

En 1996, tous les ONS bénéficiant d’un financement fédéral étaient tenus d’élaborer une politique en matière de harcèlement, de traiter les plaintes et de présenter un rapport annuel à Sport Canada comme condition de leur financement. Cependant, 20 ans plus tard, il est apparu clairement que cette politique d’autocontrôle ne fonctionnait pas. En 2022, cette situation a suscité une nouvelle vague d’activisme de la part des athlètes qui a abouti à la création du Bureau du commissaire à l’intégrité dans le sport chargé d’administrer le Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport. 

Seul le temps nous dira si ces nouveaux mécanismes sont suffisants pour mettre fin aux abus. Au fond, et comme l’a dit un chercheur : “Le mouvement pour un sport sans danger vise à optimiser l’expérience sportive pour tous — athlètes, entraîneurs, gestionnaires sportifs, officiels, personnel de soutien et autres personnes présentes dans l’environnement sportif (Kerr, 2021).

Non seulement le sport doit être sécuritaire, mais il doit aussi être inclusif.  

Selon les données du dernier recensement, plus de la moitié de la population canadienne (50,9 %) s’identifie en tant que femme. Un Canadien sur quatre s’identifie comme PANDC (personnes autochtones, noires et de couleur) et 1,7 million d’entre eux s’identifient comme autochtones. De plus, selon les différentes sources de données, entre 3 % et 13 % des Canadiennes et Canadiens s’identifient comme LGBTABI (lesbienne, gai, bisexuel, transsexuel, allosexuel, bispirituel, intersexué).  

La population canadienne d’aujourd’hui, comparée à celle d’il y a 50 ans, comprend des individus plus diversifiés avec des identités intersectionnelles. En réalité, les personnes à faible revenu et racialisées, les minorités ethniques et religieuses, les nouveaux arrivants, les minorités sexuelles et les jeunes en situation de handicap sont ceux qui s’impliquent le moins dans le sport ou qui y prennent le moins de plaisir. Cela est particulièrement vrai pour les adolescentes (Pegoraro & Moore, 2022 ; Hagger & Giles, 2022). La diversité, l’équité et l’inclusion dans le sport canadien signifient que tous les individus doivent être traités avec dignité et respect, et que chacun a un accès égal aux possibilités et aux ressources. 

Conclusion  

D’ici 2035, le gouvernement du Canada s’est engagé à réaliser l’égalité des sexes dans le sport canadien à tous les niveaux. À mon avis, il est peu probable que cela se produise sans un effort de collaboration entre les gouvernements et les organisations qui se consacrent à l’amélioration du sport féminin. Par exemple, l’Association Canadienne Femmes et Sport s’associe à des organismes sportifs, à des gouvernements et à des dirigeants pour améliorer le sport grâce à l’égalité des sexes. Sa vision est de créer un système Canadien de sport et d’activité physique équitable et inclusif qui donne du pouvoir aux filles et aux femmes – en tant que participantes actives et dirigeantes – dans et par le sport. Il reste à voir si, dans un peu plus d’une décennie, l’égalité des sexes aura été atteinte dans le sport Canadien.

Compétition de poussée à la perche pour les ‘filles’ lors des compétitions des Jeux des Dénés, Jeux d’hiver de l’Arctique 2010, Grande Prairie Alberta, mars 2010 (Photo : Michael Heine)

Imaginez à quoi ressemblerait le sport au Canada si les peuples autochtones et leurs cultures n’avaient pas été colonisés. Imaginez comment les Canadiennes et Canadiens pourraient comprendre leur identité et leur relation avec les autres si les sports et les jeux autochtones faisaient partie de leur vie quotidienne. Imaginez les valeurs et les croyances que les sports et les jeux autochtones pourraient enseigner aux Canadiennes et Canadiens d’aujourd’hui. Malheureusement, ces questions qui inversent l’histoire sont hypothétiques, car le colonialisme, et le peuplement colonialiste qui a suivi, ont causé de graves dommages aux cultures autochtones.

Korpreno Tom ou Sealing Tom utilisant un harpon (Photo : Benjamin W. Leeson)

Les 19ème et 20ème siècles ont été extrêmement difficiles pour les Premières Nations, les Métis et les Inuits du Canada. Pendant cette période, ils ont dû faire la difficile transition entre leur mode de vie ancré dans la terre vers la vie dans des réserves et des établissements qui manquaient de ressources. Ils ont dû lutter contre la maladie et la famine. Nombre d’entre eux ont vu leurs enfants être envoyés au loin dans des pensionnats, où ils recevaient une éducation médiocre. Ou encore, dans le cadre du Sixties Scoop, leurs enfants ont été arrachés à leur foyer et placés dans des familles blanches pour ne plus jamais être revus. Presque tous les autochtones ont dû faire face à la perte de leur langue, de leur culture et de leur identité, en plus de la pauvreté et d’une mauvaise santé mentale et physique, ce qui a donné lieu à un phénomène appelé “le traumatisme intergénérationnel” (également appelé traumatisme transgénérationnel ou traumatisme historique), que les peuples autochtones tentent encore de surmonter.

L’État a utilisé les sports eurocanadiens à la fois pour accélérer le processus d’assimilation des autochtones et pour le mener à bien. Les dirigeants du gouvernement et de l’Église, ainsi que les réformateurs blancs de la classe moyenne qui ont mené le développement du système sportif naissant du Canada, étaient largement convaincus que leur version du sport contribuerait à civiliser les masses et à produire une population laborieuse et patriotique. Ils pensaient que leurs sports étaient particulièrement efficaces pour socialiser les peuples autochtones dans la culture canadienne, car, dans leur imagination raciste, les peuples autochtones étaient biologiquement et ‘naturellement’ de bons athlètes qui accepteraient volontiers les nouvelles formes de sport et, ce faisant, abandonneraient volontiers leurs traditions, comme si les pratiques physiques des autochtones étaient des passe-temps et non le tissu conjonctif profond qui soutenait leurs modes de vie et leurs liens avec la terre. Le gouvernement a même officialisé ce dogme lorsqu’en 1884, il a promulgué la loi Potlatch en vertu de l’article 141 de la loi sur les Indiens, une loi fédérale qui régit (encore) toutes les questions relatives au statut des Indiens, aux bandes et aux réserves au Canada.

Le potlatch, un festin où l’on offre des cadeaux et qui était traditionnellement utilisé pour marquer diverses étapes et occasions importantes dans les tribus et les coutumes de la côte ouest, ainsi que pour célébrer la vie, a d’abord été interdit ; il constituait un élément essentiel des cultures autochtones de la côte ouest. D’autres pratiques cérémonielles, comme les danses du soleil qui étaient au cœur des cultures autochtones des prairies, ont rapidement été ajoutées à la liste. Pour combler le vide, le gouvernement a encouragé les peuples autochtones à pratiquer des sports eurocanadiens. C’est alors qu’apparaissent les “Journées sportives indiennes” dans les réserves ; elles sont généralement organisées en même temps que les fêtes nationales et les célébrations du jour du traité, afin de renforcer le lien entre sport et patriotisme. En d’autres termes, d’un point de vue étatiste, faire participer les peuples autochtones aux sports eurocanadiens était important pour la répression et le remplacement culturels.

Exercices en plein air à l’école indienne de Mission sous la direction des instructeurs provinciaux de loisirs, déc. 1945 (Photo : Jack Long)

Les peuples autochtones ont pratiqué le sport et nombre d’entre eux, en particulier les garçons et les hommes (qui ont eu plus d’occasions de jouer et de participer à des compétitions), ont réussi en dépit des obstacles difficiles à surmonter. La longue liste de noms qui composent les prix Tom Longboat, créés en 1951, est un rappel évident de leur présence constante et de leurs réalisations dans le sport canadien. En même temps, l’histoire des Prix Tom Longboat montre à quel point les choses ont changé pour les peuples autochtones dans le sport. Le gouvernement fédéral, par l’intermédiaire du ministère des Affaires indiennes, a créé les prix pour stimuler l’assimilation en récompensant les athlètes qui excellaient dans les sports eurocanadiens. Mais au début des années 1970, alors que les peuples autochtones commençaient à exercer plus largement leur autodétermination, ils ont voulu contrôler davantage les prix afin de promouvoir leurs propres messages sur l’intégration.

La lettre de mise en candidature de Doug Skead de la nation Wauzhushk Onigum (anciennement Rat Portage Band, près de Kenora, en Ontario), qui allait être nommé lauréat du Prix national 1971, en est un bon exemple. Son auteur, Peter Kelly, écrivant au nom du Grand Council Treaty No 3, l’organisation politique représentant les intérêts du Traité 3 dans le nord-ouest de l’Ontario et l’est du Manitoba, décrit Skead comme un modèle pour son peuple, non pas parce qu’il s’était acculturé comme l’espérait l’État, mais parce qu’il représentait “l’Indien qui restera toujours invaincu”, utilisant ainsi une référence sportive commune pour faire une déclaration forte sur ce que “invaincu” signifiait pour eux. Kelly a expliqué que Skead avait traversé “l’époque démoralisante des pensionnats, la dure vie de trappeur, de guide et de coupeur de bois, et les expériences destructrices de l’alcool, pour devenir le directeur de la société de sa bande et le capitaine de l’équipe de hockey qu’il avait cofondée 20 ans plus tôt.” Lorsqu’un journaliste lui a demandé quel conseil il donnerait aux jeunes, Skead, âgé de 41 ans, a répondu “s’accrocher à leur culture et parler leur langue maternelle” (cité dans Forsyth, 2020).

Le sport autochtone s’est considérablement développé depuis les années 1970. Il y a aujourd’hui plus d’événements réservés aux autochtones et plus de reconnaissance et de soutien pour le sport autochtone et la participation autochtone au sport que jamais auparavant. Les Jeux autochtones d’Amérique du Nord (JAAN) témoignent de cette croissance. Organisés pour la première fois en 1990 à Edmonton (Alberta), les JAAN ont opéré pendant de nombreuses années avec un budget serré et des difficultés administratives. S’ils ont survécu à ces premières années, c’est surtout grâce aux dirigeants autochtones qui voulaient donner à leurs jeunes l’occasion de faire l’expérience de la compétition dans un environnement respectueux de leur culture. Plus de 30 ans plus tard, les JAAN sont devenus le plus grand rassemblement multisports pour la jeunesse autochtone sur le continent, ainsi qu’un élément institutionnalisé du système sportif canadien, soutenu par les trois niveaux de gouvernement et les grandes entreprises. Comme pour tout système, il reste d’importants défis à relever, ce qui signifie que les dirigeants sportifs et gouvernementaux doivent rester attentifs aux facteurs plus larges qui façonnent le sport autochtone au Canada.

Voici deux avancées majeures, ainsi que les défis qu’elles continuent de poser, qui se sont produites au cours des 50 dernières années :

1) Renforcer le système sportif autochtone

Au Canada, il existe un système sportif autochtone qui est distinct du système sportif dominant, mais qui y est lié. Le terme “conventionnel” fait référence au système sportif traditionnel eurocanadien ou dominant au Canada, composé d’organismes sportifs nationaux, provinciaux et territoriaux et communautaires. La relation entre les deux peut être visualisée comme une ‘double hélice’. Tout comme la structure physique de l’ADN est composée de deux brins indépendants qui sont soutenus par des liens transversaux formant une forme d’échelle, le sport canadien est composé d’un système sportif autochtone et d’un système sportif dominant qui se connectent à des points pertinents, créant des possibilités pour chaque système de bénéficier l’un de l’autre et résultant en une échelle plus solide. Même si le système sportif autochtone est en place depuis plus d’un demi-siècle, il reste généralement mal connu, ce qui rend plus difficile pour les dirigeants sportifs autochtones d’obtenir les ressources dont ils ont besoin pour servir leurs peuples et leurs communautés, ainsi que de soutenir les partenaires du système sportif général dans leurs efforts pour mieux répondre aux besoins et aux intérêts des Autochtones.

Le système sportif autochtone, en tant que système distinct doté de corps administratifs, de règles et de manifestations, est apparu au début des années 1970, lorsque Condition physique et sport amateur, le précurseur de Sport Canada, cherchait à accroître le taux de participation des Canadiennes et Canadiens ‘défavorisés’ aux sports organisés et a identifié les autochtones comme un groupe nécessitant une attention particulière. C’est ainsi qu’est né le Programme d’activités sportives et récréatives pour les Autochtones, créé pour accroître les possibilités de sport et de loisirs pour les Autochtones dans les réserves et en dehors de celles-ci. De 1972 à 1981, le programme a prospéré grâce aux organisateurs autochtones qui, dans tout le pays, ont coordonné des activités locales, régionales et nationales dans le cadre d’un large éventail de manifestations visant à résoudre des problèmes communautaires urgents découlant du colonialisme, telles que les taux alarmants de suicide, la toxicomanie, les taux élevés d’abandon scolaire et la violence au sein des familles. Bien que le programme ait prospéré, il a été interrompu en mars 1981 lorsque le gouvernement fédéral a modifié ses priorités, passant de la participation de masse au développement du sport d’élite.

L’accent étant désormais mis sur les résultats compétitifs, les examinateurs du Programme de sport et de loisirs autochtones ont conclu que la gamme d’activités encouragées par les organisateurs autochtones comme les activités ‘culturelles’ par opposition aux sports organisés, dépassait la portée des initiatives que le financement était censé soutenir et que les programmes élaborés par les organisateurs autochtones ne produiraient pas les résultats de haute performance souhaités par le gouvernement fédéral. Cependant, à cette époque, des organisations sportives autochtones ont été créées dans chaque province et territoire, avec pour mandat de développer des activités dans leur région. Ces organismes sont les précurseurs des organismes provinciaux et territoriaux de sport autochtone (OPSA) qui constituent aujourd’hui les membres du Cercle sportif autochtone (CSA), la voix nationale du sport autochtone au Canada.

Aujourd’hui, le déséquilibre des pouvoirs et l’accès inégal aux ressources, aux connaissances et aux capacités entre le système sportif autochtone et le système sportif conventionnel ont été partiellement corrigés en ce sens que les OPSA et le CSA bénéficient d’un soutien plus cohérent qu’auparavant. Pour renforcer le système sportif autochtone, les gouvernements et les autres bailleurs de fonds devront adapter la façon dont ils soutiennent le sport autochtone en proposant des accords pluriannuels afin de mettre fin au cycle annuel d’incertitude, et favoriser la collaboration entre les administrations publiques, comme le sport, l’éducation et la santé, pour qu’un plus grand nombre de peuples autochtones puissent utiliser le sport pour s’attaquer aux enjeux critiques auxquels ils sont confrontés.

2) Revitaliser les sports traditionnels autochtones

Tom Longboat (1887-1949), coureur canadien, à côté de trophées, le 22 avril 1907. Longboat était l’un des meilleurs marathoniens du monde pendant la décennie qui a précédé la Première Guerre mondiale (Photo : Charles A. Aylett, Bibliothèque et Archives Canada, C-014090.)

Avant l’arrivée des Européens, les peuples autochtones avaient leurs propres sports et jeux. Leurs activités, enracinées dans leur mode de vie, leur spiritualité et leur vision de l’univers, étaient parfaitement adaptées à la vie sur la terre. Il est difficile de dire combien de sports et de jeux autochtones existaient avant l’arrivée des Européens. Chaque nation, communauté et famille autochtone devait avoir ses propres pratiques, dont certaines étaient partagées entre les groupes et les régions, alors qu’ils voyageaient d’un endroit à l’autre, rencontrant, saluant, négociant et s’engageant dans des compétitions et des cérémonies avec d’autres peuples autochtones.

Les statistiques linguistiques actuelles donnent une indication de la diversité des pratiques culturelles physiques autochtones. Sur la base des données de l’enquête de 2021, Statistique Canada a indiqué que plus de 70 langues autochtones sont encore parlées au Canada, bien que ce nombre diminue à un rythme inquiétant, avec 4,5 % de moins de personnes autochtones déclarant pouvoir tenir une conversation dans une langue autochtone et 7,1 % de moins de personnes autochtones déclarant qu’une langue autochtone est la première langue qu’elles ont apprise à la maison (en baisse par rapport aux données de 2016). Ces statistiques sont d’autant plus inquiétantes que l’UNESCO a estimé en 2010 que toutes les langues autochtones du Canada étaient en danger, ce qui a incité le gouvernement fédéral à créer la Loi sur les langues autochtones en 2019 pour les préserver, les promouvoir et les revitaliser. Le nombre de langues encore utilisées aujourd’hui est important, car il indique le nombre de nations autochtones différentes encore présentes et leur détermination à maintenir leur langue en vie. Chaque nation aurait également pratiqué sa propre collection de sports et de jeux, ce qui signifie que la culture physique autochtone avant la colonisation, tout comme les langues autochtones, aurait été extrêmement riche et variée.

Bien que le colonialisme ait fait disparaître une grande partie de la culture physique autochtone, certains éléments de cette culture sont encore visibles aujourd’hui. Le jeu de crosse des Haudenosaunee (Mohawk) en est un exemple. Si la plupart des non Haudenosaunee connaissent la version compétitive, le jeu dont le Montréalais William George Beers s’est approprié dans la seconde moitié des années 1800 (et qu’il a ensuite interdit aux ligues), peu de gens savent que les formes traditionnelles de crosse sont encore pratiquées pour des raisons cérémonielles au niveau de la communauté. Pour les Haudenosaunee, la crosse n’a jamais été un simple sport.

Les jeux des Inuits et des Dénés du Grand Nord en sont un autre exemple. Ils s’inquiétaient de voir leurs jeunes perdre leur sens de l’identité, qui était enraciné dans la terre. Comme ils ne dépendaient plus de la terre pour assurer leur subsistance, ils ont transformé leurs sports et leurs jeux en compétitions modernes pour rappeler à leurs jeunes qui ils sont et leur inculquer la fierté de leur culture. Les Jeux inuits et dénés, qui font désormais partie des Jeux d’hiver de l’Arctique, sont un élément institutionnalisé du système sportif canadien.

Les jeux et sports traditionnels autochtones constituent toujours un élément essentiel de la transmission de la culture autochtone, bien qu’ils soient eux aussi en voie de disparition, peut-être même plus que les langues autochtones. Mais contrairement aux langues autochtones, il n’existe pas de statistiques permettant de savoir combien d’Autochtones pratiquent leurs sports et leurs jeux aujourd’hui, où ils ont appris à les pratiquer (à la maison, à l’école ou lors d’un rassemblement communautaire), à quelle fréquence ils jouent ou participent à des compétitions, ou pourquoi ils le font. Le manque d’informations favorise le peuplement colonialiste, qui consiste à expulser les peuples autochtones de leurs terres en effaçant leurs cultures et leurs identités. Bien que les peuples autochtones du Canada travaillent dur pour maintenir leur culture en vie, il reste encore beaucoup à faire en ce qui concerne leurs jeux et sports traditionnels.

Le Canada est depuis longtemps un chef de file dans le domaine du sport et des loisirs pour les personnes handicapées, et il est stupéfiant de constater les contributions apportées au cours du siècle dernier. Ces contributions se retrouvent dans tous les aspects du sport pour les personnes handicapées, y compris pour les personnes ayant une déficience intellectuelle, un handicap moteur ou une surdité. Mais pour les besoins de cet article, l’accent sera mis sur les premiers programmes axés sur les handicaps moteurs et principalement sur les personnes souffrant de lésions de la moelle épinière (LME).

L’histoire de l’activité physique adaptée au Canada remonte à 1918, lorsque Tait McKenzie et James Naismith ont publié “Reclaiming the Maimed” (Legg, 2000). Des années plus tard, et parallèlement à de nombreux pays, le sport pour les personnes atteintes d’une LME a commencé sérieusement après la Seconde Guerre mondiale. Cela était dû à un afflux important de personnes souffrant de LME à la suite de la guerre, et à des changements dans la pratique médicale qui ont permis aux personnes vivant avec des LME d’avoir une espérance de vie beaucoup plus longue.

À peu près à la même époque, la reconnaissance croissante de l’importance du sport et des loisirs pour une meilleure qualité de vie et sa capacité à agir comme catalyseur pour d’autres objectifs sociaux ont contribué au développement de nouveaux programmes offerts dans les hôpitaux de réadaptation et à la création de clubs de sport en fauteuil roulant.

Le premier exemple de programme de sport de réadaptation au Canada a été enregistré à la fin des années 1940 à l’hôpital de réadaptation Deer Lodge à Winnipeg. On y pratiquait le tir à l’arc, le lancer de bouteilles de lait, le basket-ball, le lancer d’anneaux, le croquet et le golf (Steadward, communication personnelle). D’autres clubs se sont ensuite lentement développés à travers le pays, principalement axés sur le basket-ball en fauteuil roulant. Au Royaume-Uni, à l’hôpital Stoke Mandeville, le Dr Ludwig Guttmann, physiatre et directeur d’un centre de réadaptation pour les vétérans souffrant de lésions de la moelle épinière, a organisé une manifestation sportive en fauteuil roulant le jour même des cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques de 1948 à Londres. Le journal local a noté qu’il espérait qu’un jour ces Jeux pourraient évoluer vers quelque chose de parallèle aux Jeux olympiques.

Le début des jeux internationaux

Les premiers jeux internationaux de sport en fauteuil roulant ont eu lieu à l’hôpital Stoke Mandeville en 1952 avec une équipe des Pays-Bas. Ces jeux évolueront vers ce que l’on appellera les Jeux paralympiques. Les premiers ont eu lieu en 1960 à Rome et les seconds en 1964 à Tokyo (Legg & Steadward, 2011 ; Darcy & Legg, 2016).

Le Canada n’a participé à aucun de ces Jeux, mais c’est à Tokyo que le chirurgien orthopédiste canadien Robert Jackson a eu l’occasion de rencontrer Guttmann. Jackson a fait part à Guttmann de son inquiétude quant au fait que le Canada s’était trop concentré sur la réadaptation professionnelle, tout en ignorant les avantages d’autres modalités telles que le sport et les loisirs. Jackson promet à Gutmann d’amener une équipe canadienne aux Jeux paralympiques de 1968.

Mais cela a failli ne pas se produire. Jackson a oublié sa promesse jusqu’en 1967 lorsque, dans le cadre d’un projet personnel visant à commémorer le centenaire du Canada, lui et sa femme Marilyn ont invité quelques patients d’un hôpital local à participer à une course au Varsity Stadium de l’Université de Toronto. Au bout de quelques mois, un club officiel a été créé sous le nom de “Coasters Athletic Club” et Jackson a ensuite emmené l’équipe aux Jeux paralympiques de 1968 (Legg, 2000).

Au cours de cette période, d’autres manifestations internationales de sport en fauteuil roulant ont vu le jour.

Le saviez-vous ? C’est en partie le succès de Reimer qui a motivé Allan Simpson, atteint de poliomyélite depuis l’âge de 14 ans, à faire un peu plus. Simpson, qui vivait à Winnipeg et dirigeait un “Club du lundi soir” non officiel, a demandé au comité organisateur des Jeux panaméricains de Winnipeg de 1967 d’inclure une section de Jeux panaméricains en fauteuil roulant. Sa demande ayant été rejetée, il a décidé d’organiser une épreuve distincte pour les fauteuils roulants, ce qui a donné lieu aux premiers Jeux panaméricains en fauteuil roulant en 1967. Simpson a également créé les associations manitobaine et canadienne de sport en fauteuil roulant, a passé 30 ans à travailler au nom des Canadiennes et Canadiens handicapés et a été l’un des lobbyistes les plus efficaces du Canada. Ces jeux ont évolué pour devenir les Jeux parapanaméricains, dont la première édition s’est tenue à Mexico en 1999 (Legg, 2000).

Premiers Jeux panaméricains en fauteuil roulant (1967)

En essayant d’organiser les premiers jeux en fauteuil roulant en 1967, Simpson a communiqué avec ses homologues des États-Unis, de la Jamaïque et de Trinité-et-Tobago, notant que “l’objectif de ce rassemblement n’était pas nécessairement l’amour du sport, mais plutôt l’acceptation sociale et la destruction du mythe selon lequel les personnes handicapées étaient un fardeau pour la société” (Legg, 2000).

Le gouvernement canadien a accepté de contribuer au financement des Jeux, mais il a exigé qu’une organisation nationale gère les fonds. L’Association canadienne des sports en fauteuil roulant (ACSFR) n’existant pas officiellement à ce moment-là, le conseil d’administration de l’Association canadienne des paraplégiques et d’autres ont accepté d’agir en tant qu’association nationale temporaire.

Championnats nationaux féminins de la LBAC avec l’Ontario qui affrontera la Colombie-Britannique en 2021. (Photo: Basket-ball en fauteuil roulant Canada)

Un mois plus tard, en septembre 1967, une réunion a été organisée avec les dirigeants des sports en fauteuil roulant de tout le Canada et une motion a été présentée “pour qu’une association nationale des sports en fauteuil roulant au Canada soit officiellement établie” (Legg, 2000). C’est à cette occasion que l’ACSFR a été officiellement fondée. Jackson, le chirurgien orthopédique qui avait promis d’amener une équipe canadienne aux Jeux paralympiques de 1968, fut le premier président élu de l’ACSFR.

À l’époque, Jackson avait déclaré :  “… nous devrions noter avec une certaine fierté que, bien que le sport en fauteuil roulant ait peut-être commencé plus tôt en Angleterre et aux États-Unis, l’organisation canadienne a été créée par des paraplégiques eux-mêmes, pleinement conscients des nombreux avantages qu’ils en tireraient” (Legg, 2000). Dix des 14 membres du conseil d’administration étaient des personnes en fauteuil roulant.

Un an plus tard, en 1968, Maury Van Vliet, doyen de la faculté d’éducation physique et de loisirs de l’Université de l’Alberta, et Robert Steadward, un étudiant de premier cycle de l’Université de l’Alberta (qui fondera plus tard un centre de recherche et d’entraînement pour les athlètes handicapés à l’Université de l’Alberta, aujourd’hui appelé Le Centre Steadward, et présidera le Comité paralympique canadien) aident à organiser les premiers Jeux nationaux en fauteuil roulant, où des athlètes seront sélectionnés pour faire partie de l’équipe paralympique de 1968, dirigée par Jackson.

Les années 1970

Après la première participation du Canada aux Jeux paralympiques de 1968 (ainsi qu’aux Jeux parapanaméricains de 1969 en Argentine et aux Jeux du Commonwealth de 1971 en Jamaïque), l’équipe canadienne s’est rendue à Heidelberg, en Allemagne, en 1972 pour participer à ses deuxièmes Jeux paralympiques (alors appelés 21e Jeux internationaux de Stoke Mandeville).

En 1976, le Canada a accueilli les Jeux d’été à Toronto, appelés “Olympiade des handicapés physiques (Toronto).” Il s’agissait de la première Olympiade où les athlètes amputés et malvoyants participaient pleinement aux compétitions.

L’ajout de différents handicaps a encouragé les organisateurs à changer le nom de l’événement, qui est passé de “Paralympiques” à “TORONTOlympiades pour les personnes avec un handicap physique” (Legg, 2000). Le terme “paralympique” n’a pas été utilisé parce qu’on pensait qu’il signifiait des Jeux pour les personnes atteintes de paraplégie (un type de lésion médullaire qui affecte la moitié inférieure du corps). Toutefois, le terme “Paralympiques” a finalement été choisi comme nom officiel, “Para” signifiant “en parallèle” avec les Jeux olympiques.

1976 : Le Canada participe à ses premiers Jeux paralympiques d’hiver (Örnsköldsvik, Suède)

La participation du Canada aux Jeux paralympiques d’hiver remonte à 1961, lorsque Jerry Johnston a commencé à enseigner le ski adapté au Sunshine Village de Banff. Il a contribué à la création de l’Association albertaine de ski pour handicapés en 1971, puis de l’association nationale en 1976. Le financement de la création de l’association provient de fonds réservés par le gouvernement fédéral pour les jeux d’été de Toronto, mais qui n’ont pas été utilisés en raison de problèmes géopolitiques concernant l’Afrique du Sud. Ce financement a également permis de créer le groupe de coordination appelé à l’origine Comité de coordination des sports pour handicapés physiques (CC-SHD). En 1980, il a été rebaptisé Fédération canadienne des organismes de sport pour handicapés (FCOSH), puis en 1989, il est devenu le Comité paralympique canadien (CPC).

Les années 1980

Le sport et les loisirs pour les personnes handicapées ont continué à évoluer au début des années 1980. Par exemple, les icônes Terry Fox et Rick Hansen ont démontré que les personnes handicapées pouvaient atteindre l’excellence grâce à l’activité physique. L’évolution du système sportif s’est également poursuivie. En 1986, Robert Steadward, professeur à l’université de l’Alberta, organise les Jasper Talks, un symposium national sur l’activité physique et le handicap. Cet événement a conduit à la création de l’Alliance de vie active pour les Canadiennes/Canadiens ayant un handicap et à la conférence VISTA du Comité international paralympique. Les dirigeants de l’Alliance ont ensuite publié le Plan d’action pour aider les services municipaux de parcs et de loisirs à devenir plus inclusifs.

Un autre moment important des années 1980 a été la rédaction par les dirigeants de l’Alliance de la série Moving to Inclusion, qui a aidé les professeurs d’éducation physique à rendre les programmes plus inclusifs pour les enfants handicapés. M. Steadward est ensuite devenu le président fondateur du Comité international paralympique en 1989, poste qu’il a occupé pendant trois mandats jusqu’en 2001. À ce titre, il est à l’origine de la signature de l’accord avec le Comité international olympique en vertu duquel toute ville candidate à l’organisation des Jeux olympiques doit également accepter d’accueillir les Jeux paralympiques.

Les années 1990

Dans les années 1990, le Canada est redevenu un leader mondial en encourageant les organisations sportives à devenir plus inclusives dans leurs programmes en offrant des privilèges, des possibilités et des responsabilités identiques ou similaires à tous les athlètes nationaux, qu’ils soient handicapés ou non. Parmi les premiers exemples, citons Swim Canada Natation et Archery Canada Tir à l’arc.

Plus récemment, le Canada a accueilli ses premiers Jeux paralympiques d’hiver à Vancouver en 2010, les Jeux parapanaméricains en 2015 à Toronto et les Jeux Invictus en 2017 pour les vétérans de guerre handicapés. Ces Jeux se tiendront à Vancouver et à Whistler en 2025.

Les Jeux du Canada, quant à eux, restent les seuls grands Jeux au monde à inclure des épreuves pour les athlètes non handicapés, les athlètes ayant un handicap physique et les athlètes ayant un handicap intellectuel, une pratique qui a débuté dans les années 1990.

L’inclusion dans les Jeux du Commonwealth a également ses racines au Canada, Rick Hansen ayant pris l’initiative d’ajouter des athlètes handicapés aux Jeux de 1994 qui se sont déroulés à Victoria, après que des épreuves d’exhibition aient eu lieu aux Jeux de 1990 à Auckland, en Nouvelle-Zélande. En 2002, lors des Jeux de Manchester, la politique a été ratifiée et, depuis, tous les Jeux du Commonwealth ont inclus des épreuves pour les athlètes handicapés.

Aujourd’hui

Aujourd’hui, le Canada continue d’être représenté et dirigé par des icônes exceptionnelles et extraordinaires du sport adapté. Il s’agit notamment de la ministre du Sport et de l’Activité physique, Carla Qualtrough ; de la sénatrice et membre du Temple de la renommée du sport du Canada 2010, Chantal Petitclerc ; de Michelle Stillwell, ancienne députée de la Colombie-Britannique et ministre du Développement social et de l’Innovation sociale ; Josh Dueck, premier vice-président du Conseil des athlètes du CIP ; Patrick Jarvis, ancien membre du conseil d’administration du CIP ; Todd Nicolson, ancien président d’À nous le podium ; et Danielle Peers, ancienne joueuse de basket-ball en fauteuil roulant d’Équipe Canada, titulaire d’une chaire de recherche du Canada de niveau 2 et intronisée au Temple de la renommée du sport du Canada en 2023.

Grâce à la créativité, à la ténacité et à la vision de plusieurs dirigeants exceptionnels, le Canada a été un moteur du sport paralympique et du sport adapté, et nous espérons continuer à aller de l’avant avec le même engagement et la même intégrité en faveur de l’inclusion et de l’accessibilité dans le sport.

Introduction 

Le Sport pour le Développement et la Paix (SDP) désigne l’organisation et la mobilisation du sport pour atteindre les objectifs non sportifs du développement international, tels que la promotion de la santé, l’autonomisation des femmes, l’éducation, la consolidation de la paix et la résolution des conflits. Le domaine ou secteur du développement durable a connu une croissance importante au cours des 50 dernières années, notamment grâce à l’investissement et à l’implication d’acteurs mondiaux tels que les Nations unies, le Comité international olympique et divers gouvernements nationaux. L’implication du Canada dans le domaine du SDP au cours des 50 dernières années a évolué de manière similaire, bien qu’à travers différentes itérations en fonction de l’époque et du contexte.   

Origines et contexte — années 80 et 90 

Bien que les 50 dernières années soient marquantes, l’histoire de SDP remonte à bien avant la fin du XXe siècle. Comme le souligne Bruce Kidd, ancien athlète olympique, chercheur et auteur, “SDP est une expression renouvelée de l’ambition du “sport pour le bien” qui remonte au 19e siècle” et diffère du développement sportif traditionnel en positionnant le sport au service du bien social plutôt que d’augmenter la participation ou de produire des champions (Kidd, 2013, p.72).  

L’impulsion donnée au renouvellement du développement du sport au Canada au cours des 50 dernières années provient en partie des différentes crises auxquelles le sport canadien a été confronté, en particulier dans les années 1980. La première d’entre elles est le scandale du dopage qui a conduit à l’enquête Dubin. Il s’agissait d’une série d’audiences publiques télévisées à l’échelle nationale visant à examiner les circonstances ayant conduit à l’exclusion du sprinteur canadien Ben Johnson des Jeux olympiques de 1988 pour avoir été testé positif à l’utilisation de stéroïdes. Lorsqu’il a publié son rapport en 1990, le juge Dubin a appelé à un engagement renouvelé en faveur du sport au service de la culture canadienne et de la santé des Canadiennes et Canadiens, et a également appelé à revigorer les notions de sport pour le bien au Canada.  

Des pressions similaires en faveur du sport pour le développement ont émané de la campagne visant à isoler l’Afrique du Sud blanche dans le sport international, une campagne qui a connu du succès. Celle-ci visait à faire pression sur le gouvernement sud-africain répressif pour qu’il abolisse l’ensemble du système d’apartheid. En 1990, lors d’une importante conférence à Stockholm, Sam Ramsamy, un dirigeant sud-africain s’opposant à l’apartheid, a demandé aux pays industrialisés de contribuer au développement du sport dans l’Afrique du Sud post-apartheid en guise de ‘réparation’ pour les années d’investissement dans l’Afrique du Sud blanche. Le dirigeant olympique zimbabwéen Tomas Sithole a demandé le même soutien pour les États de ‘première ligne’, qui avaient également souffert de l’apartheid. L’année suivante, les premiers ministres du Commonwealth ont approuvé cet appel lors de leur réunion à Harare, dans ce qui est devenu la Déclaration de Harare. La délégation canadienne à Harare comprenait le ministre des Affaires étrangères (et ancien Premier ministre) Joe Clark, ainsi que la responsable des sports du ministère des Affaires étrangères, Anne Hillmer, et a vu la création du Comité du Commonwealth pour la coopération par le sport, présidé par l’homme politique et juriste canadien Roy McMurtry. 

À peu près à la même époque, les athlètes canadiens ont commencé à demander que le sport au service du développement soit mené par des athlètes dans le cadre d’un vaste programme de réformes. Lors des Jeux du Commonwealth de 1994 à Victoria, l’Association canadienne des athlètes (plus tard AthlètesCAN) a dévoilé la Déclaration de Victoria, appelant les chefs de gouvernement du Commonwealth à renforcer et à permettre la contribution des athlètes à “l’éducation, au développement social et à la compréhension interculturelle.” AthlètesCAN a également lancé un appel pour un ‘système centré sur l’athlète’, caractérisé par les droits des athlètes, une plus forte représentation des athlètes dans la gouvernance du sport et des politiques visant à prévenir les abus sexuels et autres formes d’abus dans le sport. 

Après avoir fait pression sur le Commonwealth pour qu’il promeuve le sport au service du bien social, le gouvernement canadien a commencé à explorer davantage la possibilité de financer des projets internationaux de SDP. La consultante Judy Kent a été chargée d’élaborer un cadre pour l’engagement du Canada en matière de SDP et son analyse du domaine international a servi de base aux premières politiques canadiennes à ce sujet. En 1992, McMurtry et Hillmer organisaient une réunion des dirigeants sportifs canadiens afin d’élaborer un modèle de politique. L’Agence canadienne de développement international (ACDI) apportait son soutien, mais n’avait pas d’expertise dans le domaine du sport, et Sport Canada avait du mal à obtenir des fonds pour des programmes ne relevant pas de son mandat en matière de développement du sport. 

Éventuellement, l’Association canadienne des Jeux du Commonwealth (à son tour Jeux du Commonwealth Canada ou JCC, et maintenant Commonwealth Sport Canada ou CSC) a accepté la tâche de mettre en œuvre une initiative appelée Programme de développement du sport du Commonwealth (PDSC), à la condition d’obtenir un financement fédéral. Les objectifs initiaux du PSDC étaient de soutenir les capacités sportives et les systèmes sportifs publics dans les pays et les communautés qui en étaient dépourvus, ainsi que d’améliorer la participation sportive des groupes marginalisés, en particulier les jeunes à risque, les filles et les jeunes femmes, ainsi que les personnes handicapées. Le PSDC initial disposait de bureaux régionaux à la Barbade, au Zimbabwe et au Sri Lanka et travaillait en réseau avec d’autres pays donateurs tels que la Norvège, le Danemark, la Suède et le Royaume-Uni. Le PSDC a ouvert la voie à la création de Jeux du Commonwealth Canada — Développement international par le sport (JCC DIS). Il comprenait un programme de stages, le Groupe canadien de leadership dans le sport, et organisait la participation de diplômés en éducation physique d’universités canadiennes en tant que stagiaires bénévoles en Asie, en Afrique et dans les Caraïbes. En Afrique, l’accent a été mis sur la lutte contre les ravages du VIH et du sida. En partenariat avec des organisations africaines telles que Kicking AIDS Out et la Mathare Youth Sports Association (MYSA), le JCC-DIS a remodelé la prestation du sport et de l’activité physique afin de mener des activités d’éducation préventive et de lutte contre la stigmatisation. 

CSC a continué à mettre en œuvre des programmes internationaux, avec le soutien de l’ACDI et de Sport Canada, jusqu’au milieu des années 2000, et Sport Canada a consacré une unité entière au développement du sport et de l’activité physique à l’échelle internationale. Cette unité a finalement participé au groupe de travail international des Nations Unies sur le sport au service du développement et de la paix, un collectif de parties prenantes qui a fait progresser la politique et la défense du SDP au niveau international.  

Alors qu’une activité importante en matière de SDP se déroulait au Canada par le biais de l’implication du gouvernement et de la politique publique, d’importantes parties prenantes non gouvernementales émergeaient également. S’appuyant sur le travail de base et l’élan donné par l’Association canadienne des athlètes et la Déclaration de Victoria, Olympic Athletes Together Honorably (OATH) était un groupe d’athlètes olympiques appelant à une réforme en réponse au scandale de corruption des délégués du Comité international olympique (CIO) en 1998 par les organisateurs de la candidature olympique de Salt Lake City. OATH était dirigé par des athlètes canadiens, dont le nageur Mark Tewksbury, la rameuse Heather Clarke et la marcheuse de vitesse Ann Peel, cette dernière ayant joué un rôle déterminant dans l’organisation de la Déclaration de Victoria. OATH a été lancée officiellement à Lausanne, siège du CIO, et a cherché à obliger l’organisation à rendre des comptes sur le plan éthique. 

Johann Olav Koss, un champion norvégien de patinage de vitesse, a été l’un des principaux acteurs de l’OATH, qui l’a incité à transformer la voix des athlètes sur les questions sociales en actions pratiques sur le terrain. Koss s’était déjà engagé auprès d’organisations non gouvernementales (ONG) internationales telles que Save the Children. Il avait fait don de ses primes financières pour avoir remporté des médailles aux Jeux olympiques d’hiver de 1994 à Lillehammer aux efforts d’aide dans les régions déchirées par la guerre, en particulier à Sarajevo, siège des Jeux olympiques d’hiver de 1984, et en Afghanistan.  

fille tenant un ballon de basketLes efforts de Koss ont conduit à la création d’une nouvelle initiative humanitaire, Olympic Aid, soutenue par le Comité d’organisation des Jeux olympiques de Lillehammer. Olympic Aid a d’abord soutenu la collecte de fonds pour la Croix-Rouge et d’autres efforts similaires, avant de se consacrer à la construction d’écoles et au soutien de programmes éducatifs dans le monde entier. De tels projets ont permis de réaffirmer le rôle du sport au service de l’intérêt social.  

À la fin des années 1990, M. Koss a transféré Olympic Aid au Canada et a engagé M. Peel comme premier directeur général de l’organisation en 2000. Sous la direction de Peel, Olympic Aid a poursuivi la vision de Koss par un élargissement de l’activité d’Olympic Aid au-delà de la collecte de fonds en l’orientant vers la programmation. Plus précisément, Olympic Aid a développé des interventions basées sur le sport visant à soutenir les jeunes vulnérables et mal desservis dans le monde entier. La première incursion de l’organisation dans le domaine de la programmation s’est faite par le biais d’un partenariat avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), mis en œuvre dans des pays tels que l’Angola et la Côte d’Ivoire. Cependant, au fur et à mesure que l’organisation se développait, l’insistance croissante du CIO à exercer un contrôle rigoureux a suscité des tensions. En 2000, d’un commun accord, l’organisation a quitté le CIO et changé de nom pour devenir Right to Play. Aujourd’hui, Right to Play a toujours son siège au Canada et continue d’organiser et de mettre en œuvre des programmes SDP dans le monde entier, ainsi qu’au Canada.    

Années 2000 et 2010 

Dans les années 2000, l’engagement du Canada et l’investissement public en matière de SDP ont changé. La réduction du financement de Sport Canada au cours des années 1990 a laissé peu de soutien pour les efforts de SPD dans les nouveaux pays. Et lorsque certains financements ont été rétablis après 2000, c’était principalement pour soutenir le sport national. La promesse et l’élan créés par le JCC-DIS se sont avérés difficiles à maintenir. Même les efforts de la ministre du Patrimoine canadien de l’époque, Sheila Copps, pour augmenter le nombre de stagiaires au sein du Groupe canadien de leadership dans le sport se sont heurtés à la résistance de Sport Canada. Une partie de cette résistance était fondée sur le scepticisme à l’égard du sport pour le bien social, particulièrement en raison de l’image élitiste attribuée à certains athlètes et de la critique des dépenses excessives pour les grandes manifestations sportives. Les efforts de JCC-DIS, d’AthlètesCAN et de Right to Play pour remettre en question ce discours n’ont pas été couronnés de succès. La lutte pour le SDP au Canada a été exacerbée par les réductions des dépenses d’aide publique au développement. Au cours de cette période, de nombreux pays donateurs du G7 ont réduit leur soutien en dessous de l’objectif internationalement reconnu de 0,7 % du PIB.    

Certains défenseurs canadiens du SDP ont réagi en se tournant à nouveau vers le Commonwealth, en particulier le Comité du Commonwealth, pour la coordination par le sport et son successeur, le Commonwealth Advisory Board on Sport (CABOS). En 2010, soutenu par les ministres du sport du Commonwealth, le Secrétariat du Commonwealth a préparé des documents politiques pour « intégrer » le SDP dans les efforts de développement et travailler avec les gouvernements membres pour soutenir le sport au service des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le programme de développement international de l’ONU, entre 2000 et 2015. 

Ces efforts, ainsi qu’un nombre important de rapports entre les agences, de défense des intérêts et de groupes de travail au sein du système des Nations Unies, ont abouti à un ensemble quelque peu hétérogène d’activités et de politiques de SDP au Canada à la fin de l’année 2010. Et dans les cas où le SDP est resté dans les politiques, il a souvent manqué de soutien pour assurer sa mise en œuvre, ce qui a eu pour effet de limiter les progrès globaux. D’une part, le sport pour le développement a été inclus comme l’un des cinq contextes de la Politique canadienne du sport de 2012. Et en 2015, lorsque les Nations unies ont publié les Objectifs de développement durable (ODD), le successeur des OMD et le cœur de son Programme de développement 2030, le sport y figurait plus que jamais. L’article 37 des ODD fait spécifiquement référence à la “contribution croissante du sport à la réalisation du développement et de la paix dans sa promotion de la tolérance et du respect et aux contributions qu’il apporte à l’autonomisation des femmes et des jeunes, des individus et des communautés, ainsi qu’aux objectifs de santé, d’éducation et d’inclusion sociale” (Nations unies, 2015).

Pourtant, il est permis de penser que l’élan donné au SDP au Canada à partir des années 1990 s’est aussi considérablement ralenti à la fin des années 2010. Le Groupe canadien de leadership dans le sport a été remplacé par le programme Sport Leaders Abroad, qui a mis sur le terrain des dirigeants expérimentés plutôt que de récents diplômés universitaires. La même année, la Direction de la politique et des programmes internationaux est passée de Patrimoine canadien à Sport Canada, même si le SDP international n’était pas une priorité de Sport Canada, et le sport pour le développement a été inclus comme l’un des cinq objectifs de la Politique canadienne du sport, avec un accent plus marqué sur les objectifs nationaux. Bien que le mandat et le financement de Sport Canada continuent de donner la priorité aux systèmes sportifs et au développement des athlètes, Sport Canada continue de soutenir des projets nationaux de sport pour le développement par le biais, par exemple, d’accords bilatéraux avec les provinces et les territoires.   

Aujourd’hui 

A Indigenous coach and her athlete talk during a competitionAu moment où nous écrivons ces lignes, le sport au service du développement se poursuit au Canada. Right to Play, par exemple, s’associe actuellement à plus de 70 communautés autochtones pour favoriser l’accès à des programmes de sport et de jeu qui sont « dirigés par la communauté, (et) culturellement pertinents » pour les Premières nations, les Inuits et les Métis, et qui sont conçus pour favoriser l’autonomisation et les aptitudes à la vie quotidienne (Right to Play, 2023). Ces efforts ont fait l’objet d’une attention considérable de la part des universitaires et des chercheurs, certains étant positifs, d’autres se demandant si ces programmes ne renforcent pas involontairement les structures du colonialisme de peuplement (Arellano et Downey, 2019). Certains ont également attiré l’attention critique sur la façon dont les sociétés d’extraction, opérant dans le Nord canadien, ont utilisé la notion de SDP pour justifier des politiques contraires à l’éthique et destructrices de l’environnement (Millington et al, 2019). 

Dans le même temps, le sport canadien est aujourd’hui à nouveau en quasi-crise, ébranlé par des allégations généralisées d’agressions sexuelles et d’autres formes de maltraitance, de gouvernance non responsable et de détournement de fonds publics, et exposés presque quotidiennement par des journalistes et des athlètes dans une longue liste de sports. De plus, la participation quotidienne a chuté ou, au mieux, stagné face à la réduction généralisée des occasions publiques, à l’aggravation des inégalités et au ‘paiement pour le jeu’ dans les programmes privés. Le déclin de la participation est d’autant plus préoccupant dans le monde post-COVID que la résilience offerte par une activité physique saine est vitale pour la santé de la communauté. Dans ce contexte, l’accent mis sur le podium et la recherche de médailles dans les compétitions internationales en tant qu’objectif primordial de la politique sportive canadienne, est un sujet de débat pour de nombreux membres de la communauté sportive canadienne ainsi que pour le grand public.  

LIRE LA SUITE : Adopter une approche axée sur la personne pour le sport de haut niveau au Canada 

Dans un article du SIRCuit de mars 2023, la directrice générale d’ANP, Anne Merklinger, a reconnu que “la perception est la réalité .” Mais Mme Merklinger a également déclaré que ce n’est pas correct et que c’est une idée “erronée” de penser que si une ou un athlète gagne une médaille, le sport reçoit un financement. Anne a expliqué qu’ANP fait des recommandations de financement non pas en fonction des résultats passés, mais plutôt en fonction de l’avenir, sur un horizon de huit ans, qui prend en considération de nombreux facteurs, et pas seulement la victoire. 

“En tant qu’organisation, je pense que nous devons faire un meilleur travail de sensibilisation et de compréhension de ce que nous faisons,” a-t-elle concédé. Selon Mme Merklinger, les événements survenus au cours de l’année écoulée ont incité tous les acteurs du système sportif à faire un examen de conscience pour voir comment les choses peuvent être améliorées. Depuis plus de trois ans, ANP s’efforce d’améliorer la culture du sport de haut niveau. M. Merklinger a déclaré que l’organisation avait fait de la “culture” un élément de son mandat afin d’aider les organismes nationaux de sport (ONS) à atteindre l’excellence grâce à un ensemble clair de valeurs, y compris la mise en place d’un environnement sécuritaire et inclusif dans le programme de haut niveau. 

Il reste à voir si cela deviendra un moment de réforme, semblable à la période Dubin au début des années 1990, lorsque l’accent mis sur le renouvellement des principes fondamentaux du sport a permis l’émergence d’une programmation innovante du sport pour le développement en tant que composante essentielle d’une approche inclusive fondée sur les valeurs. La question de savoir si, ou dans quelle mesure, la prochaine Politique canadienne du sport fera référence au SDP, au niveau national ou international, marquera un autre moment décisif pour le sport au service du développement et de la paix au Canada.   

Le Centre de documentation pour le sport (SIRC) est un organisme pivot dans le paysage sportif canadien depuis un demi-siècle. Fondé dans le but de fournir de précieuses recherches et connaissances pour soutenir la communauté sportive, le SIRC et ses partenaires ont joué un rôle dans le façonnement du sport au Canada. Dans cette exploration du parcours du SIRC, nous examinerons son histoire, son évolution et les contributions qu’il a apportées au sport au cours des 50 dernières années. 

Au cours de cette période, le SIRC a joué un rôle important, depuis ses débuts en tant que bibliothèque de ressources nationales jusqu’à la création d’une base de données reconnue à l’échelle internationale, en passant par son évolution en tant que centre de connaissances mondial. Tout au long de son existence, le SIRC a été à l’avant-garde de la facilitation de projets de recherche et de discussions, et de l’élaboration de politiques dans le monde du sport. Les efforts du SIRC se sont traduits par la mise en place d’espaces inclusifs pour que tous puissent participer au sport, ce qui est l’essence même du partage des connaissances. 

“Le SIRC a eu un impact très important sur le système sportif canadien. Je pense qu’il a vraiment transformé la façon dont nous accédons à l’information et dont l’information et les données peuvent être utilisées pour soutenir tous les aspects du leadership sportif, de la gouvernance et de la façon dont nous prenons des décisions. Je pense qu’il sert de point de référence en matière d’accès aux données, à l’information et aux connaissances.” ~ Karen O’Neill, PDG du Comité Paralympique Canadien

Comment le SIRC est-il devenu l’organisme respecté qu’il est aujourd’hui? Examinons les 50 dernières années, en commençant par les débuts. 

Les années 1970 et 1980: Croissance initiale et évolution vers une bibliothèque nationale du sport 

La riche histoire du SIRC remonte à sa constitution en 1973, lors de sa création par un groupe de personnes visionnaires. Parmi ces personnes se trouvaient Abby Hoffman, ancienne athlète olympique d’athlétisme à quatre reprises et première femme directrice générale de Sport Canada, et Geoff Gowan, ancien diffuseur sportif et cadre sportif de l’Association canadienne des entraîneurs (ACE). Leur passion pour la promotion de la recherche et la diffusion d’informations dans le domaine du sport a permis au SIRC de devenir une ressource vitale pour la communauté sportive canadienne.  

Le personnel du SIRC avec Gilles Chiasson, alors directeur général (à gauche), en 1998 (photo : SIRC).

Dans les années 1970 et 1980, le SIRC s’est engagé dans une double voie de croissance précoce et de progression, passant d’une simple collection à une bibliothèque physique. Au cours de cette période, le SIRC s’est consacré à la collecte et à la diffusion d’informations essentielles à la science du sport, à l’entraînement et au développement des athlètes. Le centre est rapidement devenu une ressource incontournable pour les entraîneurs, les chercheurs et les organisations sportives à la recherche de pratiques fondées sur des données probantes et des dernières avancées en matière de sciences du sport. 

Dans le cadre de son engagement à devenir un centre global, Gilles Chiasson, PDG pendant les 20 premières années du SIRC, a guidé la transition à partir d’une simple collection de ressources clés pour les entraîneurs au sein de l’Association canadienne des entraîneurs. Sous sa direction, le SIRC a été établi en tant que bibliothèque sportive nationale indépendante au 333, chemin River, à Ottawa, où il a coexisté avec d’autres organismes nationaux de sport. Cet emplacement central l’a rendu accessible à la communauté sportive et il a prospéré en tant que ressource fondamentale pour les entraîneurs, les athlètes, les gestionnaires, les professionnels de la médecine sportive et les chercheurs.  

À l’époque, il s’agissait de l’un des trois systèmes automatisés de documentation sur le sport dans le monde. La banque de données du SIRC était l’une des trois plus importantes au monde avec 30 000 documents. Les deux autres grands centres de documentation sur le sport se trouvaient à Leipzig et à Cologne, en Allemagne (Histoire canadienne du sport, 1978).  

“Je crois que le SIRC est un élément vital du système. La “simple” tâche de cueillette d’informations aide à démocratiser celles-ci au lieu de les cacher on ne sait où. Elles sont plutôt collectées et mises à la disposition du système dans son ensemble. Il s’agit là d’un outil inestimable pour l’amélioration.” ~ Peter Lawless, avocat spécialisé dans le sport, entraîneur de haut niveau, vice-président du Comité Olympique Canadien, médiateur du Comité Paralympique Canadien et directeur général des Jeux Invictus de 2025

Années 1990 à 2000: Avancées technologiques et excellence en matière de connaissances 

Sport Thesaurus et SportQuest: Dans les années 1990, le SIRC a exploité davantage le potentiel de la technologie. Il a intégré des plates-formes numériques et des ressources en ligne pour rendre l’information sportive plus accessible grâce à son thésaurus sportif de renommée internationale (plus de 27 000 termes normalisés) et à ses sites Web novateurs, Canadiansport.ca et SportQuest.ca. L’organisation a élargi son champ d’action, s’adressant à un public plus large et s’imposant comme un pionnier de l’application des connaissances et de l’utilisation de la technologie pour la diffusion des connaissances sportives.  

Expansion de SportDiscus: Le SIRC a fait des progrès significatifs en matière d’accessibilité à l’information en créant et en développant SportDiscus, une base de données de recherche de premier plan dans les domaines liés au sport et à la science du sport. Une collaboration avec des partenaires internationaux d’information sur le sport a élargi la profondeur et l’étendue des ressources disponibles par l’intermédiaire du SIRC, permettant aux chercheurs, aux praticiens et aux intéressés d’accéder à un vaste répertoire d’articles de recherche, de revues et de résultats de recherche liés au sport. 

Debra Gassewitz, directrice générale du SIRC, s’exprimant lors de la réunion annuelle de l’International Association for Sport Information au Brésil en 2006. (photo : SIRC)

À cette époque, le SIRC était reconnu comme étant la plus importante ressource éducative au monde en matière de sport. Par conséquent, SportDiscus était la seule base de données sur le sport reconnue par l’UNESCO et était utilisé dans 49 pays différents comme référence fiable en ce qui concerne les informations et les recherches liées au sport. La reconnaissance mondiale par l’International Association of Sport Information (IASI) a encouragé plus de 32 pays membres à soumettre leurs documents de recherche au SIRC pour qu’ils soient ajoutés à la base de données. Cet effort coordonné a permis aux Canadiennes et Canadiens de bénéficier d’un contenu national et international complet dans la base de données. Les mêmes avantages s’appliquent aux chercheurs en sport du monde entier. 

Debra Gassewitz, présidente et chef de la direction, a dirigé cette évolution novatrice, marquant le virage du SIRC vers le partage de l’excellence en matière de connaissances. À partir de ce moment-là, l’institution est devenue un atout essentiel pour l’écosystème sportif canadien et international.  

“Le SIRC a établi la norme pour la prise de décisions fondées sur des données probantes dans le système sportif canadien et, en fait, à l’échelle internationale. La capacité d’accéder à la recherche et d’améliorer le transfert des connaissances vers la performance et le développement est ancrée depuis des décennies.” ~ Lorraine Lafrenière, PDG de l’Association canadienne des entraîneurs

Des années 2000 aux années 2010: Favoriser la collaboration et les partenariats  

Dans les années 2000, le SIRC a renforcé ses efforts de collaboration en établissant des partenariats avec divers organismes sportifs nationaux et internationaux, des établissements universitaires et des organismes gouvernementaux. Par exemple, il a établi des partenariats avec l’Université de Calgary, l’Université de Manchester, le Comité international olympique, l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP) et l’Australian Institute of Sport. Ces collaborations ont renforcé la capacité du centre à collecter, analyser et partager des informations, un réseau dynamique au sein de la communauté sportive. 

Essentiellement, le SIRC visait à explorer les domaines de la recherche et de l’information dans le but d’aider à résoudre des problèmes.  

“Cet athlète avait un problème médical qui affectait sa capacité à connaitre des performances de haut niveau. J’ai contacté Debra, et grâce à sa magie, elle m’a fourni, ainsi qu’aux médecins traitants de mon athlète, des articles scientifiques ou médicaux extrêmement pertinents qui traitaient exactement du même problème que celui auquel mon athlète était confronté. Cela s’est avéré incroyablement utile à plusieurs égards. D’abord et avant tout, les médecins traitants ont ainsi immédiatement trouvé une voie de traitement. Deuxièmement, et il est difficile d’en surestimer l’importance, ces informations ont donné à mon athlète l’assurance que ce qui se passait pouvait être résolu avec succès afin qu’il puisse revenir au plus haut niveau de performance .” ~ Lawless sur la façon dont le SIRC a aidé à résoudre un problème

Le tableau d’affichage des offres d’emploi du SIRC a été inspiré par des réflexions similaires sur les besoins du secteur et sur la manière de combler ces lacunes. Cette fois, c’est l’emploi dans le secteur du sport qui a été retenu. En 2001, le SIRC a ajouté un tableau d’affichage d’emplois sur sa plate-forme pour répondre au marché de l’emploi unique de l’industrie des sports et des loisirs au Canada. Ce site d’emploi spécialisé était le premier de son genre au Canada. Des dizaines de milliers d’offres d’emploi plus tard, le tableau d’affichage des offres d’emploi demeure la principale ressource pour les employeurs et les chercheurs d’emploi pour tous les postes au sein du sport canadien. Par exemple, les offres d’emploi ont porté sur des postes d’entraîneur, de personnel, d’hôte, de membre du conseil d’administration et de bénévole, entre autres. 

Les années 2020 et au-delà: Continuer à progresser 

Aujourd’hui, le SIRC est une plaque tournante de la connaissance dans le domaine du sport au Canada qui incarne l’engagement en faveur du sport. Il excelle à avoir une vue d’ensemble, équilibrant la rigueur et la réalité. En tant que premier arrêt pour tout ce qui concerne le sport au Canada, le SIRC continue à servir les organisations sportives et les personnes qui se consacrent au développement du sport dans l’ensemble du pays.  

Avec pour mandat d’offrir des connaissances, des évaluations, des rapports et des services de sensibilisation, les objectifs du SIRC ne sont pas qu’un simple énoncé de mission. Il s’agit plutôt d’une réalité vécue, où le SIRC partage activement ses connaissances et crée des espaces accueillants pour toutes les personnes impliquées dans le monde du sport.  

Depuis 17 ans, le SIRC accueille la conférence de l’Initiative de recherche de Sport Canada (IRSC). Lors de cette conférence, les sportives et sportifs, les employés et les bénévoles œuvrant à tous les échelons du sport (des clubs communautaires aux organismes nationaux de sport) se réunissent avec des chercheurs dans le domaine du sport et des décideurs pour partager leurs connaissances et établir de nouveaux liens. Le format de la conférence est spécialement conçu pour favoriser la collaboration et l’engagement. 

L’expertise du SIRC ne consiste pas seulement à recueillir des connaissances, mais aussi à mobiliser son vaste réseau de partenaires pour diffuser des informations crédibles à un public large et ciblé en maximisant l’impact de son contenu. Par l’entremise de son infobulletin, le SIRC partage des connaissances, les dernières recherches, des nouvelles et des offres d’emploi. Le bulletin est distribué à travers le secteur du sport et de l’activité physique du Canada, y compris dans les organismes nationaux, provinciaux, territoriaux et communautaires. L’infobulletin contient des notes informatives qui sont une source d’inspiration, tirant parti des récents résultats de recherche, des pratiques prometteuses et des ressources pratiques. Le SIRCuit vise à approfondir des sujets pertinents et d’actualité qui contribuent à l’avancement du secteur du sport et de l’activité physique au Canada. Distribué trimestriellement, le SIRCuit est la principale publication électronique sur le sport au Canada, offrant des idées et des apprentissages fondés sur des données probantes provenant d’une variété de sources crédibles.  

SIRCuit et magazines sportifs au fil des ans (photo : SIRC)

Le travail du SIRC repose sur trois piliers. Le premier pilier est l’excellence en matière de connaissances. Le deuxième est la croissance du réseau et l’élargissement des rapports au sein de la communauté sportive. Et le troisième est un engagement à adopter des approches avant-gardistes pour faire progresser le paysage du sport au Canada. Le SIRC est bien plus qu’un entrepôt d’informations : c’est une force qui propulse l’écosystème sportif canadien vers plus de connectivité et de connaissances. 

“Le SIRC occupe une position essentielle dans le secteur du sport : celle d’un coordinateur et d’un diffuseur d’informations.” ~ Milena Parent, professeur en sciences de l’activité physique à l’Université d’Ottawa

Initiatives clés 

Le SIRC n’a pas seulement été un dépositaire de connaissances respectées, mais aussi un catalyseur de changement dans la communauté sportive. Voici quelques-unes des initiatives du SIRC qui soulignent son engagement en faveur du sport. 

Kim Gurtler, vice-présidente des opérations du SIRC, parle des commotions cérébrales dans le sport lors d’un événement de Sport North (photo : SIRC)

Sensibilisation aux commotions cérébrales: Le SIRC a joué et continue de jouer un rôle essentiel dans la sensibilisation aux commotions cérébrales dans le sport. Lorsque des cas très médiatisés comme ceux d’Eric Lindros et de Sidney Crosby ont mis cette question à l’avant-plan, le SIRC a collaboré avec des intervenants, dont les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, pour encourager les conversations et élaborer du matériel de senbilisation. La Semaine de sensibilisation aux commotions cérébrales au Canada est née de ces efforts, qui contribuent à accroître la sensibilisation et les mesures de sécurité dans les sports. Au cours de la semaine de sensibilisation en septembre 2023, le SIRC a rejoint 5 millions de personnes dans la communauté sportive.  

“La capacité du SIRC à encourager un dialogue national sur des questions importantes qui font partie du tissu du système sportif canadien est essentielle. La Politique canadienne du sport et la sécurité dans le sport en sont deux exemples majeurs. La capacité de l’organisme à communiquer des décisions pertinentes, opportunes et fondées sur des données probantes est une marque de leadership.” ~ Lorraine Lafrenière

La sécurité dans le sport: Reconnaissant l’importance d’environnements sportifs sécuritaires, le SIRC a collaboré avec le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES) pour élaborer le premier Code de conduite universel sur les mauvais traitements dans le sport (UCCMS v 5.1). Cette initiative visait à établir des espaces plus sécuritaires pour les participantes et participants, les athlètes, les entraîneurs et les officiels. Le rôle du SIRC dans la facilitation de ces conversations a jeté les bases de la création de l’organisme indépendant pour la sécurité dans le sport, Abuse Free Sport. Cet organisme fait partie du Centre de règlement des différends sportifs du Canada, qui regroupe tous les organismes nationaux de sport, y compris le SIRC. Le travail se poursuit, car le SIRC promeut activement le sport sans risque, les meilleures pratiques, les lignes directrices et les outils pratiques afin de favoriser le dialogue nécessaire pour s’assurer que tout le monde peut participer au sport en toute sécurité. 

Les femmes dans le sport: Le SIRC se consacre à la promotion de l’égalité des sexes dans le sport, conformément à l’objectif 2035 du gouvernement du Canada. Depuis sa création, le SIRC s’engage activement dans des initiatives telles que la participation aux conférences mondiales sur les femmes dans le sport (2002), la réalisation d’analyses documentaires fondées sur l’égalité des sexes et le lancement de campagnes de sensibilisation. En 2022, avec le soutien du gouvernement, le SIRC a lancé une campagne de sensibilisation bilingue: “Mom’s Got Game, Vas-y Maman!” Cette campagne visait à encourager et à soutenir les femmes à rester actives après avoir eu des enfants. De plus, le SIRC a lancé la série de webinaires “Pleins feux sur les experts”, qui réunit des experts sportifs de premier plan sur des sujets importants tels que les filles et les femmes dans le sport. Ces webinaires ont abordé des questions telles que l’entraînement, les carrières, la participation au sport et la santé mentale. Ces efforts soulignent l’engagement continu du SIRC à faire progresser la participation et la représentation des femmes dans le sport canadien. 

Élaboration de politiques : Engagement des Canadiennes et Canadiens  

La participation du SIRC à l’élaboration des politiques a également été essentielle pour façonner l’avenir des sports canadiens. En 2010, l’organisme a mené de vastes consultations à travers le pays, engageant des Canadiennes et Canadiens de divers horizons à comprendre leur vision du sport. Ces consultations ont abouti à la création de la Politique du sport en 2012. 

“Debra a établi la norme d’engagement et d’écoute qui a permis aux Canadiennes et Canadiens d’un océan à l’autre de s’exprimer sur les questions cruciales de l’heure. ” ~ Lorraine Lafrenière

Un peu plus de dix ans plus tard, le SIRC a de nouveau mené de vastes consultations. Cette fois, pour l’élaboration de la troisième Politique canadienne du sport, il a fait appel à des intervenants de tout le Canada pour veiller à ce que l’avenir du sport corresponde aux aspirations et aux besoins de la nation. 

Conclusion 

Alors que le SIRC célèbre son 50e anniversaire, son parcours remarquable témoigne des visionnaires, des dirigeants et des équipes dévouées qui l’ont transformé en l’institution qu’il est aujourd’hui. Alors que s’amorce sa prochaine phase de croissance, le SIRC continuera d’inspirer la confiance par l’excellence du savoir en veillant à ce que les Canadiennes et Canadiens puissent pratiquer des sports en toute sécurité, de manière inclusive et avec le soutien d’une communauté bien informée. 

“Je suis profondément reconnaissante envers mes incroyables collègues du SIRC, de la communauté sportive et de tout le pays, qui ont été et continuent d’être une source d’inspiration et de collaboration pour nous. Dans cet environnement en constante évolution, il est si important de ne jamais cesser d’apprendre, d’écouter activement et d’évoluer continuellement aux côtés de ceux qui partagent notre dévouement à faire progresser les expériences positives dans le monde du sport.” ~ Debra Gassewitz, PDG du SIRC